LE SENEGAL MISE SUR LE DIVIDENDE DEMOGRAPHIQUE POUR FAÇONNER SON AVENIR
POUR FAVORISER LE DEVELOPPEMENT ET ACCELERER LA CROISSANCE

Pour susciter la croissance économique au Sénégal, les acteurs misent sur la transformation démographique et l’employabilité des jeunes. C’est dans ce cadre que s’inscrit l’atelier national sur le dividende démographique qui s’est tenu, hier, à Dakar, en vue d’accroître les rendements économiques.
Les termes de référence de l’atelier soulignent, en effet, que le Sénégal présente des conditions favorables de transition démographique pour la capture du dividende démographique. Il se situe dans la 3e phase de sa transition démographique, caractérisée par une baisse de la fécondité et une poursuite de la mortalité. Ce qui entraîne d’une part un processus de ralentissement de la croissance démographique et d’autre part part une augmentation plus rapide de la population en âge de travailler par rapport à la population à charge.
En 2002, le poids relatif des individus en âge de travailler a ainsi augmenté avec 93 inactifs pour 100 actifs. Le rapport de dépendance démographique est lui passé de 84 à 100 en 2013, ouvrant ainsi la fenêtre d’opportunité démographique au cours de laquelle le volume de la population sera plus important que celui de la population à charge. Ainsi, d’après la note conceptuelle, le Sénégal peut avoir jusqu’à 15% de dividende démographique avec l’accélération de la transition démographique, un investissement dans le capital humain (santé et éducation), l’amélioration de la gouvernance et la création d’emploi.
Andréa Wojner Diagne, représentante du Fonds de développement des Nations unies pour la population (Unfpa) au Sénégal, renseigne que le rapport sur la population mondiale de 2014 de l’Unfpa note que «la frange des adolescents et des jeunes est à un niveau jamais atteint, avec 1,8 milliard de personnes âgées de 15 et 24 ans. Les investissements faits sur les jeunes au cours de la période 2015 à 2030 vont façonner leurs vies et l’avenir d’un monde. La forte proportion de jeunes en âge de travailler constitue une opportunité et peut contribuer à l’accélération de la croissance économique. C’est ce que l’on appelle le dividende démographique».
Selon Mme Diagne, «la spectaculaire croissance économique des pays de l’Asie de l’Est, estimée entre 30 et 50%, est liée au fait que ces pays ont saisi l’opportunité du dividende démographique. Si l’Afrique subsaharienne s’inspire de cette expérience et si elle fait des investissements comparables chez les jeunes, la région pourrait connaître un miracle pareil, avec un gain annuel de 500 milliards de dollars sur une période de 30 ans. Cela permettrait de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté, d’augmenter le niveau de vie et de booster les économies. Des études ont montré que la fenêtre du dividende démographique n’est ouverte que sur une période limitée d’environ 50 ans».
Pour sa part, le Secrétaire général du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, Cheikh Tidiane Diop, estime que «le dividende démographique n’est pas seulement subordonné à la transition démographique, mais exige également des politiques sociales et économiques audacieuses». Il ajoute qu’«il se manifeste par la croissance économique accélérée, résultant du changement de la structure par âge d’une population, suite à une baisse de la fécondité et de la mortalité. Ce phénomène crée sans doute une opportunité de croissance économique et de développement humain plus rapide pour un pays».