L’ESCALIER EN COLIMAÇON
Ouvrage autobiographique, « L’escalier en colimaçon », dévoile le « fabuleux destin » de Jonas Konan allias Walter, à savoir l’histoire inspirante d’un monsieur qui a décidé d’y arriver quoi que cela puisse coûter, puisant son espérance dans sa volonté...
Ouvrage autobiographique, « L’escalier en colimaçon », dévoile le « fabuleux destin » de Jonas Konan allias Walter, à savoir l’histoire inspirante d’un monsieur qui a décidé d’y arriver quoi que cela puisse coûter, puisant son espérance dans sa volonté, son opiniâtreté, et son sens de la responsabilité. Homme de foi, il prie Dieu pour « l’avoir béni, exaucé ses prières et accompli ses vœux », faisant de sa petite personne quelqu’un « nanti d’un diplôme d’ingénieur d’agriculture et d’économie, de l’institut agricole de Beauvais » en France.
Avec une distance teintée de pudeur, le pagne de l’humilité et du refus de la mise en scène du moi en écharpe, l’auteur de « L’Escalier en colimaçon » revisite ainsi son vécu. Et quel vécu !
Très tôt orphelin d’un père abattu par son cousin « d’un seul coup de son vieux fusil de fabrication artisanale, supposée être l’unique arme à feu d’un « insignifiant village de Bouake », l’auteur avait fort heureusement été propulsé sur des chemins prometteurs par la décision inattendu de son défunt géniteur, de l’inscrire à l’Ecole primaire de la Mission catholique. Avec courage, il ne rechignera pas à avaler chaque jour à pied les 6 kms qui le séparent de ce lieu de savoir. En dépit des vicissitudes liées à l’éloignement qui lui demandaient quelque 2 heures de marche, la précarité de sa situation sociale qui le contraignait à se contenter de quelques tubercules pour calmer un ventre visité par la faim, il sera quelques années plus tard l’unique et premier collégien de son village.
En Côte d’Ivoire son pays de naissance, aussi bien qu’en France, sa scolarité n’aura pas été une sinécure, puisque, contrairement à ceux qui « poursuivent leurs études » lui, « le fils de « Boukros-village » dit-il, faisait partie de ceux qui étaient « poursuivis par les études ». Et voilà qu’au pays de Marianne où il s’est retrouvé pour boucler ses études, il risquait de renouer avec les errements de l’ancien lycéen qui « faisait de la classe de Première une « profession », puisqu’il venait « d’échouer à ses examens » à l’université de Toulouse.
Loin de couler comme un fleuve tranquille, ponctuée de drames et de fracas de toutes sortes, la vie s’avère plutôt bien éprouvante, même si fort heureusement, il est des rencontres de bonnes personnes qui en adoucissent par moment le calvaire. Ballotté au gré de vents contraires l’auteur reste cependant convaincu que « l’insensé médite ses voies et l’Eternel conduit ses pas ». Porté par ses ambitions, confiant en sa bonne étoile, se voulant architecte de son avenir propre, il refuse toutefois de se complaire dans une procrastination bien confortable, n’hésitant pas à affronter les difficultés qui se dressent devant lui. En bon croyant, faisant sienne la profession de foi de Luther, convaincu que « si Dieu donne des noix il ne les casse pas », le fils d’Aloma Thomas avait conscience qu’il lui revenait d’assumer sa part. Et en filigrane de son odyssée, on découvre un couple d’une modernité tranquille, cheminant ensemble, échangeant autour de leurs projets pour se l’approprier réciproquement.
Agréable à lire, ce deuxième ouvrage de Jonas Konan , à l’instar du précédent* s’inscrit toujours dans l’obsession de la transmission, du partage d’expérience. Assurément, cette inquiétude pour autrui qui guide l’auteur se trouve au centre de ce dévoilement de soi pour que jamais personne ne se laisse tétaniser ni englué dans le mépris de soi qui est la mère de tous les renoncements et de tous les échecs.
*Jardins de Côte d’Ivoire et d’ailleurs. Editions Eburnie. Juin 2019