L’INGÉNIEUR EL HADJ DIOP DÉVOILE LES AVANTAGES DE LA MAISON BIOCLIMATIQUE
BAISSE DE LA CONSOMMATION D’ELECTRICITE, MICROCLIMAT.
Les factures d’électricité n’ont jamais dépassé 5.000 FCfa à la maison bioclimatique construite en terre crue argileuse depuis 2010. Pourtant, dans cette résidence, des écrans plats, des ventilateurs, un fer à repasser, un chauffe-eau, des réfrigérateurs et un congélateur fonctionnent à un rythme rationnel. L’ingénieur, El Hadj Diop, est parvenu à dégager un surplus énergétique grâce à deux générateurs (l’un photo- voltaïque et l’autre éolien) et aussi à l’architecture qui confère un microclimat à la résidence. En dépit de ses avantages, la maison bioclimatique ne fait pas courir les Sénégalais.
Un contraste. A la cité Sipres. Derrière le premier arrêt bus en venant de l’échangeur de la foire, sur les deux voies du camp pénal et à la ruelle à droite, au milieu des villas peintes en jaune et blanc, en bleu clair, une maison ocre. Les murs de la devanture sont en banco. Des plantes ornementales rampantes se déploient à partir des pots de fleurs suspendus sur les façades extérieures et intérieures des murs.
Des ouvertures circulaires et triangulaires semblent former des motifs sur ces murs. La maison offre les allures d’un musée au milieu des résidences. El Hadj Diop, l’ingénieur qui l’a construite, a le droit de rêver comme les architectes.
Depuis 2004, il travaille à la réalisation de cet ouvrage. « J’ai voulu montrer qu’il est bien possible de vivre dans une maison en banco en ville en essayant de la moderniser. J’ai concrétisé cette idée en 2010 », raconte cet homme qui a effectué une bonne partie de sa formation en Allemagne.
Mais, il n’a pas atteint ses objectifs puisqu’il n’y a pas eu de reproduction du prototype à Dakar et dans les autres capitales régionales. « Je suis en train de construire une autre maison bioclimatique à Fann, mais jusqu’ici cette architecture originale n’est pas imitée », regrette-t-il.
Les adjonctions sont en banco. Des fleurs peuplent la cour arrière. Cette couverture murale atténue les effets des rayons du soleil. L’architecture porte toutes les courbes de la modernité urbaine.
La température ambiante de la maison fait l’objet de deux thèses d’Etat confiées à deux étudiants de l’Ecole supérieure polytechnique de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. L’ingénieur a été déjà invité par les Nations unies pour fournir plus de détails sur l’architecture et les technologies.
A l’intérieur, au rez-de-chaussée, le salon est bien éclairé. Un téléviseur à écran plat et un ventilateur donnent un aperçu sur le paquet d’appareils de la résidence. Un espace tampon sépare la cuisine aérée à partir de la fenêtre et les autres ouvertures.
Dans cette cuisine, on trouve un frigo et une cuisinière. Dans un compartiment au premier étage, un frigo et une machine a laver rallongent la liste des appareils. La maison bioclimatique compte l’essentiel des appareils électroménagers d’une résidence.
Moins de 5.000 FCfa pour les factures d’électricité
A la différence des autres villas, les factures d’électricité n’ont pas encore dépassé 5.000 FCfa depuis 2010. La dernière facture de l’ingénieur la plus élevée était de 44.250 FCfa. Elle est datée d’avril 2010, c’est-à-dire avant la mise en place du système propre d’alimentation en énergie.
Une facture datée du 8 décembre 2012 lui a coûté 2.900 FCfa, alors que celle du 09-02-2013 lui revenait à 4.480 FCfa. « La Senelec avait envoyé ses agents pour qu’ils résilient le contrat, parce que tout simplement elle a constaté que ma consommation d’énergie était nulle. Nous avons échangé. Finalement, je suis tenu d’avoir une consommation tournant autour de 4.000 FCfa tous les deux mois », raconte-t-il.
Nous empruntons un es- calier en colimaçon. Au premier niveau, à l’angle d’un débarras, des batteries sont reliées à des appareils posés sur une planche près d’un système permettant de basculer le ré- seau de la Senelec.
A partir du deuxième niveau, on regagne la terrasse par une échelle métallique. Des panneaux solaires sont orientés dans l’optique de capter le maximum de rayonnement. Le système produit en moyenne 7 KWh par jour. Les panneaux sont installés entre les deux coupoles.
Derrière ces coupoles, un chauffe-eau solaire thermique est placé sur un muret. Il fonctionne avec un dispositif électronique et permet d’économiser 5.00 KWh d’énergie électrique. « Nous vivons le mix et la transition énergétique. Nous sommes parvenus à réduire sensiblement la consommation énergétique.
Pourtant, nous avons tous les appareils que l’on retrouve dans une résidence moderne, y compris le fer à repasser. Nous avons une autonomie en énergie. Nous avons un surplus de 1.500 KWh par an », explique El Hadj Diop.
Un générateur éolien est également planté sur la toiture. Le chauffe-eau solaire de deux bacs cylindriques alimente les deux cuisines, la buanderie et les toilettes. Ces plantes ornementales sont arrosées par l’eau d’un puits construit dans la cour. Les résidents n’utilisent l’eau de la Sde que pour la cuisine et pour prendre le bain.
Revendre le surplus d’énergie
Peu à peu, les voisins se mettent aussi au mix énergétique. L’ingénieur pense que l’option du mix énergétique gagnerait plus de foyers si la Senelec acceptait d’acheter leur surplus énergétique. El Hadj Diop s’est retrouvé, malgré lui, dans une position de poseur de panneaux solaires.
« Je pense que si la Senelec achète nos surplus énergétiques, cela pourrait encourager des personnes à acquérir des panneaux. Par contre, je suis contre la subvention des matériels. L’achat de nos surplus va inciter plusieurs personnes à aller vers le mix énergétique et réduire les subventions de l’Etat destinées à alléger les factures d’électricité des ménages », argumente l’ingénieur.
Il cherche aussi à appliquer les énergies vertes sur l’agriculture et la pêche. La construction d’une centrale solaire le tient également à cœur.