LA CHARTE DE KILIMANDJARO DESORMAIS DANS LES POLITIQUES FONCIERES AGRICOLES DE L’UA
Les femmes africaines viennent de décrocher une avancée très significative, dans le cadre de leur combat pour leur autonomisation et notamment l’accès à la terre.
’Intégration officielle de la charte de Kilimandjaro contenant 15 demandes précises des femmes a été officiellement intégrée dans les politiques foncières, agricoles, économiques de l’Union Africaine (UA). C’est à travers une rencontre de haut niveau tenu le jeudi 25 février 2021 en visioconférence, avec les officiels de l’Union Africaine (UA). Vingt (20) femmes sénégalaises ont participé à cette rencontre virtuelle à partir de Thiès.
Les femmes africaines viennent de décrocher une avancée très significative, dans le cadre de leur combat pour leur autonomisation et notamment l’accès à la terre. En effet, l’Union Africaine (UA) a officiellement intégré leurs 15 demandes dans ce sens, dans les politiques foncières, agricoles, économiques de l’organisation continentale. L’Initiative Kilimandjaro conçue par des femmes rurales, lors d’une rencontre avec des organisations de la société civile tenue en 2012 à Dar-es-Salam en Tanzanie, est une mobilisation des femmes rurales à travers l’Afrique pour un moment symbolique au pied du mont Kilimandjaro en octobre 2016. C’était pour se faire entendre sur des questions essentielles qui constituent le socle de leur autonomisation sociale et économique. C’est à la suite de cette rencontre qui a regroupé des femmes venues de 22 pays du continent qu’est née la charte des revendications, contenant « un message qui se décline en demande et recommandations à l’endroit des décideurs à divers niveaux, et à tous ceux qui ont le pouvoir de faire aboutir ces requêtes ».
La concrétisation du processus a été réalisée jeudi dernier, avec la rencontre de haut niveau en visioconférence avec les officiels de l’Union Africaine (UA), simultanément dans 22 pays du continent. L’évènement a été marqué par la participation de 20 femmes du Sénégal, à partir de Thiès, pour des discussions qui ont duré plus de 4 tours d’horloge, avec la modération de Khady Fall Tall, Présidente régionale de l’Association des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (AFAOWAWA).
Selon Julie Cissé point focal en Afrique de l’Ouest du bureau continental de l’Initiative Kilimandjaro, par ailleurs Coordonnatrice du Groupe d’initiative pour le progrès social (GIPS/WAR), c’est à cette occasion que la charte de Kilimandjaro, contenant 15 demandes précises, a été officiellement intégrée dans les politiques foncières, agricoles, économiques de l’Union Africaine (UA). Les demandes des femmes portent entre autres sur « l’autonomisation des femmes, l’accès au foncier (propriété conjointe des titres fonciers, inclusion des femmes dans la propriété communautaire, accès à la technologie, aux ressources financières, éducation aux droits et lois foncières) ; le renforcement des capacités des parties prenantes à la mise en œuvre des droits des femmes (éducation civique pour la communauté, leaders traditionnels et composantes sociales) ; la réforme des lois et législations, la participation des femmes aux organes de prise de décisions sur le foncier et de leur mise en œuvre, le changement dans les coutumes et traditions, la protection des défenseurs des droits des femmes, l’accessibilité à tous des informations sur le foncier, etc. ».
Pour Julie Cissé, c’est une véritable consécration et depuis 2016 à la rencontre d’Arusha. Beaucoup d’étapes ont été franchies et l’évènement restera gravé dans la mémoire collective du continent car il s’agit d’un grand jour pour la femme africaine de façon globale.
ACCES DES FEMMES A LA TERRE, LE SENEGAL PARMI LES MEILLEURS ELEVES EN AFRIQUE
Les statistiques partagées par les femmes montrent que le Sénégal fait partie des premiers élèves en Afrique, pour avoir accepté que 30% des terres reviennent aux femmes. Et pour en arriver là, il a fallu se battre, notamment après le sommet d’Arusha, en rencontrant notamment les chefs traditionnels, les maires, les autorités administratives, pour lever certains goulots d’étranglement. Mais pour Julie Cissé, il reste maintenant à mettre en œuvre des mesures d’accompagnement précises afin d’opérationnaliser cette mesure et de faire en sorte qu’elle impacte très largement dans le vécu quotidien des femmes.
Selon elle, le Sénégal est très en avance par rapport aux autres pays avec beaucoup de délibérations foncières en faveur des femmes, mais pour atteindre l’objectif de l’autonomisation, de gros défis restent à être relevés. Après l’acquisition foncière, il faut nécessairement un accompagnement technique et managérial, mais aussi financier, pour la mise en place de fonds de roulement. Il s’y ajoute la problématique de la pauvreté des sols qui met souvent en péril toutes les espérances de bonnes récoltes. Il reste ainsi un accompagnement actif et de l’avis de Julie Cissé, une subvention de 5 à 10 millions de FCFA accordée à chaque périmètre permettrait aux femmes sénégalaises d’être autonomes et autonomisées. Elle en veut pour preuve les résultats déjà donnés par le périmètre maraîcher. Ndiéfoune Parba, une localité située dans la commune de Touba Toul, département de Thiès. La localité a toujours été en proie à la pauvreté et à l’insécurité alimentaire. Et de ce point de vue, elle était vidée de ses bras, la jeunesse préférant migrer vers les centres urbains surtout pendant la saison sèche, à la recherche d’un hypothétique travail. Mais cette tendance a connu une amélioration, grâce au périmètre maraîcher de 4 ha, initié par le Groupe d’initiative pour le progrès social (GIPS/WAR) dans le cadre de son programme « Bày Dunde », appuyé par le ministère allemand de la Coopération à travers une initiative dénommée ‘’Hilfe für Afrika’’. L’objectif de GIPS/WAR, note la coordonnatrice Julie Cissé, c’est d’en faire une unité de productions agricoles, épicentres de la création de richesses au niveau local.