LA COMMUNAUTE MOURIDE SE SOUVIENT DE SERIGNE SALIOU MBACKE
SEPT ANS APRES SA DISPARITION
TOUBA - Fils de Serigne Touba et de Sokhna Fatima Diakhaté, Serigne Saliou est né en 1914 à Diourbel - où son père Cheikh Ahmadou Bamba était en résidence surveillée - aurait vécu 100 ans s’il était encore vivant. Rappelé à Dieu le jeudi 28 décembre 2007, il a dirigé la communauté mouride pendant 17 ans après avoir succédé à Serigne Abdou Khadre Mbacké.
Sa formation
Serigne Touba commença lui-même l’initiation de Serigne Saliou au Saint Coran avant de le confier à Serigne Alassane Diakhaté auprès de qui il fit ses humanités religieuses (mémorisation et reproduction écrite du Saint Coran de mémoire). Il maîtrisa donc très tôt le Coran et fut très attaché au Livre Saint. Pour illustration, il a mis en place et entretenu sur fonds propres plus de 28«'daaras». Mais le plus célèbre est sans conteste Khelcom où les pensionnaires sont logés, nourris et choyés comme des écoliers. Serigne Saliou ne cessait de dire dans ses discours:«Je rappelle aux disciples mourides la lecture/étude du Coran. Cheikh Ahmadou Bamba l’aimait beaucoup».
L’immense œuvre d’un homme de Dieu
Aussitôt intronisé Khalife, Serigne Saliou déclara son appartenance exclusive à la religion musulmane, dans laquelle il circonscrivait toutes ses actions, n’ayant ni à parfaire ni à défaire en toute autre chose que ce fût. Dans une autre sortie il rappela que son cheval de bataille était la revivification de l’oeuvre de Serigne Touba, celle-là n’étant autre que la revivification de la tradition prophétique. C’est ainsi qu’après avoir fondé Khelcom, un centre d’enseignement et de formation islamiques de cinquante mille hectares, il lança, dans le sermon qu’il prononça à l’occasion de la fête de Korité de l’an 1992 : «Confiez-moi les enfants que j’accomplisse en eux ce que le Grand Cheikh avait réalisé avec les anciens» ; ajoutant que, même s’il ne se considérait pas habilité à avoir la même prérogative, il pensait pouvoir s’en inspirer. En effet, nous informe un de ses disciples, Serigne Bassirou Mbacké «Khelcom», «Serigne Touba avait coutume de demander, surtout vers la fin de son existence terrestre, pour tout enfant qu’on lui amenait, de l’instruire, de l’éduquer et de le préparer au travail manuel. La méthode éducative de Serigne Saliou était basée sur l’enseignement, l’éducation, et le travail manuel».
Son héritage pour la communauté mouride
C’est le seul Khalife de Serigne Touba à avoir légué comme héritage après sa disparition une somme de 19 milliards de F Cfa à son successeur Serigne Bara Fallilou Mbacké. C’est sous son Khalifat que les grands travaux d’extension de la grande mosquée ont débuté. Il a aussi entamé avant son rappel à Dieu le réseau d’assainissement autour de la grande mosquée. Avec le soutien du président Wade il a obtenu près de 15 forages construits entre 2000 et 2002, à l’époque l’actuel chef de l’Etat Macky Sall était ministre de l’Hydraulique. Il avait aussi amorcé de grands chantiers sur la voirie et l’éclairage de la ville sainte appuyé en cela par le projet de modernisation de Touba lancé par l’ancien régime.
Son rappel à Dieu n’est pas officiellement célébré à Touba, mais ses talibés et ses proches viennent à l’occasion se recueillir devant son mausolée situé à l’extrême Est de la grande mosquée de Touba.
Le témoignage du professeur Souleymane Bachir Diagne
Accroché devant le mausolée du cinquième Khalife des mourides, le professeur Souleymane Bachir Diagne, venu se recueillir, dit : «Je retiens de l’homme son extrême générosité. J’ai eu la chance, il y a plusieurs années de cela, il y a longtemps, de lui avoir rendu visite. C’était mon père qui m’avait amené le voir. Et il nous avait reçus longuement et on avait passé une magnifique journée avec lui. Je me souviens quand on repartait, il m’avait dit : ‘toi tu es mon talibé tu restes avec moi…’. Pour ce qui est de l’homme, c’était un soufi accompli, véritablement un homme d’une très grande humilité, d’une très grande simplicité, d’une bienveillance énorme... »