LE FUTUR SE DESSINE
COMPÉTITIVITÉ DU PORT AUTONOME DE DAKAR
Les contentieux entre l’Etat du Sénégal et Dubaï Port World, Necotrans et certaines sociétés portuaires ont pesé lourd sur la mise en œuvre du port du futur tant attendu par l’Etat du Sénégal. Face à la concurrence vive entre les ports de l’Afrique, Dakar veut être très compétitif à l’horizon 2023. Un challenger qu’est déterminé à gagner Cheikh Kanté, le Directeur Général du Port Autonome de Dakar, qui a voulu faire un bilan d’étape lors d’une visite de l’infrastructure portuaire.
Le chantier de la société Necotrans au môle 8 prend forme. Avec un cahier de charges portant sur la création d’un terminal vraquier spécialisé en pondéreux (minerais, engrais et ciment), la mise en place d’équipements performants qui devraient permettre au PAD d’offrir un service compétitif et préservant l’Environnement, Necotrans qui est leader mondial sur les opérations portuaires veut relever son défi.
La polémique sur la concession du terminal vraquier confié à Necotrans semble avoir dopé les deux partenaires, qui claironnent qu’ils ont signé un contrat transparent présentant des atouts clairs pour le Sénégal. Au-delà du ticket d’entrée qui a été payé, l’engagement de Necotrans est d’augmenter fortement les capacités portuaires de Dakar.
L’enjeu majeur étant l’implantation d’industries d’extraction minière, de ciment et de minoterie. L’amélioration du classement du Sénégal au "doing business" est un des engagements de Nécotrans. La société veut également créer 100 emplois stables sur la ville de Dakar.
Enfin, une attention particulière est accordée au plan environnemental et aux équilibres sociaux. Necotrans va investir globalement près de 75 milliards de FCfa au PAD. Le Directeur Général du PAD a lancé un appel aux Investisseurs nationaux à qui 45 % du capital sont réservés, alors que 25 % seulement leur sont réservés dans le capital qui est exploité par Bolloré.
Pour Cheikh Kanté, les grands chantiers ont démarré, mais il reste des choses à faire. "Nous le ferons avec les privés sénégalais sérieux qui en ont la capacité et la qualité", a indiqué le Directeur Général du PAD. "Le terminal vraquier confié à Necotrans sera le plus moderne de l’Afrique de l’Ouest", a révélé M. Abdou Diouf, le directeur des terminaux vraquiers du Sénégal (TVS).
Des terminaux qui seront dotés d’un équipement de dernière génération. Le premier volet de l’investissement qui va porter sur 15 milliards de FCfa est réalisé à 90% avec le respect des normes internationales.
"Le Ministère de l’Environnement a d’ailleurs délivré le certificat de conformité", a révélé Abdou Diouf. Depuis que sa société a démarré ses activités, ce sont 150 000 T par mois de produits manufacturés qui auraient été traitées. Par ailleurs aucun licenciement n’a eu lieu et la société travaillerait avec 250 permanents, selon Abdou Diouf.
DPW a accusé du retard dans la mise en œuvre de son cahier de charges. L’accord de concession qui le lie au PAD court sur une durée de 25 ans depuis le 7 octobre 2007. La mission qui est confié à DPW, est d’organiser, équiper, opérer et assurer la maintenance du terminal à conteneurs situé dans la zone nord du port. C’est à cette société qu’il incombe d’ériger le port du futur. La maintenance de l’outil lui revient aussi.
La grosse polémique sur le financement a bloqué les travaux jusqu’en 2012, où le Sultan de Dubaï et le président Macky Sall se sont entendus sur le paiement des 24 milliards de Fcfa. Pour une durée de 25 ans, DP World bénéficie d’une concession de 42 hectares au Port. Selon Alassane Diop le Directeur Général de la société souligne qu’entre 2008 et 2013, DPW aurait permis une augmentation de 34 % du trafic au niveau du PAD, ce qui prouverait la vitalité des importations et des exportations du Sénégal.
L’impatience des autorités portuaires à l’endroit de DPW est manifeste car la compétition est vive entre le Sénégal et la Cote d’Ivoire qui lorgne sur les 76% du trafic de conteneurs malien qui passe par Dakar. En attendant le coup d’accélérateur très attendu sur les travaux, DPW a acquis la certification anti terroriste norme USA.
La compétitivité du PAD passe par la reconstruction de son wharf pétrolier qui a été érigé en 1954. 13 milliards de Fcfa sont consacrés aux travaux ainsi le wharf pétrolier disposera de 80 000 m2 et d’une profondeur commerciale de -12 m par rapport au zéro hydrographique de référence à terme. La réhabilitation du wharf pétrolier répond au souci d’augmenter le trafic transit hydrocarbures destiné à l’hinterland aussi Cheikh Kanté le Directeur Général du PAD en a fait une priorité à court terme.
Les réalisations feront du port de Dakar, une destination très prisée car elle redistribue les cartes économiques et les nouvelles lignes maritimes dédiées au PAD. Les travaux confiés à la société Eiffage qui ont duré 14 mois devraient être réceptionnés en fin décembre.
Bolloré Africa Logistics a connu la désillusion sous le régime des libéraux au Sénégal. Quasi assurée de gagner le marché du port du futur, l’entreprise française avait bâti ses locaux au môle 8. Désormais concessionnaire du terminal roulier, la société qui va se déployer sur 8 ha dont 700 m de linéaire de quai veut à terme que Dakar puisse desservir les pays limitrophes pour l’importation de véhicules.