VIDEOUN GRAND RETOUR GAGNANT
SOIRÉE DU XALAM À SORANO
Le "Xalam" a renoué avec son public ce week-end au cours d'une grande soirée organisée au théâtre Daniel Sorano. Et ce fut un grand retour gagnant pour le mythique groupe.
C'est à 22h 35 que le top départ a été donné par le présentateur du jour, le comédien Pape Faye, pour un voyage dans l'univers du mythique groupe "Xalam". Lever de rideaux et sur scène, et au même moment fusent des notes accompagnées par des cris d'un public nostalgique. Apparaissent sous les feux des lumières le pianiste Henry Guillabert, le duo guitariste Baye Babou et Cheikh Tidiane Tall ainsi que le percussionniste Tapha Cissé.
Ils sont les membres incontournables de cette formation musicale. Bram's était sur scène. Avec sa voix grave, il entonne un medley intitulé "gëstu". Ce qui a plongé le public dans une hystérie collective. Pour une entrée en matière pour un spectacle, ce fut réussi et très animé. Suit une autre chanson du "Xalam" des années 1970.
L'étape 1980 est franchie avec Souleymane Faye. Il fait les chœurs pour Bram's qui continue ses envolées lyriques. Comme d'habitude, "Diego" a su attirer toute l'attention sur lui. Encore que le public semblait n'attendre que lui eu égard à l'accueil qui lui a été réservé. Un tonnerre d'applaudissements a retenti dès son apparition.
Sur scène, il chante et danse et donne l'air de s'amuser tout en affichant un visage sérieux. Au fil des minutes, l'ambiance monte et le public est plus fébrile. C'est ainsi qu'il accueille Ismaïla Lô qui fait un duo avec le "Xalam". Il a chanté et la bande à Henry Guillabert l'a accompagné musicalement.
Content mais pas encore satisfait, le public commence à réclamer même des titres. Et à plusieurs reprises, dans divers coins de Sorano, des voix ont réclamé "Dooley". L'un des titres phares du groupe et chanté par Souleymane Faye. Et dès que les premières notes ont fusé, les paroles ont été reprises en chœur par un public qui semblait avoir trop attendu cette chanson.
Ça chante, ça danse et ça siffle aussi d'admiration. Et comme pour atteindre le paroxysme, "Xalam" pousse plus loin en invitant Youssou Ndour sur scène. Son duo avec Diégo est très réussi et bien évidemment très bien apprécié. Faire mieux après cette prestation s'annonçait difficile. Tapha Cissé qui devait chanter après le savait, mais il n'a pas manqué de relever le défi.
Tout de même, il aura essayé et réussi à maintenir le public dans la joie et la bonne humeur déjà qu'on était presque à la fin. L'au revoir a été difficile. Les musiciens semblaient n'avoir pas envie de quitter la scène au même titre que le public qui aussi donnait l'air de ne pas vouloir sortir de Sorano. Un public majoritairement composé d'hommes et de femmes d'âges mûrs. Des jeunes, il y en avait aussi parmi le public, même si l'on croit souvent que ce genre de groupe n'est connu que des anciens.
Toujours est-il qu'avant le début des prestations a été projeté un documentaire racontant l'histoire de "Xalam". Des interviews avec différentes figures du monde de la culture et des personnes ayant contribué à l'aventure de ces musiciens ont été faites. C'est dans ce cadre que Youssou Ndour a dit que c'est Henry Guillabert qui a été le premier à lui donner un micro pour qu'il chante. Fan du pianiste, il passait le voir de temps à autre. "J'ai l'honneur qu'on m'appelle le roi du mbalax, mais les vrais rois, c'est eux", affirme-t-il.
Coumba Gawlo Seck soutient aussi avoir dansé sur la musique des vedettes du jour et trouve que le Xalam fait partie de notre patrimoine national. Ismaïla Lô de rappeler qu'il reconnaît que c'est la bande à Henry Guillabert qui a ouvert la voie sur l'international aux musiciens sénégalais.
Les fans du mythique groupe ont pu découvrir, à travers ce documentaire, des faces cachées de leurs idoles comme leur engagement pour l'apartheid et leur long et riche périple à travers le monde.
Xalam, l'autre école
Nos jeunes artistes devraient s'inspirer de leurs aînés du "Xalam" en organisant de grandes soirées. Car celle qu'Henry Guillabert et ses amis ont donnée samedi à Sorano n'a pas d'égale en matière d'organisation. Non seulement ils ont commencé à 22h mais ont terminé avant 1h du matin. Non pas parce qu'ils ont peu chanté mais plutôt parce qu'ils se sont tenus à l'essentiel. Il n'y a pas eu de "baatré" comme à l'accoutumée, mais les musiciens du Xalam n'ont pas non plus invité une pléthore d'artistes à prester avec eux. Il y avait juste Pape Niang qui a fait un duo avec Bram's, Ismaïla Lô et Youssou Ndour. Bram's et Souleymane Faye, les leads vocaux du groupe ne se sont pas non plus amusés à se changer après chaque prestation, plongeant le public généralement dans un ennui et allongeant la durée de la prestation. Ainsi, ce n'est pas seulement le pantalon pattes d'éléphant qu'arborait Bram's qui fait la différence.
Pourquoi Sorano et pas le Grand-théâtre
Par ces temps qui courent où artistes et stylistes se bousculent pour que leurs organisations soient reçues au Grand Théâtre, le "Xalam" a choisi de prester à Sorano. Un choix qui n'est pas fortuit. "Nous avons joué dans beaucoup de théâtres à travers le monde. Les uns plus prestigieux que les autres. Donc, nous en avons vu de tous les genres. Mais dans chaque pas, vous trouverez un théâtre mythique où voudrait jouer tout artiste connu ou en quête de reconnaissance. Vous avez l'Olympia à Paris et Sorano au Sénégal. Ici ont joué les Jackson five, Johny Hallyday et tant d'autres", a déclaré Tapha Cissé, percussionniste du groupe. Bref, c'est pour le passé historique de la salle que le "Xalam" a décidé de se produire à Sorano. Aussi, c'est une manière pour eux de participer au cinquantenaire de ce théâtre jadis créé par le Président poète Léopold Sédar Senghor.
Prosper Niang, l'absent le plus présent
Créé dans les années 1970, le "Xalam" a parcouru beaucoup de chemins. Des expériences, il en compte tout comme de bons moments. Des tristes aussi. Comme ce fameux jour où est parti à jamais celui qu'on appelait l'âme du "Xalam", Prosper Niang. Son jeune frère Babacar Niang, batteur de son état, a joué hier aux côtés des amis de son aîné. Et au-delà de la présence de ce frère, Prosper était présent dans le documentaire retraçant l'histoire du groupe. C'est ainsi que la fondatrice de l'empire des enfants Anta Mbow a fait savoir que la vraie passion de Prosper était la photographie. Elle n'est pas la seule à se souvenir de lui. En interprétant "xarit", Souleymane Faye a dit qu'il dédiait la chanson à son ami. Il pensait à lui et l'a fait savoir. Il versera même quelques larmes avant de chanter. Le reste du groupe a composé une chanson en hommage aux disparus du "Xalam" dont Prosper Niang.
Le phénomène Souleymane Faye
Diégo est un véritable "phénomène de la musique sénégalaise. Il chante bien et a une voix super belle. Et les gens s'accordent aussi sur le fait qu'avec lui en live, on ne s'ennuie jamais, avec toujours des surprises qu'il réserve. C'était le cas samedi soir à Sorano lors de la soirée du "Xalam". Vêtu d'un pantalon en cuir noir, avec cette chaleur, et d'une chemise assortie avec une cravate grise aux rayures marron, il a offert une chorégraphie peu commune dès son entrée sur scène. Il avait deux petits bâtons entre les mains avec des bouts en forme de ballon. Avec ça, il donnait l'air de faire de la boxe et trépignait d'un coin à l'autre de la scène, faisant rire plus d'un. Pour sa première chanson, après avoir accompagné en chœur Bram's, Souleymane Faye est arrivé sur scène avec une valise à roulette sur la tête. Celle-ci avait l'air lourde ; endurant, il l'a portée jusqu'à la fin de la chanson. Sacré Jules !