VIDEOLES POPULATIONS RENOUENT AVEC L'HISTOIRE
L'île de Dionewar a célébré les 18,19 et 20 Avril derniers la seconde édition des 72 H de "NGodane", cet ancêtre mythique, fondateur de l'île avant de migrer un peu plus loin à l'Ouest à Sangomar.

L'île de Dionewar a célébré les 18,19 et 20 Avril derniers la seconde édition des 72 H de "NGodane", cet ancêtre mythique, fondateur de l'île avant de migrer un peu plus loin à l'Ouest à Sangomar. Pendant trois (3) jours, les populations et autres ressortissants de la localité se sont fortement mobilisées autour de l'association "Simala no NGodane" pour communier, et surtout se ressourcer de l'histoire de l'Île et son génie protecteur qui s'y est implanté à une date qui n'est pas encore précisée. Au-delà des soirées culturelles où l'on a chanté aux rythmes des sonorités sérères (guitares et tams-tams), d'une partie de carnaval et la journée médicale de consultations gratuites et dons de médicaments qui mobilisait 25 spécialistes, l'association « Simala no Ngodane » a ensuite convoyé tous les festivaliers vers l'Île de Sangomar où chacun parmi les petits fils de NGodane, les invités et autres participants devait s'acquitter à des rituels et autres prières pour célébrer cet ancêtre invisible, mais toujours présent à Dionewar pour veiller sur les habitants et leur environnement.
Là, il est formellement interdit de photographier, d'avoir certains comportements indésirables ou toucher à quelque chose sans l'aval du "Alcaly" le maître traditionnel représentant la famille Simala ou ses proches collaborateurs. Ce qui, du coup, a d'ailleurs prévalu lors de la tenue d'une réunion d'informations quelques heures avant le départ pour prévenir les pèlerins sur les interdits, une fois arrivés à Sangomar. Déjà, l'Île de Sangomar n'a jamais connu d'habitat. Pas une seule personne ne s'est aventurée à y élire domicile. Les premiers à tenter l'expérience, des nomades Peulh en l'occurrence, ont vite quitté les lieux, car ils ne pouvaient pas surmonter les fréquents cauchemars qu’ils subissaient dans la cohabitation avec le maître de cet espace désert planté seul en plein océan et où poussent aujourd'hui une diversité d'espèces végétales et animales, dont les oiseaux qui y viennent régulièrement pour pondre leurs œufs et se reproduire loin des regards humains.
Pendant les années précédentes, certains habitants de Dionewar qui souffraient de terres arables avaient aménagé des périmètres champêtres et malgré l'abondance des productions obtenues à l'hectare, ils se sont eux aussi retirés de l'île pour des raisons liées au respect de ces principes traditionnels. Autrement dit, celui de ne pas déranger le gardien du temple, leur génie protecteur. Pour les habitants de Dionewar, l'île de Sangomar appartient à NGodane et à NGodane seul.
LA PROTECTION DE NGODANE SUR DIONEWAR EST SANS ÉQUIVOQUE
Comme il est raconté dans l'histoire, Ngodane fut le premier à arriver dans l'île de Dionewar en provenance du royaume du Gabou. Et ce, après un bref séjour en Gambie et Casamance, ses derniers lieux de retranchement avant son arrivée à Dionewar. Depuis, et pendant plusieurs siècles maintenant, ce génie protecteur veille sur tout dans l'île de Dionewar. Comme le révèlent les récits historiques, il protège Dionewar contre les mauvais esprits et autres aléas de la nature à l'image de l'érosion côtière qui ne cesse de provoquer les innombrables désagréments maritimes dont souffrent les plus de 2000 âmes qui peuplent cette île.
Suite à l'accident lié à l'ouverture de la brèche qui sépare la presqu'île de Palmarin à Dionewar intervenue en Février 87, les inquiétudes de voir Dionewar rayée de la carte nationale du pays se sont multipliées et la psychose grandissait. Mais 38 ans après la catastrophe, la peur commence à s'effriter du côté des populations à cause de la présence de cet esprit qui, d'après les habitants, n'est pas encore prêt à abandonner ce patrimoine terrestre ou l'exposer totalement à un phénomène destructeur. Pour les insulaires, le constat est réel, la bande de sable souterraine provenant de la brèche, sans aucune action particulière venue de l'homme, est venue progressivement se déposer aux larges de l'Île comme pour protéger ses côtes ou limiter les dégâts de cette érosion ambiante et menaçante.
LE PHÉNOMÈNE DURCIT LA SOUFFRANCE DES INSULAIRES
A présent, les populations de Dionewar figurent parmi les citoyens qui souffrent le plus du phénomène des changements climatiques. Mieux, celui de l'avancée de la mer vers le continent. Depuis février 87, elles sont constamment face à la furie des vagues en cas de tempête. Et ceci de manière constante. Les dégâts en provenance de cette calamité naturelle sont nombreux et s'accentuent de plus en plus dans cette île dont l'accès est difficile. La quasi-totalité des lieux d'entrée est aujourd'hui bouchée au niveau des anciens lieux indiqués. Pour embarquer ou démarquer, les populations sont obligées de parcourir deux (2) kilomètres et demi à bord de charrettes pour prendre la pirogue et rallier la terre ferme.
Surtout du côté médical et la prise en charge des malades où les choses sont plus compliquées. Car, sans ambulance navale ni rien, elles sont dans l'obligation de répéter la même procédure pour transférer un malade de Dionewar à une autre structure médicale de la région. En cas de complication, le malade, quel que soit son état de santé, est transporté à bord de charrettes sur le même trajet cahoteux et sablonneux jusqu'au lieu d'embarquement, le seul au village où l'on peut prendre une pirogue pour Palmarin, ce village de pêcheurs, unique point de départ pour s'ouvrir aux autres localités de la région de Fatick, et aux structures sanitaires et hôpitaux qu'elle couvre. Les promesses de l'État et ses partenaires au développement tenues au lendemain de l'ouverture de la brèche sont restées vaines. A présent, aucune solution technique ou palliative n'est apportée à ce phénomène et les espoirs des populations s'amenuisent de jour en jour. Un calvaire visiblement constaté en termes d'approvisionnement des habitants de Dionewar en denrées alimentaires, mais également dans le bâtiment où l'on est obligé de débourser deux cent mille (200.000) Frs en moyenne pour une tonne de briques.