VIDEO PA MOUSSA REND À BOULY CE QUI APPARTIENT A SONKO
HOMMAGE A SON PÈRE
Le danseur Pape Moussa Sonko a fait plus que suivre les pas de son père. Sur la scène du Théâtre national Daniel Sorano, mercredi dernier, il a réécrit les chorégraphies de Bouly Sonko. Un jeune inconnu qui en 1972 a éclaboussé les auditions avec une voix et une expression corporelle longtemps enfouies dans les profondeurs de la verte Casamance. L’hommage à Bouly Sonko, aucun spectacle ne pouvait faire autant vibrer le danseur «Pa Moussa». Il a rendu à Bouly ce qui appartient à Sonko : La danse dans toutes ses facettes. Le chant n’a pas été en reste.
Le vœu de Papa Moussa Sonko s’est réalisé, mercredi dernier. Le danseur a rendu un vibrant hommage à son père Bouly Sonko. Pour cela, Sorano a redécouvert son «chouchou». Et, comme lors de son audition, Bouly a entonné la chanson « Niolou » plus de 40 ans après. Son hommage, il l’a marqué par cette prestation après une chorégraphie dirigée de main de maître par son fils Pape Moussa Sonko plus connu sous le nom de «Pa Moussa».
Ce dernier a posé ses pas de danse sur les traces de son père pour lui rendre un vibrant hommage. Le spectacle a débuté par une démonstration en solo de Pa Moussa. Cinq minutes de langage corporel rythmé par les djembés et sabars (tambours) pour montrer à l’assistance qu’il est le digne fils de son pater.
Habillé d’un blazer gris et d’une chemise noire, ses pas de ballets ont émerveillé tout le public. Il est rejoint par son groupe. C’est le début d’un voyage culturel qui commence par les chants et les 3 styles de danses marquant les étapes de la vie des initiés chez les Mandingues. Le décor est campé. Des hommes torses nus, d’autres habillés comme des femmes tenant des bouts de bois ou des machettes entrent en scène.
Ils sont accompagnés par des femmes avec des accoutrements masculins chantant et dansant en remuant les feuilles vertes qu’elles tiennent. En quelques minutes, Pa Moussa et sont groupe ont d’abord mis en exergue le «fanikendo » ou veillées nocturnes des initiés dans le bois sacré.
C’est un ensemble de chansons et de pas de danse entonnés et exécutés toutes les nuits pour inculquer aux initiés les valeurs de la communauté.
Ensuite le «dianbadong» ou la danse des feuilles vient pour marquer la fin de l’initiation mais aussi les retrouvailles entre les femmes de la communauté et ceux qui viennent de terminer leur apprentissage pour intégrer la «vie d’homme».
Enfin le «Tchingdongho»ou la dernière danse de l’initié a aussi été magistralement exécuté par le fils de Bouly Sonko et son groupe. Et cerise sur le gâ- teau, le griot enchaîne avec les rythme du «Fara-Fara ». Le public entre en scène. Chacun veut montrer à celui qui se trouve à ses cotés qu’il sait danser ces notes de Tam-tam.
Même Mbaye Diéye n’a pas pu résister à l’appel du «koutiro». Meilleur jeune danseur du Sénégal en 1992 Moulé dans un tee-shirt bleu et d’un super 100, le fils de Vieux Sing-sing Faye a esquissé quelques pas de danse avant de remettre une enveloppe à Pape Moussa.
Après la Casamance, on a atterrit en pays sérères avec une séance de «Bakou » artistiquement clôturé par un combat de lutte. Le parrain drapeau n’est autre que l’animateur de lutte, Lamine Samba. Ainsi, ce dernier n’a pas manqué de faire les éloges de « Pa Moussa» qu’il a eu à encadrer dans les années 90.
«Son père ne voulait pas qu’il danse. Mais, quand je lui ai demandé de laisser son fils intégrer la troupe que je dirigeais il a accepté. On a travaillé ensemble et en 1992 Pa Moussa a été élu meilleur jeune danseur du Sénégal », s’est-il remémoré.
La richesse culturelle sénégalaise a été revisitée dans toutes ses facettes. Des danses mandingues au «sabarou wolof » en passant par les aux acrobaties des Peulhs, les chorégraphes ont réalisé un parfait ré- cital de toutes ces expressions corporelles comme s’ils appartenaient à toutes ces ethnies. Le clou de la fête a été le libre des phases de danse sous les tempos du «Sabar wolof».
C’est le moment choisi par les fils de Pa Moussa pour émerveiller le public sous le contrôle de leur grand-père.
Presque tous les nouveaux pas de danses ont été revisités. Chez les Sonko, la danse n’est pas seulement une affaire artistique ou culturelle mais un don inné qu’on valorise pour en faire un savoir qu’on transmet de génération en génération.
Satisfait, Pape Moussa Sonko promet : «Cet hommage me tenait à cœur. Toutefois, cette soirée n’est que le début. Car, nous allons organiser bientôt un grand spectacle pour montrer tout notre savoir faire». A Sorano, il y avait tout simplement de l’art.