LES LADOUMS S'EXPOSENT À LA BIENNALE DE DAKAR
Pendant plusieurs mois, le photographe Sylvain Cherkaoui s’est consacré à cette race ovine très prisée dont l’élevage est à la fois un art et une activité fort lucrative
La simple liste de leurs noms donne le la : Sankara, Ballon d’or, Rambo, Galactic, Arafat, Or blanc, Joseph Ki-Zerbo ou encore Mao… Certains d’entre eux disposent même de leur propre fan-club sur Facebook, à l’instar d’un lutteur ou d’une gloire du Mbalax.
Le photographe Sylvain Cherkaoui, collaborateur de Jeune Afrique, est parti en quête de ces moutons stars, dont le prix de vente peut se révéler astronomique, et qui font même l’objet de concours de beauté. Il en a tiré une galerie de treize portraits, réalisés en studio, qui seront exposés dans le cadre du off de la Biennale de Dakar 2022. « Le physique des ladoums m’a impressionné ; on est loin des gentils moutons que les enfants comptent le soir pour s’endormir, indique le photographe pour expliquer sa démarche artistique. Leur taille, leur envergure, quand on les regarde à côté de leur éleveur, m’a rappelé le gabarit impressionnant des lutteurs sénégalais. » Pour son vernissage, le 1er juin, le photographe entendait bien faire défiler quelques ladoums dans la galerie improvisée accueillant son exposition.
Univers parallèle
« En me documentant sur ces moutons, aperçus au détour d’une publicité, j’ai découvert un univers parallèle, raconte le photographe. Ils aiguisent la convoitise et sont élevés à l’abri des regards. » Port majestueux, mensurations XXL… difficile de comparer les ladoums à leurs congénères qui envahissent l’espace public en toutes saisons et pullulent au moment de la Tabaski – l’appellation locale de l’Aïd-el-Kébir. Adulte, la taille de l’animal oscille entre 95 cm pour les brebis et 120 cm pour les béliers, et son poids entre 140 et 175 kg.
« J’ai toujours eu un faible pour les photos des années 1950, à l’instar de celles de Malick Sidibé ou de Mama Casset. Avec les restrictions liées au Covid-19, je suis devenu plus sédentaire et je suis revenu à la photo de studio, que je pratiquais lorsque j’ai débuté dans le métier », explique Sylvain Cherkaoui, transformé, entre-temps, en photo-reporter globe-trotter.
Lumière artificielle, studio itinérant, il arpente le Sénégal à la recherche du roi des ovins, de bergerie en bergerie, de Dakar à Saint-Louis, en passant par Thiès (vue comme la capitale originelle du ladoum) ou Malika, dans la banlieue de la capitale. « Mon idée était de photographier les ladoums comme on le ferait avec des stars. »