"SÉNÉGAL AIRLINES" EN ZONE DE RÉSISTANCE
MAYORO RACINE, LE DG DE LA COMPAGNIE, N'ENVISAGE PAS UN DÉPÔT DE BILAN
La compagnie Sénégal Airlines est dans une situation financière critique. Mais, selon son Directeur général, Mayoro Racine, qui a accordé un entretien à nos confrères de «Jeune Afrique», le dépôt de bilan est inenvisageable.
Malgré une situation financière critique, une difficulté à trouver des partenaires et une flotte réduite, le Directeur général de Sénégal Airlines veut croire à une issue favorable. En effet, dans un entretien accordé à «Jeune Afrique», il donne des assurances. «Ce n'est pas envisageable. Notre dette ne représente rien par rapport à celle d'autres compagnies. Il suffirait d'un seul créancier pour résoudre ce problème», confie Mayoro Racine qui soutient que «le président de la République a décidé d'aider cette compagnie, car elle représente un levier d'intégration qui s'inscrit dans un plan de relance beaucoup plus vaste de l'économie sénégalaise».
Aussi, «des investissements importants ont déjà été réalisés concernant les infrastructures, puisque le Sénégal s'apprête à inaugurer, en juillet 2015, l'Aéroport international Blaise-Diagne, l'un des plus importants d'Afrique de l'Ouest, à Diass (40 km au sud de Dakar). Dans sa phase initiale, ce dernier pourra accueillir 3 millions de passagers, avec un potentiel, à terme, de 10 millions».
Revenant sur les difficultés, le Directeur général de Sénégal Airlines de faire savoir : «Nous avons eu des moments difficiles en raison d'un ratio d'endettement important (dont le montant est tenu confidentiel), de certains choix stratégiques et de la conjoncture. En 2000, la décision de Yamoussoukro avait abouti à un contexte très compétitif».
«Quand Sénégal Airlines a vu le jour, en 2011, certains transporteurs avaient déjà amorti leurs investissements. Nous ne sommes toujours pas sortis de cette phase délicate que représentent les cinq premières années d'exploitation d'une compagnie », a-t-il explique en soulignant que, «malgré une conjoncture difficile, nous avons tout de même transporté 300 000 passagers en 2013 et réalisé un chiffre d'affaires de 38 milliards de fFrancs Cfa (58 millions d'euros)».
Sur la cause de l’endettement de la compagnie nationale, le Directeur général de soutenir qu’«il résulte d'une conjonction de facteurs : une sous-capitalisation, à hauteur de seulement 16,5 milliards de francs Cfa, un contexte de libéralisation défavorable pour une ‘start-up’ sous-capitalisée, et enfin un besoin en fonds de roulement excessif. Nous évoluons dans un domaine où les marges bénéficiaires sont très faibles : elles ne dépassent pas 4% à 5%». Par ailleurs, M. Racine soutient qu’«on peut s'interroger sur le choix initial du réseau. La décision avait été prise de faire Dakar- Abidjan en vol direct plutôt que, par exemple, Dakar-Bamako-Ouagadougou-Cotonou. Cette politique n'a pas permis d'optimiser le taux de remplissage». Aussi, «les contrats de location avec Gecas arrivaient à terme au moment où Sénégal Airlines se trouvait dans le creux de la vague. Nous avons eu recours à des contrats revolving à court terme afin de maintenir l'activité. L'objectif étant de réduire provisoirement la voilure tout en maintenant la qualité du service».
Toutefois, dit-il, «nous exploitons aujourd'hui deux avions : un Airbus A320 et un CRJ100 de cinquante places pour les vols domestiques et de voisinage. Et dès le mois d'octobre, nous exploiterons en plus un Bombardier Dash 8-Q400». Egalement, «plusieurs compagnies auraient décliné... Je vous confirme que nous sommes en négociations avec des partenaires stratégiques potentiels. Les règles de confidentialité ne me permettent pas de vous en dire davantage», soutient M. Racine. Cependant, il renseigne : «Nous bénéficions de droits de trafic qui nous permettent d'aller un peu partout à travers le monde. Mais nous ne pouvons pas tous les exploiter. D'autres compagnies, qui sont confrontées à un marché mature et qui ont besoin de développer leur trafic, seraient intéressées par cette opportunité. En retour, nous pourrions bénéficier de leur expérience et de leur notoriété».
Il faut rappeler qu’«à son arrivée à la tête de Sénégal Airlines, en février 2014, Mayoro Racine a récupéré une compagnie nationale en grande difficulté, maintenue à flot par Dakar. Sept mois plus tard, il n'a toujours pas trouvé le partenaire stratégique pour aider le pavillon sénégalais à reprendre de la hauteur».