DES CLICHÉS POUR SENSIBILISER SUR LA CORRUPTION
La Plateforme d’activisme artistique contre la corruption (Paac), marque sa présence dans le cadre des Off de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar
La Plateforme d’activisme artistique contre la corruption (Paac), marque sa présence dans le cadre des Off de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar. Dans l’exposition «La corruption» suivie de graffiti à l’Ecole supérieure de journalisme, des métiers de l’internet et de la communication (Ejicom), on peut voir une vingtaine d’œuvres du photographe et réalisateur sénégalais, Gustave Fall, qui montrent en images les désastres de la corruption sur les personnes mais aussi sur la société.
Modeste sur son travail et sensible au sujet qu’il traite, l’exposant, le photographe et vidéaste du projet Paac, Gustave Fall, est en train de lutter contre la corruption. Avec une mise en scène qui est très visuellement impactante, Gustave Fall fait contempler aux visiteurs, un sujet banal qu’est la corruption et ceci, dans le cadre de cette exposition des Off de la Biennale.
De façon très artistique, plus d’une vingtaine de photos y interpellent toutes les consciences sur les désastres de la corruption sur les personnes, mais aussi sur la société en générale afin de stimuler l’engagement des populations sur ces questions et renforcer la sensibilisation. Accrochés sur les cimaises de la salle de l’Ejicom, des portraits sur fond noire, où il y a de l’argent taché de sang, des chaînes, une corde, mettent en scène le combat que mènent les personnes engagées contre la corruption face aux personnes sujettes à la corruption.
Sur d’autres photos accrochées juste à l’entrée de la salle, l’on aperçoit en portrait, un homme assis sur un canapé au milieu des ordures. Une façon pour l’exposant de montrer l’environnement des corrompus qui est tout le contraire de leur vécu, en oubliant la misère sociale qui les entoure. Les chaînes et les cordes ont suscité une certaine réaction chez les visiteurs, au point d’amener Gustave Fall à comparer cette mise en scène aux Ong qui luttent contre la corruption. Utilisant son œil de photographe, Gustave Fall souligne que la corruption est partout. «Les gens qui sont dans la corruption, l’argent qu’ils mangent ne leur appartient pas», a-t-il déclaré vendredi passé, lors du vernissage.
Activiste attentive à comment les gens sont bafoués et piétinés, Oumy Régina Sambou, l’initiatrice de cette plateforme d’activisme artistique de lutte contre la corruption, précise qu’il faut que les gens comprennent que la corruption est tout à fait anormale, inadmissible et ne doit pas plus avoir cours dans ce pays. «L’idéal pour nous, c’est un pays sans corruption», dit-elle. Elle admet que même si cela ne peut pas exister, il est important de faire en sorte de réduire la corruption, l’impact et le pouvoir que les corrompus ont dans ce pays. Journaliste de profession et passionnée de culture dans l’âme, Oumy Régina Sambou est convaincue qu’à travers l’art et les activités associatives, il est possible d’arriver à un changement de comportement. A travers cette exposition, elle interpelle les citoyens parce que, dit-elle, si aujourd’hui la corruption prospère, c’est que personne n’a réellement conscience d’être dans la corruption.
Selon elle, à l’instar des organismes qui luttent contre la corruption, si les artistes schématisent et facilitent le discours permettant aux populations d’y avoir accès, «on est plus sûr d’avoir des résultats. Semer des graines, pousser à agir afin d’avoir des adultes dans l’avenir plus aptes à faire face à ce fléau», a-t-elle fait savoir. Pour embrasser tous les arts, pour faire mirage et barrer des fléaux de ce genre et donner la chance à toute la population d’être au même niveau d’information, l’exposition du Paac a été suivie d’une séance de graffiti sur la corruption.
Pour sa part, l’artiste graffeuse, Zenix, qui a travaillé sur le terme «illicite», pense qu’il est bien de parler de corruption mais à ses yeux, le mieux, c’est de faire une fixation sur ce qu’est la corruption. «La corruption sous toutes ses formes est illicite», a-t-elle indiqué. Donc l’objectif de son graffiti, dit-elle, c’est d’attirer l’attention sur ce mot «illicite» afin que toute personne qui puisse avoir un aperçu sur son œuvre, puisse comprendre que «illicite est la corruption».