LES 5 MAJEURES DANS L’EVOLUTION DU CINEMA SENEGALAIS
Il s’agit des réalisatrices Safi Faye et Mati Diop, des actrices Myriam Niang et Isseu Niang et de Rokhaya Niang. Car, on ne peut pas parler du 7e art sénégalais sans évoquer la place de choix que certaines grandes figures féminines y ont occupée
Ce 8 mars est une occasion de mettre à l’honneur 5 grandes dames qui ont marqué le cinéma sénégalais. Il s’agit des réalisatrices Safi Faye et Mati Diop, des actrices Myriam Niang et Isseu Niang et de Rokhaya Niang. Car, on ne peut pas parler du 7e art sénégalais sans évoquer la place de choix que certaines grandes figures féminines y ont occupée.
Safi Faye, la pionnière
Née le 22 novembre 1943 à Dakar et décédée à Paris le 22 février 2023, Safi Faye est une réalisatrice, anthropologue, ethnologue et féministe sénégalaise. Elle obtient un diplôme d’enseignante à l’Ecole normale de Rufisque et enseigne à Dakar quand elle rencontre, en 1966, le réalisateur Jean Rouch, qui lui donne un rôle dans «Petit à Petit» (1969). Safi part ensuite pour Paris où elle entame des études d’ethnologie à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Pionnière dans le cinéma sénégalais, son premier court métrage est sorti en 1972 «La Passante», suivi d’un documentaire sur les difficultés économiques au Sénégal «Kaddu Beykat» (Lettre paysanne). Elle étudie le cinéma à l’École Louis Lumière de 1972 à 1974. En 1976, elle soutient à l’EPHE (École pratique des hautes études) un mémoire sur la religion des Sérères, communauté à laquelle elle appartient. Après plusieurs films en 2023, le Festival des 3 continents lui consacre une rétrospective. Certains de ses films sont perdus et invisibles.
Rokhaya Niang, l’actrice au talent inné
Son jeu est top. Rokhaya Niang a été découverte dans les rôles principaux de deux films sénégalais présentés en compétition au Fespaco en 2003 : «Le Prix du pardon» de Mansour Sora Wade où elle incarne Maxoye, et «Madame Brouette» de Moussa Sène Absa où elle joue Mati. Elle poursuit, depuis, une brillante carrière au cinéma et à la télévision. En 2007, elle joue «Rokhaya», sœur du héros «Dick» (Lord Alajiman) dans le long métrage «Teranga Blues» de Moussa Sène Absa (sélection Fespaco 2007). En 2020, elle joue le rôle de Boris Coulibaly dans la série «L’or de Ninki Nanka».
Marème Niang, l’actrice qui a marqué son temps
Parfois créditée (à tort) sous le nom de Myriam Niang, elle joue le rôle principal de la magnifique Anta dans «Touki Bouki» de Djibril Diop Mambéty (1973). On la retrouve aussi dans «Xala» de Sembène Ousmane (1974) et dans «Baks» de Momar Thiam (1974). Excellente également dans «Guelwaar» de Sembène (1992) dans le rôle de la prostituée amie de la fille de Guelwaar. Elle joue aussi dans le docu-fiction «Dial-Diali» (rôle principal), réalisé par Ousmane William Mbaye (1992). Mati Diop la fait (re)jouer le rôle d’Anta en 2013 (Mille Soleils, docu-fiction).
Isseu Niang, l’artiste avec Grand A
Née le 25 septembre 1938 à Dakar et décédée le 17 février 2000 dans la même ville, Isseu Niang avait une prédisposition pour de nombreux arts. Elle était une artiste avec un grand «A». Danseuse, chanteuse, comédienne de théâtre et de cinéma, couturière par curiosité, secrétaire dactylographe de formation, elle était un personnage qui avait plusieurs cordes à son arc. L’option de faire carrière dans le monde de la danse et du théâtre prise, il restait à explorer les voies pour y parvenir. Maurice Sonar Senghor, détecteur de talents, alors directeur du Théâtre du Palais, entre en scène. Par son intermédiaire, Isseu Niang prend langue avec les Ballets de Keïta Fodéba. Elle émigre en Guinée en 1958. En deux ans, cette étape guinéenne lui ouvre les portes du cinéma. Sa première prestation à l’écran remonte à 1959, dans le film «Ben Hur» de William Wyler. Cet événement est celui qui a le plus marqué Isseu Niang dans sa vie d’artiste. Prolifique, Isseu a joué dans plusieurs films comme «Hyènes» de Djibril Diop Mambéty (1992).
Mati Diop, une jeune qui rayonne dans le monde
Maty Diop a grandi à Paris entre un père musicien, le Sénégalais Wasis Diop et une mère française, photographe et acheteuse d’arts, Christine Brossart. Elle est également la nièce du cinéaste Djibril Diop Mambéty. Autodidacte, elle se lance très jeune. Elle réalise plusieurs créations sonores et vidéos pour des pièces de théâtre. En 2004, elle autoproduit et réalise un premier court métrage à Paris «Last Night». En 2008, Mati joue le rôle principal au cinéma dans le film de Claire Denis «36 Rhums». En 2009, elle reçoit le prix MK2 Jeune Talent de la meilleure actrice. Cette expérience la conforte dans le désir de devenir réalisatrice. En 2008, Mati Diop décide de réaliser et d’autoproduire un premier film à Dakar intitulé «Mille Soleils» consacré à l’héritage personnel et collectif de «Touki Bouki», film culte réalisé par son oncle Djibril Diop Mambéty en 1973 et présenté à Cannes cette année-là. En 2018, Mati Diop réalise son premier long métrage à Dakar, un film de fantômes consacré à la jeunesse migrante disparue en mer. «Atlantique» est sélectionné en 2019 en compétition officielle du festival de Cannes 2019 où il obtient le Grand prix et figure dans la shortlist des 10 meilleurs films internationaux de la 92e cérémonie des Oscars. En 2024, elle remporte L’Ours d’or à la Berlinale avec le documentaire «Dahomey», consacré à la question de la restitution par la France d’œuvres d’art volées au Dahomey(Bénin).