LA CÉLÉBRITÉ OUVRE-T-ELLE LES PORTES DE LA PRISON ?
LEURS ETOILES FILENT DIRECTEMENT A REBEUSS, CAP MANUEL…
Il y a des faits et des événements qui, de par leur constance, interpellent la conscience citoyenne et poussent à nous poser des questions. L’emprisonnement, ces derniers temps, de beaucoup de célébrités en fait partie. En plus des politiciens, les milieux du sport, de la musique, de la presse ont vu leurs «dé- linquants» filer tout droit en prison. Vu les différents délits pour lesquels ils sont poursuivis, à tort ou à raison, il est légitime de redéfinir le «nouveau» rapport entre la célébrité et la prison. Aussi, se demande-t-on si la prison n’est-elle pas le nouveau milieu des Vip ?
Au Sénégal la croyance populaire a, longtemps, voulu que la prison ne soit que la destination de vulgaires bandits, de criminels, de pauvres personnes et des marginalisés de la société. Cette population, en marge de la société, a, longtemps, peuplé les prisons comme Reubeus ou Camp Pénal qu’humer l’air de la noblesse dans ce milieu carcéral était devenu un luxe.
Dans ces couloirs des prisons, c’est désormais l’odeur des parfums de luxe, l’arrivée des mets copieux dignes de l’aristocratie. Les entrées et les sorties de visiteurs cé- lèbres font le quotidien des prisons. Normal, ce qu’on qualifie souvent de «hôtel 0 étoile» a des pensionnaires d’une autre catégorie sociale.
En clair, la prison change de cibles et vise haut et ne semble pas rater son tir. «Kasso djomboul kène», disent les Wolof, c’est-à-dire que n’importe qui peut y entrer. Une vérité devenue absolue surtout quand les prisons sénégalaises ne cessent d’héberger, ces derniers temps, des gens très influents dans leur milieu et qui ont toujours été des modèles dans notre société.
Ainsi voir des femmes et hommes des politiques en prison est tellement devenu banal au Sénégal qu’on ne s’arrête pas sur ces événements et leur impact dans l’image qu’on a, maintenant, de la politique. Mais quand le monde de la lutte, de la musique et de la presse s’effondre en un temps record, il y a lieu de se demander si la prison ne semble pas attirer des personnes d’une autre aura pour se faire une nouvelle image ?
La question reste entière. Dans tous les cas, retenons que la liste des «prisonniers Vip» est longue et non exhaustive. Karim Wade, ancien ministre d’Etat, Thione Seck, lead vocal du groupe Raam daan, Tamsir Jupiter Ndiaye, journaliste chroniqueur à l’hebdomadaire Nouvel horizon, Ama Baldé, lutteur chef de file de l’écurie Falaye Baldé…
Si ces célébrités, des modèles et par moments des donneurs de leçons de morale, tombent dans l’attrait de la prison, l’on se pose la question de savoir si la prison ne s’est pas assignée comme nouvelle mission de briser des mythes ? Car, c’est au summum de leur célébrité ou du haut de leur légitimité incontestable que la taule les a attirés derrière ses grilles.
Les différentes charges retenues contre eux en disent long sur la «chute des masques». Mais, ces celles-ci en font-ils des délinquants qu’on devrait considérer désormais d’ordinaires ? Délits d’association de malfaiteurs, de falsification, de contrefaçon, d’altération de signes monétaires en cours, de blanchiment de capitaux et de tentative d’escroquerie, qui aurait cru que toutes ces charges pèseraient sur la seule personne du célèbre musicien Thione Seck ?
Et comme pour confirmer que célébrité rime avec prison, les affaires du journaliste chroniqueur Tamsir Jupiter, encore, écroué pour actes contre nature portant sur un mineur, et du lutteur Ama Baldé poursuivi pour violence contre un policier, sont venues s’y ajouter.
D’autres stars sénégalaises, jugées pour viol, trafic de drogue, ont côtoyé de grands délinquants dans les prisons pour comprendre que la prison n’est pas l’apanage des marginalisés de la société, mais que ceux, qui sont placés du haut de leur piédestal, ont tendance à peupler le milieu carcéral, pour faire de la prison le nouveau milieu des Vip.
«Les célébrités ne sont pas des saints, ni des surhommes…»
«Les gens qu’on considère comme des célébrités, pourquoi ils sont célèbres ? Ils ne sont pas célèbres parce qu’ils ont des vertueux ni parce qu’ils ont une morale irréprochable. Ils ne sont pas vertueux aussi parce qu’ils ont réussi à l’examen régalienne.
Mais, c’est des gens qui sont célèbres par leur métier. Quand on jette un coup d’œil sur leur métier, c’est généralement des sportifs, des musiciens, des hommes politiques et des hommes de médias. Tous ces métiers demandent la proximité avec des zones à risques, c’est-à-dire comme les boites de nuit, les dancings.
Ce sont des zones où il y a des problèmes d’argent, des lieux de prédilection, lié à la chose …. Et, dans ces zones, ils sont exposés à des risques. Mais, comme ils sont des hommes, alors ils ne sont pas exempts de défauts.
De ce fait, quand ils ne veillent pas à leur image, ne travaillent pas professionnellement, de tel écarts de comportements peuvent leur arriver, de sortes qu’ils ont des problèmes avec la justice, ils ont maille à partir avec la police et la gendarmerie.
On a l’habitude de dire que la population séné- galaise est amnésique. Donc, ils considèrent les événements et dès que ces derniers se passent, c’est fini, on met l’éponge sur tout. Mais, Il y a un milieu géné- ral qui n’oublie pas.
Mais, le bas peuple est différent du milieu gé- néral. Il est plus tolérant. Car, ces célébrités peuvent toujours se faire pardonner à travers leur musique ou leur sport. C’est un couteau à double tranchant».