VIDEO"SI LE SÉNÉGAL ÉTAIT COMME LA GAMBIE, JE LE DÉNONCERAIS"
WOZ KALY, CHANTEUR
C'est la première fois que vous vous produisez en "In" lors du festival et on a cru comprendre que c'était une occasion particulière pour vous, en quoi est-ce le cas ?
Je suis très ému parce que le Walo est la terre de mes ancêtres. Ma mère est originaire de la région. Je suis donc très fier et content de me produire au Festival de Saint-Louis, un événement qui est un temps fort de la vie culturelle du Sénégal. J'ai été tout particulièrement touché de voir dans le public des gens qui sont venus de Ross-Bethio. Car c'est la terre de ma mère et je peux dire avoir passé une bonne partie de ma vie là-bas. Pendant quinze ans, j'ai vécu à Ross Bethio est c'est une partie de ma vie que je chéris tout particulièrement. Cette soirée avait une teinte spéciale pour moi parce que je suis venu avec mon groupe et, même s'il m'était déjà arrivé de jouer dans les "off ", le faire pour la toute première fois sur la Place Faidherbe, c'était une belle chose.
À qui sont adressés les messages que vous véhiculez dans vos chansons ?
À personne en particulier car l'éducation qu'on m'a inculquée ne me permet pas de pointer du doigt qui que ce soit en particulier mais j'estime que ces message valent tout autant pour moi, pour vous que pour tout le monde. "Xalis diaroul yen yi" (NDLR : l'argent ne justifie pas certaines choses), c'est un message que chacun est libre de prendre à cœur mais ce n'est vraiment à l'intention de personne. Les gens sont libres de voir car moi, ce que je veux simplement dire c'est qu'on est tous des Sénégalais et que les gens oublient parfois que le Sénégalais nait dans la liberté et la démocratie. Je ne voudrais pas aller trop loin mais les mots dits sont parfois si pleins de sens qu'ils se suffisent à euxmêmes.(…) Je suis un chanteur, j'ai une voix et j'ai des mots. L'artiste est là pour défendre les gens car tu es le porte-parole du peuple et tu ne peux pas te leurrer toi-même au prix de ne frustrer personne.
Vous avez fait des allusions à la Gambie, à la gestion du pouvoir en Afrique… Est-ce à dire que vous vous considérez vous comme un artiste engagé ?
Je suis un artiste et un Sénégalais avant tout. Et le Sénégalais, il est toujours engagé ! C'est dans notre sang qu'on le veuille ou non. Le Sénégalais, c'est un être qui "bagn", "maanam danu bagn " (NDLR : se rebelle. Au sens littéral, refuse)… Nous vivons dans un pays libre qui, accessoirement, est également magnifique et où il n'y a pas de problèmes. (…) Les sénégalais sont les gens les plus libres au monde car chacun peut dire ce qu'il veut et c'est important car il y a des pays, je parlais de la Gambie à titre d'exemple, où tout le monde le sait, les gens ne sont pas libres de dire ce qu'ils veulent. C'est valable en Gambie mais aussi dans d'autres pays. Si le Sénégal était comme la Gambie, je le dénoncerais. Il faut éviter, en tant qu'artiste ou tout simplement en tant qu'homme, de faire des choses en se préoccupant seulement de l'argent à gagner.