UN TALENT DU REGGAE ROOTS MARINÉ À LA MUSIQUE DIOLA
LÉON DU GROUPE KKDV

Ils n’ont fait que deux concerts, mais les membres du groupe Kkdv sont prêts à faire découvrir au monde entier, leur reggae mâtiné d’Ekonkone. Nous avons rencontré Léon, l’un des deux compositeurs, sur son île de Karabane, en Casamance.
Léon regarde la mer. Assis à la porte de son bar, les pieds dans le sable de la plage de son île natale de Karabane. Il profite de la douceur du soir, de l’air porté par les bolongs. A quoi songe-t-il Léon, en attendant les clients ? A sa guitare sûrement, à son groupe de musique. Depuis 2008, cet artiste est l’un des meneurs de Kkdv, une formation de reggae composée de quatre Casamançais. Kkdv pour «Karabane Kanene Dépôt de Vibration», en référence au local de musique sur l’île dans lequel les créations du groupe prennent vie.
«Nous sommes deux à composer : Paul, le batteur, et moi. Paul travaille à Ziguinchor. Dès que l’un de nous écrit les bases d’une chanson, on s’appelle, et Paul débarque à Karabane pour peaufiner le titre au local», explique Léon. Les deux compères ne possèdent pas une grande expérience dans le monde de la musique, mais ils peuvent compter sur le bassiste et le guitariste soliste du groupe.
Clotaire et Samuel sont des musiciens accomplis, le dernier officiant d’ailleurs dans le fameux «New Casamance Band». C’est en les regardant jouer dans des festivals de la région que Léon et Paul ont fait leur connaissance en 2005. «Dès que la composition d’une chanson est terminée, nous allons à Ziguinchor où Clotaire possède un studio, puis nous enregistrons tous ensemble», précise Léon.
Un Cd de 8 titres dans les tiroirs
Avec son grand bonnet vert jaune rouge, le chanteur ne laisse pas de doute sur le style musical de son groupe : «Nous faisons du reggae roots, bien à l’ancienne quoi !», annonce Léon avec un sourire fier. Mais la formation inclut dans sa cuisine jamaïquaine, des épices bien locales.
«De mes grands-parents, je possède un fort héritage de musique traditionnelle diola. Or, il se trouve que l’ékonkone ressemble beaucoup au reggae. On tente de mélanger les deux, pour rendre la musique diola internationale comme le reggae, prophétise-t-il. On chante déjà en diola, maintenant on cherche à remplacer la batterie par un bonbolong, le tambour diola géant. Mais ça pose problème pour le transport !»
Les thèmes abordés dans les paroles sont eux aussi issus de la culture d’origine du compositeur. «Dans les musiques traditionnelles, toute chanson porte un message. On reprend cela, mais en rajoutant des références à la vie actuelle, à ce que les gens vivent au quotidien, explique Léon. Nos parents, on ne vit plus comme eux.
On chante pour dire aux gens que, malgré le système moderne, malgré le matérialisme, les drogues ou la prostitution, il ne faut pas oublier la culture et le passé. Nos thèmes sont une forme de sensibilisation, on dit : «Ce n’est pas ça qui fait la vie ! ».»
Kkdv n’a fait pour l’instant que deux concerts, l’un à Karabane, l’autre à Ziguinchor. Actuellement, l’objectif est de trouver un promoteur et surtout de sortir le Cd de 8 titres qui patiente secrètement dans les tiroirs des membres du groupe.
«C’est un parcours du combattant pour acquérir les droits d’auteurs. Ils sont très chers !», critique Léon. Alors que le soleil se couche sur l’île casamançaise, les beaux jours du reggae sur Karabane commencent déjà à se lever.