« UN VERRE » POUR LE VIVRE-ENSEMBLE
Synthèse de la 3eme Edition du Gingembre littéraire - Le vivre ensemble avec surtout ses valeurs d’humilité, de pardon, d’altérité, de générosité et d’acceptation de la différence, de l’autre
Les rencontres du gingembre littéraire ont pris fin à Rufisque. L’activité a été accueillie par la fondation Sococim à son siège du Le centre culturel Maurice Gueye. La cérémonie de synthèse a été un fort moment de plaidoyer pour le vivre-ensemble basé sur les ressorts de la culture.
La troisième édition du gingembre littéraire a été clôturée mercredi à Rufisque où « tout est parti » selon le mot même de l’initiateur de ces rencontres littéraires et philosophiques autour des préoccupations de l’heure. Pour cette édition, le thème choisi a porté sur le vivre-ensemble, une façon d’inviter la communauté à goûter davantage aux saveurs exquises de la paix et de la cohésion sociales.
Le vivre ensemble avec surtout ses valeurs d’humilité, de pardon, d’altérité, de générosité et d’acceptation de la différence, de l’autre. Autant de valeurs gages d’une vie harmonieuse entre les différentes composantes de la communauté. C’est à cette dégustation que l’humanité a été conviée par les panélistes de la séance de synthèse des différentes rencontres tenues dans diverses localités du pays. Un thème que l’ensemble des intervenants a mis en relation avec notre contexte marqué par la montée des extrémismes et des replis identitaires de tous ordres. De l’avis du rapporteur général, ces réflexes ajoutés à certains discours tendent à fragiliser le dialogue et la paix dans notre société et dans le monde. « La paix et le dialogue sont aujourd’hui fragilisés par certains discours et des formes sournoises de violences qui ont tendance à s’inviter sur l’espace public et sur la paix elle-même », a dit Pr Moussa Sarr. Dans la même dynamique que celle de la première édition, l’objectif est de porter la voix du Sénégal en montrant l’héritage culturel « qu’il devait partager avec le monde, notamment dans le dialogue des cultures si cher au premier président ainsi que la « la diplomatie soft power ».
Pour cette édition, après Dakar, les rencontres ont été élargies à d’autres localités comme Thiès, Mbour, Diass pour discuter autour des dynamiques spécifiques à chacune d’elles et porteuses de valeurs de paix et de de dialogue. Afin de rester dans le tempo de l’exaltation du vivre-ensemble, la proviseure du lycée Abdoulaye Sadji va puiser dans le roman du Rufisquois et non moins membre du CESE, Abdou Salam Gueye, pour présenter Rufisque comme un laboratoire du brassage et du vivre ensemble. Rufisque, « un haut lieu de globalisation » un modèle de vivre ensemble fondé sur un brassage de plusieurs vagues qui sont venues se greffer à un substrat lébou, première communauté qui se caractérise par son ouverture et son hospitalité. Ce qui fait dire à Mme Brigitte Gnamy, « qu’il ne peut y avoir de vivre ensemble sans amour. Le seul point de convergence, c’est l’amour et l’amitié ». Selon cette ancienne professeure de philosophie, « le vivre ensemble s’impose à nous, il est un impératif ».
OUVERTURE D’ESPRIT ET ACCEPTATION DE L’AUTRE
Le vivre ensemble appelle à une ouverture d’esprit, de la tolérance et l’acceptation de l’autre contrairement à ces formes d’œcuménisme, synonyme d’un enracinement trop fort qui pousse à l’extrémisme identitaire, selon Mme Brodnica Monica, qui a pris part aux rencontres du gingembre à Mbour. Devant cette situation où s’affrontent les égos et les communautés dans les replis identitaires, la solution devrait être cherchée dans l’humilité et l’origine de la création humaine. Selon Al Amine Kébé, la source du vivre ensemble est dans l’humilité d’Adam devant son créateur face à l’arrogance de Satan, le banni, qui a refusé d’obtemperer devant l’injonction de son créateur. Ce refus de reconnaître le vicaire de Dieu sur terre est la première forme de violence qui trouve son origine dans l’arrogance et le mépris de l’autre. D’où la conclusion « il faut respecter l’autre et son avis, mais aussi bannir l’auto éloge » a dit l’expert économiste et fonctionnaire des Nations-Unies. Il a rappelé la réponse de Ghandi devant le mépris des colonisateurs occidentaux qui se glorifiaient de leurs prouesses techniques et technologiques». Le sage de l’Inde dans une répartie avait renvoyé les oppresseurs à cette origine : « c’est vrai, vous avez réussi à voler dans les airs comme l’oiseau, à marcher sur l’eau comme le poisson, mais votre marche sur terre n’est pas encore droite ». Le rempart face à ses dérives se trouve dans notre tréfonds culturel, avec l’éducation qui prend sa source dans la case, lieu exclusif de l’intervention de la maman, matrice de la société africaine qui inculque les premiers codes.
Après ce niveau, l’enfant atteint la cour où il apprend à s’élargir aux autres avant d’arriver au « Penthie » ou place publique, lieu par excellence du partage et du dialogue. Un héritage culturel qui a fait, selon le Dr Papa Massène Séne, que « malgré les péripéties et les siècles de domination par les Arabes et les Européens, l’Afrique n’a pas été broyée parce que sa culture était résistante et résiliente ». Des débats intéressants que le promoteur des rencontres du Gingembre littéraire, El Hadji Gorgui Wade Ndoye, promet de coucher sur un document comme dans la forme des actes d’un colloque pour le soumettre aux autorités politiques afin que cela soit comme une contribution dans la culture de la paix dans notre pays.