150 MILLIONS AUX ACTEURS DE LA CULTURE
Quatre-vingt-trois projets seront soutenus par la mairie de Dakar, pour une enveloppe de 150 millions de francs Cfa
Pour pallier le déficit de soutien institutionnel à la création, la production et la diffusion, la maire de la ville de Dakar décaisse une enveloppe de 150 millions de francs Cfa pour l’ensemble des expressions artistiques, afin de soutenir la création et l’innovation. Le jury du Fonds d’appui aux initiatives culturelles privées a annoncé publiquement jeudi dernier, à l’hôtel de ville de Dakar, les projets artistiques retenus pour la session 2021.
Quatre-vingt-trois projets seront soutenus par la mairie de Dakar, pour une enveloppe de 150 millions de francs Cfa. Le jury du Fonds d’appui aux initiatives culturelles privées a procédé publiquement jeudi dernier , à la proclamation des résultats de l’appel à projet de la ville de Dakar.
Le jury avait reçu au total 515 projets, et après triage, puisqu’il y a des critères à respecter après le principe de territorialité, il s’est retrouvé avec 307 dossiers et a sélectionné 83 projets sur l’ensemble des expressions artistiques concernées, dont : 12 projets audiovisuels ont été sélectionnés sur les 110 présentés, 23 projets en arts visuels ont été sélectionnés sur les 47 qui ont été soumis. En arts scéniques, 100 projets ont été présentés et 18 ont été sélectionnés, 20 projets ont été soumis dans la section mode et 15 ont été retenus et enfin, dans la section littérature sur les 22, 15 projets ont été sélectionnés. «L’acte que nous posons aujourd’hui n’est pas fortuit, car nous croyons que ces œuvres soutenues s’inscrivent dans l’histoire de la ville. Et c’est un soutien institutionnel non remboursable», a affirmé Mme Soham El Wardini.
A l’en croire, «l’objectif global du Fonds d’appui est de contribuer à un développement culturel global, autonome et durable». Et c’est pour cela, estime-t-elle, que leur devoir, c’est de faire prospérer ce fonds en cherchant dans l’avenir, à augmenter son enveloppe de soutien. «Mon ambition est de faire plus, car la culture, identité remarquable et reflet de l’âme du Peuple, n’a pas de prix», a mentionné Mme El Wardini, tout en rendant un hommage appuyé à tous les hommes et femmes de culture. «Chaque acteur culturel est en soi, un sculpteur d’émotions et de beauté, en ce sens que par ses œuvres, il exalte notre sentiment d’humanité et nous conduit à chanter les louanges des beautés silencieuses, car les beautés artistiques sont en effet silencieuses. Elles laissent le soin aux admirateurs, de faire leurs éloges», se réjouit-elle.
Un jury indépendant et autonome
Le directeur de la Culture et du tourisme de la ville de Dakar, Makhtar Diao, a pour sa part, invité les recalés dont certains dénonçaient un manque d’objectivité du jury, à faire preuve de patience, de sagesse, de fair-play, pour la simple et bonne raison que tout choix est difficile. «Le jury est indépendant et autonome. Je comprends le mécontentement ou le désarroi de certains, mais je les invite seulement à reprendre la prochaine fois», a-t-il promis.
D’après lui, quand on est porteur de projet, il ne faut pas mettre trop l’accent sur l’imagination, la création et le désir de vouloir faire, en donnant les meilleurs projets. «Aujourd’¬hui, ces projets sélectionnés pourront aller à Ouagadougou pour le Fespaco, au Festival de Cannes et partout dans le monde. Donc, si on fait du favoritisme ou du sentimentalisme, on risque de tomber dans les travers et ce n’est pas bon. Nous voulons que la ville de Dakar joue son rôle pour faire du secteur de la culture, un secteur extrêmement important, parce que c’est une mamelle du développement», a déclaré le directeur de la Culture et du tourisme de la ville de Dakar.
«Appuyer les acteurs culturels, c’est appuyer la stabilité des populations»
Alioune Badiane, président de l’Académie internationale des arts, qui a reçu un financement de 2 millions de f Cfa pour son projet intitulé : «Repère théorique et pratique à partir du Sénégal», a salué l’existence et le renforcement de ce fonds destiné aux acteurs culturels. «Les acteurs culturels ont besoin d’être appuyés, parce que les populations ont besoin des expressions culturelles. Donc appuyer les acteurs culturels, c’est appuyer aussi la stabilité des populations. Nous, au niveau de l’édition, nous envisageons de sortir un livre sur la culture», promet M. Badiane.
Et pour le journaliste Alassane Cissé, également bénéficiaire de ce fonds de financement, section audiovisuelle, pour son pro¬jet de Festival du film de famille, c’est «très important» parce qu’aujourd’hui, il estime qu’il y a des problèmes de communication au sein des fa¬milles, d’où maintenant les problèmes de transmission des valeurs aux enfants et ce film permettra de sensibiliser l’être humain sur l’importance et la sacralité de la famille.
D’après lui, c’est une excellente initiative que la ville de Dakar continue de prendre pour accompagner les acteurs culturels et les initiatives culturelles. «C’est un fonds d’encouragement, d’appui. Et puis dans la transparence, parce que ce sont les acteurs culturels qui sont les membres du jury et dans les commissions», a-t-il dit.
Très en colère, Mouha¬madou Abdoulaye Diakhaté, le Directeur général de Diakhaté Production, a déploré le fait qu’il n’y ait aucune série qui a été sélectionnée parmi les 83 projets retenus. «On a constaté que dans la délibération, il n’y a aucune série qui a été nominée. Et c’est anormal à l’endroit des artistes. Ils nous traitent comme des moins que rien. Il n’y a pas d’objectivité dans ce qu’ils ont fait», fustige M. Diakhaté. Il faut tout de même souligner qu’au moins un des projets soutenus, est bien une série.