LE GOUVERNEMENT DE MACKY NE FAIT PAS RÊVER
BABACAR GUEYE SEN ASKAN

Le Président du front pour l’initiative républicaine Sen Askan, Babacar Gueye a émis des réserves sur la Déclaration de politique générale de Mimi Touré surtout en ce qui concerne l’agriculture et l’éducation.
Quelle appréciation faites-vous de la Déclaration de politique générale de Mimi Touré ?
C’est d’abord un satisfécit global. A travers cette Déclaration de poli- tique générale, nous voyons que le rêve tant attendu devrait normale- ment être traduit en réalité. (Il se ré- pète) Car je ne voudrai pas être malhonnête avec moi-même. Aujourd’hui, la priorité qui est d’ailleurs déclinée dans la stratégie nationale de développement économique et sociale (SNDES) ainsi que dans le programme d’action prioritaire (PAP) que la Déclaration de politique générale (DPG) recoupe exacte- ment le programme Yonnu Yokkuté du président de la République. Cela veut dire qu’il est essentiellement axé sur la réduction des inégalités sociales, sur le développement économique et la poursuite du développement des infrastructures, sur l’Emploi des jeunes, des femmes et le social. Celui-ci ne saurait se résorber sans qu’on ait atteint une croissance économique raisonnable. D’ailleurs, la croissance économique attendue dans toute la sous-région, va tourner autour de 6% à 6,5 %.
Seulement, j’aimerai attirer l’attention du Premier ministre à deux niveaux. D’abord, dans le domaine de l’agriculture avec notamment les tracteurs. Notre parti pense qu’il ne serait pas recommandable d’attribuer 1000 tracteurs dans les fermes car nous savons comment les Sénégalais entretiennent globalement les motopompes, les moteurs etc. Nous avons vu pendant les inondations énormément de machines rester sous les eaux parce que les motopompes sont tombées en pannes car très mal entretenues. Entre le Sénégalais et la machine, il y a souvent problème. Il faut prendre cette donne en compte. On ne peut pas investir comme cela mille tracteurs dans les fermes, on risque de les voir bloquer au bout de six mois ou d’un an. Nous proposons qu’il y ait des Groupements d’intérêts économiques (GIE) constitués de jeunes sortants des écoles de management et de marketing mais aussi de mécaniciens professionnels qui se chargeront de la location à bas prix des tracteurs aux paysans qui en auront besoin. Cela permettra d’entretenir les machines et de créer des sources de revenus à d’autres jeunes. Ensuite, la deuxième remarque sur la DPG concerne l’enseignement. Il est beau d’augmenter les salles de classes, les établissements scolaires, mais il faut remettre la question du bien-être de l’enseignant. Ma déception fut grande d’entendre la mise en place d’assises alors que le bien-être de l’enseignant n’est pas pris en compte. Celui-ci ne passe pas forcément par l’augmentation des salaires. Le problème des Sénégalais globalement ceux qui travaillent est l’accès à un logement décent qu’on peut payer mensuellement à hauteur de 50 voire 60.000 FCFA. L’indemnité de loge- ment tourne autour de ces montants. Le bien-être, c’est aussi doter les fonctionnaires de moyens de dé- placement. On ne peut pas le faire en demandant aux gens d’apporter une caution de deux, voire trois mil- lions. Cela n’a pas de sens. Ces deux points doivent être revus et corrigés par Madame le Premier ministre.
Cette DPG a eu lieu au moment où Doing Business publie son classement dans le Sénégal occupe la 178e sur 189. L’environnement des affaires est-il devenu subitement défavorable sous Macky Sall?
Cette position du Sénégal est tout à fait justifiée et n’est pas imputée au gouvernement de Macky Sall. Loin de là. Nous avons quitté en 2011, une croissance de 2,2% au moment où dans la sous-région, on était à 6,5%. C’est normal qu’en 2013 nous puissions ressentir les contrecoups de cette très mauvaise contreperformance. Ce qu’il faut retenir c’est que la croissance économique au moins est remontée en 2012-2013 jusqu’à environ 3,5%. C’est déjà une performance. Si on garde ce cap effectivement, on arrivera à de meilleurs résultats. Je ne pense pas que cette descente aux enfers de l’économie sénégalaise soit due à l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Ce sont les contrecoups d’une fin de gestion calamiteuse du régime de Me Abdoulaye Wade. Ce n’est pas équitable, mais il faudrait en assurer les conséquences car l’Etat, c’est la continuité. Il faut non seulement en assurer les conséquences mais aussi tenir compte de la préoccupation des Sénégalais. Quand je vois certains membres de la coalition «Macky 2012» ou de l’Alliance pour la Ré- publique tourner en ridicule le slogan «Deuk bi dafa Macky», je leur dis de faire attention car c’est une erreur. Il faut prendre en compte cela et essayer d’améliorer cette situation. C’est une situation que nous avons héritée. Mais, c’est à nous de prendre le problème à bras le corps et d’arriver à relever le défi. Le gouvernement de Macky Sall ne fait pas rêver et ce n’est pas bon. Me Wade a fait rêver les Sénégalais pendant 12 ans, Macky Sall veut leur faire vivre uniquement la réalité. La poli- tique n’est pas faite que pour faire vivre la réalité aux gens. Ces derniers ont besoin de rêver. On ne peut avoir un peuple qui vit de «yala bakh na», yala yana», «Incha alla» pour pouvoir leur dire que écouter voilà la galère que Me Wade a laissée.
On est en train de traduire les rêves qui ont été promis par Me Wade car il nous a fait rêver d’argent en nous disant d’aller chercher des projets car il y avait assez d’argent alors que la réalité est autre. Il n’y avait d’argent que pour les amis de Me Wade. Aujourd’hui, Macky Sall avec la BNDE, le FONSIS, le FON- GIP traduit cela en réalité. Allez chercher des projets et venez, vous faire financer. Maintenant, il est permis de rêver.