L’AFRIQUE RESTE DANS LA CONTINUITE
L’on parle souvent d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique. La question était ce samedi au cœur d’un webinaire organisé par le Centre Yennenga de Grand-Dakar en collaboration avec l’Agence africaine culturelle (Aac55).
Peut-on parler d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique ? Pour répondre à cette question, le Centre Yenenga et l’Agence africaine culturelle (Aac55) ont organisé ce samedi un webinaire. Cet évènement marquait aussi pour le centre créé par Alain Gomis, le lancement d’une opération de crowfunding destiné à parachever le financement de ses activités.
L’on parle souvent d’une nouvelle ère pour les cinémas d’Afrique. La question était ce samedi au cœur d’un webinaire organisé par le Centre Yennenga de Grand-Dakar en collaboration avec l’Agence africaine culturelle (Aac55).
Pour Mamadou Dia, réalisateur du film Baamum Nafi, il faudrait plutôt parler de «continuité». «On a toujours cette idée que maintenant, il y a une nouvelle ère dans le cinéma en Afrique. Mais c’est toujours un continent qui fait de très beaux films comme Touki Bouki. Donc parler de nouvelle ère, ce n’est pas toujours rendre l’hommage qui sied aux ainés.» Le double Etalon d’or du Fespaco est bien d’accord avec cette approche. «On a vraiment besoin d’eux», souligne Alain Gomis qui regrette que ces aînés soient quelque peu marginalisés, ce qui les empêche de faire des films. «Des fois on oublie qu’il y a des anciens qui sont toujours là et qui eux finissent par avoir de plus en plus de mal à faire des films. On ne construit pas un cinéma avec une seule génération. Il faut au moins trois générations», estime le réalisateur et fondateur du Centre Yennenga de Dakar.
Aujourd’hui, l’industrie cinématographique sénégalaise se construit pas à pas. Et constate Mamadou Dia, «un long métrage entier peut se faire au Sénégal maintenant avec des connaissances sénégalaises. Ce n’est pas une nouvelle ère mais une continuité». Il salue en outre le rôle des aînés. «Si on fait des films maintenant, c’est parce que la connaissance existe et elle existe parce que les aînés ont formé des gens». Alain Gomis qui a pu bénéficier des conseils avisés de Djibril Diop Mambety, a expliqué les circonstances particulières de cette rencontre.
«Après avoir vu Touki Bouki, j’ai tout enchaîné et j’étais fasciné par le cinéma de Mambety. Sa façon de raconter, de mélanger des choses et d’être en même temps très personnel. J’avais l’impression qu’il me parlait à moi», raconte-t-il. Désireux d’échanger avec le «Prince de Colobane», Alain Gomis n’hésita pas à l’appeler. «Il y avait son numéro dans l’annuaire. Je l’ai appelé et il m’a dit de passer. J’y suis allé. Je venais d’écrire mon scenario Lafrance et je lui ai donné. Je suis revenu le lendemain et les autres jours et on a parlé de beaucoup de choses mais rarement de cinéma. De façon détournée, sans vraiment parler de cinéma, il m’a appris beaucoup de choses. Il avait cette aura, cette force qui permet de transmettre des choses sans vraiment en parler», témoigne Alain Gomis.
Financement participatif pour le Centre Yennenga
Ce webinaire animé par la journaliste de France 24, Fatimata Wane, a aussi vu la participation de Mati Diop et Dieudonné Hamadi, réalisateur congolais. Il s’agissait pour le Centre Yennenga de lancer une opération de financement participatif. Dédié à la création, la diffusion et la formation cinématographique, le Centre Yenenga va accueillir des 2021, une première promotion qui sera formée à la post-production. «Grâce aux soutiens du Fopica, de la Ville de Dakar et de l’Agence française de développement (Afd), le projet est déjà financé à hauteur de 90%. La campagne de levée de fonds vise à couvrir les 10% restants, soit 50 000 € (32 millions de francs Cfa)», explique la coordonnatrice du centre, Fama Ndiaye. Les dons serviront à financer la programmation artistique et culturelle du centre avec des ateliers et des projections gratuites, les frais d’hébergement et de restauration des bénéficiaires des formations non-résidents de Dakar, l’achat de matériel dédié́ à la projection et aux tournages et des travaux d’aménagement du lieu.