LA COUTURE AU SÉNÉGAL, PLUS QU’UNE PASSION, UN MÉTIER !
Au Sénégal, l’art de bien s’habiller a toujours été omniprésent dans le quotidien des Sénégalais. En boubou traditionnel ou en tenue de ville, les Sénégalais aiment très bien se vêtir
Un des moyens les plus communs pour les Sénégalais de se procurer des vêtements est d’aller chez un couturier du quartier. A la différence des sociétés européennes, on remarque qu’il y a moins de firmes de « prêt à porter » tels que H&M ou encore Zara au Sénégal. Cependant, on constate des changements au niveau des habitudes de s’habiller à la sénégalaise. Notre stagiaire, Ouleymatou Ndiaye, étudiante en journalisme à l’Université de Lille (France) a fait une immersion chez des maitres-tailleurs, couturières-stylistes de Dakar.
Au Sénégal, l’art de bien s’habiller a toujours été omniprésent dans le quotidien des Sénégalais. En boubou traditionnel ou en tenue de ville, les Sénégalais aiment très bien se vêtir. Et surtout lors des grandes cérémonies culturelles et religieuses (baptêmes, mariages, Tabaski, Korité etc) pour un pays avec 95% de musulmans. Sans oublier les fêtes chrétiennes telles que : Noel (24 décembre) et la Saint-Sylvestre (31 décembre). L’art de bien s’habiller est une vieille tradition chez les Sénégalais. Un art originaire de la région de Saint-Louis qui fut la capitale de l’Afrique occidentale française (Aof) dont les habitants sont considérés comme des amoureux de l’élégance et du bon goût. Ce qui fait qu’avant la floraison des boutiques de prêt-à-porter dans la capitale, les Sénégalais confectionnaient eux-mêmes leurs vêtements traditionnels ou allaient chez un couturier du quartier. Et ils continuent toujours d’y aller pour se faire confectionner de jolis vêtements.
Selon Abdou Diop, maitre-tailleur établi au marché Hlm à Dakar, les Sénégalais ne s’habillent chez les couturiers que lors des fêtes traditionnelles ou religieuses. « Dans les préparatifs du grand Magal de Touba, la Tabaski et la Korité, les couturiers voient leurs commandes augmentées. Ce sont les rares périodes de l’année ou les maitres-tailleurs et couturières se frottent les mains. Parce qu’en temps normal, les Sénégalais et particulièrement les hommes s’habillent à l’européenne, c’est-à-dire en pantalon, chemise, veste etc…» explique notre spécialiste en couture traditionnelle. Et le constat est que la population s’est occidentalisée en matière d’habillement. Une culture occidentale qui ne profite pas aux marchés de la coupe et de la couture sénégalaise.
Chez le maitre-tailleur…
Chez le maitre-tailleur… Pour Mme Ndèye Fatou Ndiaye à l’enseigne « Mamina Couture », les tailleurs et autres couturières sénégalais se modernisent de plus en plus avec l’exportation des modes et autres modèles à l’africaine. « A la veille des fêtes traditionnelles et religieuses, la plupart des commerçants viennent au Sénégal pour faire des commandes de grands-boubous et robes africains classiques avec broderie pour hommes et femmes afin de les revendre au sein des communautés de l’Afrique de l’Ouest et du Nord, de la diaspora d’Europe et des États-Unis. Par exemple, en France, la plupart des boubous traditionnels que portent les Sénégalais, Maliens, Nigérians, Burkinabés et Gambiens sont confectionnés à Dakar », se réjouit cette grande couturière-styliste installée à Keur Massar à Dakar.
Au Sénégal, force est de constater l’existence de nombreux écoles et centres de formation de coupe et de couture, spécialisés en stylisme ou modélisme. Cependant la plupart des bons couturiers ont été formés très jeunes dans le tas ou chez les maitres-tailleurs d’en face. Ingénieux, beaucoup d’entre eux sont devenus des maitres dans l’art de la confection et à l’expertise avérée en matière de coupe et couture. Et aujourd’hui dans ce milieu de l’élégance, on constate la présence d’autant d’hommes que de femmes.
Un « Grand-Boubou » à l’international !
Pour les habits en mode traditionnelle, les tissus sont souvent importés du Mali ou de la Mauritanie pour des tissus plus légers. Différents types existent et allant du moins onéreux au plus cher : le brodé, le tchoup ou encore le getzner. Contrairement à la France, le tissu est à moindre coût au Sénégal. Pour confectionner une tenue traditionnelle en France, on peut dépenser jusqu’à 50 euros alors que cela revient à la moitié du prix au Sénégal. C’est-à-dire 20 ou 25 euros. Et s’il y a une matière première à moindre cout au Sénégal, c’est bel et bien le tissu « Il y a même des tissus dont le mètre coute moins d’un (01) euro, (650 CFA) se félicite une de nos interlocutrices. A Dakar comme à Paris, on constate que la création africaine est en pleine ébullition ! Avec la mondialisation et l’ère des réseaux sociaux, les stylistes et couturiers sénégalais ont plus d’ouverture sur le monde où ils sont invités lors des grands défilés et foires. Ils sont également très présents sur les réseaux sociaux avec des ventes en ligne.
Pour mieux conquérir le marché mondial et obtenir une reconnaissance internationale, le modèle à la sénégalaise allie la qualité-prix. Comme ce fut le cas à « Sister of Africa », une marque de vêtements portée par Beyoncé et qui propose des tenues traditionnelles ou prêt-à-porter « Made in Africa » à des prix raisonnables.