UNE JOURNÉE AU CŒUR DU ‘’DAAKA’’
RETRAITE SPIRITUELLE DE MEDINA GOUNASS

Les fidèles continuent d’affluer au « daaka » de Médina Gounass au cinquième jour de la retraite spirituelle. Le record d’affluence est noté durant les cinq prières quotidiennes. Voyage au cœur du « Daaka », de la prière de l’aube au crépuscule.
Il faut montrer patte blanche pour se rendre sur le site du«daaka»à des heures avancées de la nuit. A la sortie de la commune de Médine Gounass, les gendarmes veillent au grain. Tous les véhicules en partance au lieu de la retraite spirituelle sont stoppés au rond-point de la sortie de la ville.
Les gendarmes vérifient s’il n’y a pas de femmes, entre autres. Il est 5 heures, ce mercredi 15 avril. Nous sommes sur la route du « daaka » pour assister à la première prière de la journée, « fadjiri ».
A notre arrivée au rond-point de la sortie de la ville en allant vers le site du « daaka », notre véhicule n’échappe à cette règle, vérification de tous les passagers. Les gendarmes jettent un coup d’œil à l’intérieur de la voiture et s’assurent qu’il n’y a aucune présence féminine avant d’autoriser le chauffeur à poursuivre son chemin.
A cette heure-là, la présence des femmes qui étaient en train de prier aux abords de la chaussée du rondpoint a attiré notre attention. Certainement, elles avaient tenté de vouloir se rendre sur le site du « daaka », mais les gendarmes ont été vigilants. La consigne du khalife général de Médina Gounass, qu’aucune présence féminine n’est admise, est strictement respectées.
Lundi dernier, le capitaine Cheikh Amadou Tidiane Ndiaye nous précisait que tous les agents des forces de sécurité sont briffés sur la spécificité du « daaka ». Arrivés au site de la retraite spirituelle, seuls les véhicules des autorités religieuses, des services intervenant dans l’organisation du « daaka » ainsi que ceux ayant des laissez-passer peuvent accéder aux abords de l’esplanade de la mosquée, envahie par une marée humaine.
Tijaniyya au Sénégal
5 heures 50 mn, la prière matinale dirigée par le khalife général de Médina Gounass démarre. Elle a duré une dizaine de minutes. A la fin de la prière, place au « wird wasifa » qui durera moins d’une heure. Après les prières qui ont suivi le « wird wasifa », l’interprète Thierno Ciradji Anne a, au nom du khalife général, invité les fidèles à patienter pour écouter religieusement une des conversations enregistrées du fondateur de la cité religieuse, El Hadji Mouhamadou Saïd Bâ. Au-delà du raffermissement de leur foi, précise le khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ, « les fidèles peuvent en tirer des bienfaits ».
Lorsque l'on parle de la Tijaniyya au Sénégal, Thierno Mouhamadou Saïd Bâ (Rta) constitue une des « références incontournables ». La communauté musulmane de Médina Gounass qu'il a fondée compte aujourd'hui des millions de disciples, répartis dans divers pays de la sous-région où le marabout a séjourné durant sa vie.
Dans cet enregistrement fait en pulaar, le fondateur de Médina Gounass a beaucoup insisté sur l’intérêt, pour un fidèle musulman, de connaître sa religion avant de la pratiquer. « La religion musulmane constitue une richesse ici et au-delà.
Dieu a garanti aux fidèles musulmans sa protection et des récompenses dans ce bas monde et au-delà », a-t-il rappelé. Pour El Hadji Mouhamadou Saïd Bâ, les musulmans doivent avoir comme références le saint Coran, la sunna du prophète (Psl) et les enseignements des anciens sur la pratique de l’islam. Aussi, insiste le guide religieux sur l’importance de s’acquitter des prières obligatoires dans un lieu de culte.
A son avis, un fidèle qui n’a pas aucun empêchement légal doit prier dans une mosquée. « Quand un fidèle musulman prie seul et délibérément chez lui. ses prières n’auront pas l’agrément divin même s’il est un grand érudit, un grand dignitaire musulman », insiste t-il. Pour le fondateur de Médina Gounass, l’islam rime avec pratique.
Célébration des baptêmes
La conviction du guide religieux est qu’on ne saurait adorer Dieu sans aimer son prophète Mohammad (Psl), ils sont indissociables ». Aussi, a-t-il exhorté les musulmans « à ne pas s’adonner à de l’associationnisme et à abandonner les pratiques qui n’apportent rien à l’islam ». Par ailleurs, a indiqué El Hadji Mouhamadou Saïd Bâ, « rien ne doit diviser les musulmans car ils partagent les mêmes valeurs, à savoir le Coran, la sunna prophétique, la Qibla, etc. ».
Après l’écoute de cette conversation, le khalife Thierno Amadou Tidiane Bâ a repris la parole pour décortiquer ce message transmis à la postérité par le fondateur de Médina Gounass qui s’est réjoui de l’actualité de la communication du guide religieux. Il a demandé aux disciples d’en saisir le sens.
A la suite de ce message du khalife, l’interprète Thierno Ciradji Anne a demandé aux fidèles qui veulent embrasser le « wird » tidiane de se rapprocher de l’endroit où est assis le khalife général dans l’enceinte de la mosquée.
Enfin, place à la célébration des baptêmes. On en célèbre des dizaines par jour. C’est la même atmosphère religieuse qu’on note lors des cinq prières quotidiennes et plus particulièrement à l’aube et les deux dernières de la journée (crépuscule et guéwé).
Beaucoup de fidèles y assistent pour prendre part au wird « wasifa » qui se fait juste après la prière du crépuscule. A la fin du « wasifa », on enchaîne avec la prière de « guéwé » avant l’entame des causeries religieuses. C’est le rituel durant toute la période du « daaka ».