LA CULTURE, GRANDE OUBLIÉE DES LOCALES
Léopold Sédar Senghor disait que la culture est au début et à la fin de toute chose. Mais, de l’eau a coulé sous les ponts depuis.
La campagne électorale pour les élections locales du 23 janvier, a pris fin hier. Après 15 jours de meetings, rencontres et discours, l’on peut dire que la culture a été le sujet le moins évoqué par les candidats en lice.
Léopold Sédar Senghor disait que la culture est au début et à la fin de toute chose. Mais, de l’eau a coulé sous les ponts depuis. Première à subir des coupes budgétaires, la culture a été reléguée au second plan par l’Etat, d’abord. Et ce n’est point une surprise si, durant cette campagne pour l’élection des maires et présidents de conseils départementaux, le sujet n’a guère été évoqué. Au-delà du fait que les programmes des différents candidats restent vagues pour nombres d’électeurs, la culture est pour ainsi dire, absente des débats.
Pourtant, de plus en plus, on se rend compte que les industries créatives sont un vivier de création d’emplois, que les jeunes possèdent des talents indéniables mais peinent à exprimer leur fibre artistique, faute d’infrastructures culturelles de proximité. Mais le constat est là, en matière de politique culturelle devant définir clairement les objectifs et priorités pour le développement et la promotion du secteur, force est de constater que rares sont les candidats qui peuvent présenter des propositions pertinentes.
La grande majorité se contente d’ailleurs, d’évoquer un possible plagiat pour s’éviter l’exercice. Ceux qui osent, proposent le plus souvent des infrastructures. C’est le cas pour Amadou Hott, candidat à la mairie de Yeumbeul Sud. Dans son programme, il propose notamment de renforcer les capacités des jeunes talents culturels, pour faire d’eux des champions, mais aussi de faciliter l’accès aux activités culturelles pour les rendre plus pérennes et autonomes. Mesures phare : «Transformation de la maison communautaire en maison des cultures, création d’une radio et d’une télévision communautaire», lit-on dans son programme.
Ailleurs, à Rufisque, le musicien et non moins candidat à la mairie, Mame Goor Diazaka, propose la construction d’un grand centre culturel comportant des salles de spectacle, salles d’expositions, une salle de conférence, et qui porterait le nom de Mame Fatou Seck, la grande prêtresse de Rufisque. D’autres listes et coalitions sollicitées n’ont jamais réagi, malgré de nombreuses promesses. Dans ce désert d’offres programmatiques ou même de bilans dans le secteur culturel, la mairie de Dakar fait figure d’exception.
La maire sortante et candidate à sa propre succession, Soham El Wardini, réclame la poursuite des actions déjà entreprises durant cette mandature 2014- 2022. Parmi les projets phare, la requalification des centres socio-culturels, dont les prochaines réalisations devraient être le pole art visuel sur l’avenue Malick Sy et le pole musique à Dieuppeul Derklé. Ces pôles, rejoignant ceux de Ouakam, dédié aux cultures urbaines, Yarakh, au théâtre et Grand Dakar, au cinéma.
En outre, des sessions de formation et une enveloppe de 100 millions ont été dédiées au financement de projets culturels. Interrogé sur le programme des différents candidats, Alioune Diop, journaliste culturel officiant à la Radio Sénégal international (Rsi), estime que les caravanes pouvaient être éventuellement, un bon moment pour les candidats de s’adresser aux artistes qui sont dans les quartiers et les communes. Logiquement, relève-t-il, «une caravane, ça peut aider un candidat à s’adresser aux créateurs contemporains et c’est une bonne démarche, parce que les arts et la culture doivent se refléter dans les programmes des candidats et dans le fonctionnement des mairies»