LUMIERE SUR LA VIE SOMBRE DES MIGRANTS EN FRANCE
Pénétrer la triste vie des sans-papiers dans un taudis en France, c’est ce qu’offre la réalisatrice Mame Woury Thioubou à travers «5 étoiles»
Pénétrer la triste vie des sans-papiers dans un taudis en France, c’est ce qu’offre la réalisatrice Mame Woury Thioubou à travers «5 étoiles». Son documentaire en compétition au Fespaco a été projeté lundi dernier. C’est un rêve qui se réalise pour la journaliste-réalisatrice.
C’est un rêve qui se réalise pour Mame Woury Thioubou. Son documentaire primé à Carthage, lors des Journées cinématographiques, a été projeté au Fespaco. En compétition officielle dans la catégorie des documentaires, la réalisatrice est largement revenue sur les motivations qui l’ont poussée à mettre en lumière le quotidien de migrants en France. «Ces jeunes quittent nos pays pour l’Europe, ils prennent la route du désert, ils passent par la Libye, ils traversent la Méditerranée pour arriver en Italie. Ensuite, ils traversent les montagnes pour aller en France. Certains se retrouvent à Lille. Leur situation dans ce squat abandonné où ils vivent m’a interpellée. Je me suis demandée pourquoi ces jeunes prennent-ils tous ces risques ? J’ai voulu connaître leurs motivations», a expliqué Mame Woury Thioubou après la séance de projection.
5 étoiles s’est évertué à braquer une lumière sur ce que vivent ces jeunes. Qui, après avoir vécu, pour certains, les affres des prisons libyennes où escroquerie et torture faisaient partie de leur quotidien, atterrissent en France avec la tête pleine de rêves. Dans l’Hexagone, c’est un autre combat qu’ils doivent gagner.
En effet, pour ceux qui arrivent à Lille, la maison d’accueil s’appelle 5 étoiles. C’est une ancienne usine abandonnée que ces jeunes occupent. Un taudis ! Dans cette ville, ils découvrent la face hideuse de l’Occident, loin des clichés que la télévision diffuse. Regard raciste, assistance permanente, avenir incertain, voilà entre autres le quotidien de ces jeunes. Qui abandonnent tout en quête de l’eldorado. «C’est une vie d’assistance permanente qui ont ces jeunes dans cette usine abandonnée. Et quand ils arrivent dans des associations de sans-papiers, ce n’est pas la fin de la galère, car ils trouvent des gens qui, pendant des années, cherchent de se régulariser.
Après le tournage du film, j’ai plus approfondi mes questionnements. Au départ, je voulais savoir pourquoi ces jeunes prennent-ils autant de risques ? En parlant avec eux, on se rend compte que leurs motivations sont profondes. Ce sont des choses ancrées en eux. Ce sont des problèmes qui interpellent la société. On doit réfléchir ensemble sur cette question», a affirmé Mame Woury Thioubou. Ce film militant pose le débat sur la place de l’humain dans ce monde globalisé. En effet, après l’avoir regardé, on ne peut que s’interroger sur le rôle de chacun dans cette tragédie. Qu’a-t-on fait pour instaurer cette situation qui pousse les jeunes à risquer leur vie pour le bien matériel ?
Pour la réalisatrice, c’est cette question que tout le monde devrait se poser pour avoir la solution. «J’avais des problèmes pour filmer des gens à visage découvert. Ils n’acceptaient pas de se faire filmer pour des raisons socioéconomiques», a expliqué Mame Woury Thioubou.