VIDEONIGER: LES JOURNALISTES PROTESTENT CONTRE DE "VIOLENCES POLICIÈRES" A NIAMEY
Niamey, 20 jan 2015 (AFP) - Une dizaine de radios et télévisions privées ont simultanément suspendu mardi à 19H00 GMT leurs émissions durant cinq minutes, pour protester contre "les violences policières" contre des journalistes en marge des manifestions qui ont secoué à Niamey la semaine dernière, a constaté l'AFP.
Sur les écrans on peut lire: "Je suis Liberté de presse". Les radios privées ont également suspendu leurs programmes durant cinq minutes. Seules les médias d'Etat n'ont pas observé cette consigne décidée lundi lors d'une réunion des responsables de la presse indépendante.
Le responsable de la Maison de la presse, Baba Alfa, a justifié ces mesures par les "violences" et "agressions" contre des journalistes qui couvraient les émeutes provoquées samedi par la publication d'une caricature de Mahomet en Une de l'hebdomadaire français Charlie Hebdo, et une manifestation de l'opposition interdite par les autorités dimanche à Niamey.
Des journalistes de plusieurs médias indépendants "ont été sauvagement pris à partie" par les forces de l'ordre, a dénoncé Baba Alfa. Des policiers ont "sauvagement battus" des agents de la télévision Bonférey qu'ils ont "embarqués manu militari" avant de les relâcher, a-t-il indiqué.
Deux télévisions privées ont aussi été "ciblées par des tirs de bombes lacrymogènes", a-t-il souligné. La télévision Ténéré a "suspendu" ses programmes pendant "une quinzaine de minutes" sous "la contrainte de policiers", a-t-il dit.
"Face à cette barbarie, radios, télévisions et journaux décident du boycott des activités de la police nationale et de la Garde nationale jusqu'au vendredi 23 janvier 2015", a précisé M. Alfa.
Les dirigeants de ces médias ont également décidé "de porter plainte contre X". "Ces attaques envers les médias sont extrêmement préoccupantes", a déclaré Cléa Kahn-Sriber, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF).
"Le 11 janvier, le président Mahamadou Issoufou défilait à Paris pour condamner les violences à l'encontre des journalistes (...) moins d'une semaine plus tard, des médias nigériens sont pris d'assaut par les forces de l'ordre, empêchant ainsi la libre production et circulation de l'information dans son propre pays", a-t-elle indiqué.
RSF "demande au président nigérien d'envoyer un message fort à son gouvernement pour que de tels comportements soient sanctionnés".