YAAY DUND, RAPHAEL BELMIN MET EN LUMIÈRE L'ENGAGEMENT DES FEMMES DANS LA TRANSITION AGROÉCOLOGIQUE
Depuis quinze ans, l’agronome et photographe sillonne les campagnes africaines, capturant le rôle fondamental des femmes dans la préservation du vivant.
« Depuis 15 ans, mon travail d’agronome de terrain m’a permis de parcourir le monde rural africain. Partout, j’ai rencontré des femmes, des sœurs, des mères, des grand-mères qui s’engagent au quotidien pour prendre soin de notre nature, de notre santé, et de notre société. » Ces mots de Raphael Belmin, agronome et photographe au CIRAD, expriment l’origine de l’exposition « YAAY DUND – Régénérer le vivant », qui se tient au pied du Monument de la Renaissance africaine jusqu'au 7 décembre dans le cadre de la Biennale d'art contemporain Dak’Art 2024. Cette exposition témoigne de son admiration pour ces femmes engagées, rendant visible leur travail essentiel et leur dévouement à un avenir plus durable.
Organisée dans le cadre du « off » de la Biennale, cette exposition, initiée par la DyTAES, le CIRAD, l’ISRA, et l’IRD, célèbre les contributions de la recherche et les avancées de la transition agroécologique au Sénégal. Birame Mabrou Diouf, administrateur général du Monument de la Renaissance africaine, a salué cette initiative « singulière à plus d’un titre », soulignant le talent de Belmin et de Marie Thouvenot, la Commissaire d’exposition, pour ce projet pluridisciplinaire. « Votre projet met en avant le rôle fondamental des femmes dans la tradition agroécologique et dans l'adoption de solutions basées sur la nature, » a-t-il déclaré.
L’exposition coïncide également avec le cinquième anniversaire de la DyTAES, un moment symbolique pour cette organisation qui milite pour une transition agroécologique au Sénégal. Absa Mbodj, Secrétaire exécutif de la DyTAES, voit dans cette exposition un moyen puissant de sensibiliser le grand public à la contribution cruciale des femmes dans ce domaine. « Ces photos racontent une histoire de pouvoir, de rôle clé et d’impact que les femmes jouent dans la transition agro-écologique », a-t-elle affirmé, ajoutant que les œuvres seront mises en vente, avec les profits reversés aux activités de la DyTAES.
La portée de l’exposition va au-delà de l’esthétique. Laurent Viguié, représentant de l'ambassade de France au Sénégal, a souligné le talent de Belmin, à la fois chercheur en agronomie et photographe, en expliquant que son travail témoigne du lien entre la recherche et la culture. « L’art peut promouvoir des valeurs et des ambitions politiques auprès d’un public large, » a-t-il déclaré, rappelant l'importance d'un dialogue entre art et engagement citoyen.
Pour Benoît Faucheux, représentant de la Banque mondiale, cette exposition n’a rien d’anodin. « La Banque mondiale n’est pas venue financer cette action par hasard. Depuis l’an dernier, nous avons un troisième objectif qui est de se développer dans une planète vivable, » a-t-il précisé. Dans le cadre du programme régional pour la sécurité alimentaire soutenu par le gouvernement sénégalais, la transition agroécologique s’avère essentielle, et cette exposition vise à susciter un dialogue fécond entre citoyens, agriculteurs, chercheurs et autorités afin de soutenir ce changement.
En plus des photographies de Belmin, qui capturent les étapes clés des systèmes alimentaires, du champ à la table, un espace agora accueillera des débats et discussions sur les thèmes de l’agroécologie et de l’égalité de genre. Ces rencontres rassembleront scientifiques, artistes et militants, offrant un lieu d’échange et d’inspiration pour un avenir où le rôle des femmes et l’adoption de pratiques durables seront au cœur des préoccupations.
Avec « YAAY DUND – Régénérer le vivant », Raphael Belmin rend un hommage poignant aux héroïnes invisibles de l’agroécologie, celles qui œuvrent « dans l’ombre pour garder notre monde vivant ». « Ne vous arrêter pas aux images. Ce qui compte ici, ce n’est pas uniquement la dimension esthétique ou poétique des photos, ces images se veulent aussi un miroir de la condition de ces femmes africaines, de leur engagement de leur travail de soin quotidien pour le monde vivant », a déclaré Belmin.