SERIGNE BASSIROU GUÈYE
PORTRAIT DU PROCUREUR DE LA PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE

A bientôt 50 ans, Serigne Bassirou Guèye, Procureur de la République, promu à l’issue du dernier Conseil supérieur de la magistrature, mène avec rigueur et professionnalisme sa nouvelle mission. La célèbre conférence de presse pour informer sur l’affaire Aida Ndiongue, l’a définitivement propulsé sous les feux des projecteurs.
L’affaire Aida Ndiongue, relative à la découverte d’une valeur en argent et en bijoux de 47 milliards FCfa dans des coffres de la Compagnie bancaire de l’Afrique Occidentale (CBAO) est au devant d l’actualité. A côté de l’ancienne sénatrice libérale et de la banque, le Procureur de la République, Serigne Bassirou Guèye, fait lui aussi l’objet de débats dans les quartiers et à travers les médias.
L’homme dont les services ont découvert les montants astronomiques, supposés mal acquis, est tantôt perçu tel un héros, tantôt cloué au pilori par les partisans de sa victime et une frange assez importante des avocats et hommes d’affaires sénégalais. Quel est le péché commis par celui que les intimes appellent Serigne Bass ?
En analysant de façon plus poussée les récriminations faites à son encontre, on se rend facilement compte qu’elles sont dénuées de tout fondement. En vérité, comme le rapporte un haut magistrat dégoûté par tout le bruit qui court au sujet du Procureur : "Outre le caractère stratégique du Parquet dont il hérite, ce garçon a remis en cause les intérêts de personnes assez puissantes. Il a coupé court à l’activité de lobbys qui faisaient la pluie et le beau temps dans ce pays".
Mieux, Serigne Bassirou Guèye, d’après des confidences, est à cheval sur les textes et est très inflexible quant à l’application des lois. Ce qui n’est pas sans susciter une certaine hostilité au sein même du tribunal. D’où les attaques en règle d’avocats et d’affairistes, agitant le plus souvent l’argumentaire de la "violation du secret de l’instruction", dans le cadre de l’affaire Aida Ndiongue.
Un vrai faux alibi, si l’on sait qu’en aucun moment lors de sa conférence de presse, le Procureur n’a fait état d’un dossier transmis au Juge d’instruction. D’ailleurs, si dans un tel cas de figure, il y a violation d’un quelconque secret, quel sort devrait-on réserver à la presse nationale qui, à chaque livraison, rend compte de cambriolages, de vols, de viols… dont les auteurs sont recherchés ou détenus dans les commissariats en attendant d’être traduits chez le maître des poursuites ?
Le Procureur, dans l’histoire des 47 milliards FCfa, n’a fait ni plus, ni moins qu’informer sur les résultats de ses investigations. Un comportement en parfaite adéquation avec l’attitude que doit observer un juge, en l’occurrence "faire une fidèle relation des faits". L’avènement du Procureur Guèye, d’après des Parquetiers, consacrent l’ère des jeunes juges qui, à force d’abnégation, sont arrivés au plus haut niveau de responsabilités.
Serigne Bass est de la race de plusieurs autres magistrats de sa génération, à l’image de Ibrahima Ndoye (Affaire Béthio Thioune), Moustapha Sèye (retombées mondial 2002)… A en croire ses aînés dans la corporation, le Procureur est techniquement bien outillé et respecte scrupuleusement les règles déontologiques qui régissent sa fonction.
Sorti du Centre de Formation Judiciaire (CFJ) en 1998, le successeur de Ousmane Diagne est titulaire d’un Diplôme d’études appliquées (DEA) de droit, option "droit public" et prépare actuellement une thèse en droit constitutionnel. Originaire de Tchilmakha dans la région de Thiès, Serigne Bassirou Guèye, bientôt la cinquantaine, a été, tour à tour, Substitut du Procureur de Dakar, Auditeur à la Cour Suprême, Substitut général à la Cour d’Appel de Dakar, Procureur de Tambacounda.
Il reviendra plus tard à Dakar pour occuper le poste de Substitut du Procureur à la Cour d’Appel, avant d’intégrer le Cabinet de l’ancienne Garde des Sceaux, Aminata Touré, en qualité de Conseiller technique n°1. Ce n’est qu’à la faveur du dernier Conseil supérieur de la magistrature que l’homme fut désigné Procureur de la République.