L’ALPHABÉTISATION À LA MARGE DU SYSTÈME ÉDUCATIF
MOINS DE 1% DU BUDGET DE L’ÉDUCATION NATIONALE
Avec un budget de moins de 1% sur celui alloué à l’Education, l’alphabétisation est le parent pauvre du système éducatif sénégalais. Ainsi, pour remédier au fort taux d’analphabétisme (57%), des organisations de la société civile ont appelé le gouvernement à respecter ses engagements en matière d’alphabétisation dont la semaine démarre aujourd’hui.
La semaine nationale d’alphabétisation dont le parrain cette année est Imam Assane Cissé va être lancée ce matin. Les organisations de la société civile, œuvrant dans le domaine de l’éducation, se sont servies de cette occasion pour dresser l’état des lieux de l’alphabétisation au Sénégal et formuler des recommandations.
Face à la presse hier, la COSYDEP, le Collectif national de l’éducation alternative et populaire (CNEAP), l’Alphabétisation pour le développement durable (ALPHADEV) et la Refondation nationale ont constaté avec regret que le pays est très en retard sur l’alphabétisation de la population, particulièrement les femmes.
A ce jour, 57% des citoyens sont analphabètes. Ce qui fait environ 6 millions d’individus (772 millions dans le monde dont 500 millions de femmes) qui ne savent ni lire ni écrire dans aucune langue. Des rangs que vient grossir le nombre important de jeunes qui font 7 à 8 ans à l’école avant d’être rejetés par le système, sans qu’ils sachent déchiffrer les lettres.
Ceci fait que sur les 172 pays retenus dans le rapport 2011 du PNUD, la nation de Cheikh Anta Diop est classée à la 170ème place. Donc pratiquement bon dernier. Ce résultat peu honorable est dû en bonne partie au manque de respect des engagements internationaux.
En effet, en 2007 à Bamako (Mali), en même temps que d’autres Etats, les autorités avaient promis, sans contrainte aucune, d’injecter 3% du budget de l’Education nationale dans l’alphabétisation, à partir de l’année suivante. Elles étaient parties du constat que moins de 1% a été consacré à ce sous-secteur.
Ce qui est très insignifiant pour combler le gap, trop important aux yeux du secrétaire exécutif d’ALPHADEV Mor Diakhaté et ses autres partenaires. Mais hélas ! Sept ans après cette promesse dans la capitale malienne, le budget de l’alphabétisation est aujourd’hui de 0,47% de celui de l’Education nationale.
Engagements jamais tenus
Pourtant, l’Etat s’était également engagé depuis 2000 à réduire l’analphabétisme de moitié en 2015. Un rendez-vous encore manqué. Dès lors, les organisations invitent l’Etat à la concrétisation des mesures et politiques acceptées dans les instances internationales.
Elles veulent non seulement que le budget soit porté à 3% comme prévu mais aussi qu’il y ait une politique réelle qui permet de prendre en charge tout ce beau monde. Surtout dans un contexte où les partenaires se désintéressent de plus en plus de cette question de l’alphabétisation.
Pourtant, si l’on en croit les intervenants, alphabétisation et développement sont intimement liés. Que ce soit la femme de ménage, le paysan ou l’ouvrier, tous connaissent mieux leur domaine d’intervention et participent davantage au développement en étant alphabétisés.
Même si les organisateurs considèrent la création du secrétariat d’Etat à l’éducation comme une volonté politique, elles regrettent qu’il n’y ait plus de programmes étatiques réels. D’où l’appel à l’autorité à rectifier le tir. Amadou Makhtar Mbow ne disait-il pas que “la victoire sur l’analphabétisme ne peut découler que de la volonté politique du pays concerné” ?