LE SENEGAL PERD 3,5 MILLIARDS PAR AN ET S’EXPOSE A LA CONTREBANDE
CONSEQUENCES DE LA VENTE ILLICITE DU TABAC

Une perte sèche de 3,5 milliards par an et une exposition à la contrebande. Voilà résumé le tableau de bord des conséquences de la vente illicite de tabac au Sénégal.
La consommation du tabac fait, chaque année, 600 millions de morts et affaiblit les économies des pays où il est consommé. Pour le cas du Sénégal, il lui fait perdre 3,5 milliards de francs Cfa par an. Pour faire face à cette situation, la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), recommande à l’Etat d’augmenter les taxes concernant les paquets de cigarettes. Cela à travers la sensibilisation. C’est dans ce cadre que le professeur Abou Aziz Kassé a tenu à faire le point avec les journalistes afin qu’ils préviennent les populations des dangers qu’engendre cette commercialisation du tabac.
Face à la presse, hier, dans les locaux de la Listab, dans le cadre d’une activité initiée en prélude de la Journée internationale du tabac qui a pour thème : «Eliminer le commerce illicite du tabac», le docteur Kassé a renseigné que «la vente du tabac est plus fréquente dans des zones comme Mbour, la Casamance, Rosso et le marché du port».
La vente du tabac plus fréquente à Mbour, en Casamance, à Rosso et au marché du port
Selon le président de la Listab, «une opération qui va impliquer les forces de défense et de sécurité, nécessite une sensibilisation des populations qui doit durer 3 à 5 ans pour une meilleure appropriation de la loi antitabac. Mais aussi à l’Etat de mettre en œuvre les décrets d’application en vue de contrer cette substance nocive».
Cet engagement découle du fait que «le commerce illicite fait perdre à notre pays 3,5 milliards de francs Cfa dus à la contrebande qui s’effectue plus à Mbour et en Casamance. Ce qui entraîne une baisse des recettes fiscales, car les boîtes ne comportent pas l’insigne ‘Fabriqué au Sénégal’. Sur le plan sanitaire, il a été constaté un problème de contrôle de la qualité. Concernant le plan socio-économique, la Listab bute sur les associations de malfaiteurs et les recettes fiscales».
«Le tabac fait 600 millions de morts chaque année»
D’où l’importance de sensibiliser sur le danger du commerce illicite, la fragilisation de la loi sur le commerce illicite. Ainsi, le Pr Kassé est-il convaincu qu’«il n’y a que l’industrie qui peut vendre aux contrebandiers. L’industrie du tabac est complice par le refus de traçabilité, la vente de produits de contrebande et l’ingérence politique. Le financement vient en grande partie de ces industries, alors que cela a été signé et ratifié dans le protocole sur le tabac».
Concernant les pertes, il renseigne qu’«il y a 1,3 milliards de consommateurs ou fumeurs». Aussi, il rappelle que «le tabac fait 600 millions de morts chaque année soit 100 millions de morts au 20e siècle et 1 milliard au 21esiècle, alors qu’il engendre 640 milliards de dollars, dont les 10% proviennent de la vente illicite». «Rosso et le marché du port sont des zones où se développe beaucoup cette vente illicite», précise-t-il.
«Le Sénégal perd le dixième de ces 35 milliards des droits et taxes divers sur le tabac par an»
Face à cette situation, le cancérologue indique qu’il faut «agir sur le long terme, car ce commerce menace la stabilité du pays. Le Sénégal perd le dixième de ces 35 milliards des droits et taxes divers sur le tabac par an à cause du commerce illicite effectuée par la contrebande financée par le banditisme international y compris».
«Et lorsque les contrebandiers se rendent comptent que le commerce du tabac au Sénégal est beaucoup plus rentable que celui du Mali et de la Mauritanie, ils vont entrer dans le pays pour y établir leur réseau, avec des complicités locales et les banlieues ne sont pas indemnes», prévient le Pr Kassé.