LES INVESTISSEURS SOUS TENSION AVANT LA PRÉSIDENTIELLE
Le pays a obtenu 1,9 milliard de dollars de financement du FMI en octobre, une aide perçue comme une force de stabilité pour les finances. Mais les appels du camp Sonko à créer une nouvelle monnaie nationale et renégocier les contrats miniers inquiètent
Les investisseurs internationaux observeront attentivement l'élection présidentielle au Sénégal, prévue le 24 mars, après les reports qui ont provoqué de vastes protestations dans le pays. Le Sénégal, habituellement l'une des démocraties les plus stables d'Afrique de l'Ouest souvent secouée par les coups d'État, a été agité par les tensions depuis début février, lorsque le président Macky Sall a tenté de reporter le scrutin qui était initialement prévu le 25 février de 10 mois, soulevant des craintes de recul démocratique.
Selon une analyse de l'agence Reuters, plusieurs éléments préoccupent les investisseurs :
Au niveau financier, le Sénégal a environ 4,2 milliards de dollars d'obligations internationales en circulation, dont deux émises en euros et trois en dollars américains. Pour les investisseurs détenant ces obligations, l'attention actuelle se porte sur le déroulement pacifique et équitable du scrutin présidentiel. "Le marché scrutera de près pour s'assurer que les électeurs pourront s'exprimer lors d'un vote crédible", a déclaré Yvette Babb, gestionnaire de portefeuille chez William Blair Investment Management, citée par Reuters.
Sur le plan économique, le Sénégal est généralement considéré comme un environnement favorable aux affaires, avec de bonnes perspectives de croissance grâce à des projets gaziers devant démarrer cette année, projets qui devraient faire bondir le PIB à deux chiffres d'ici 2025 selon les prévisions du Fonds monétaire international (FMI). Le pays a obtenu 1,9 milliard de dollars de financement du FMI en octobre, une aide perçue comme une force de stabilité pour les finances publiques. L'arrimage du franc CFA à l'euro est également vu comme un atout pour contenir l'inflation.
Cependant, certains candidats populistes comme Ousmane Sonko pourraient remettre en question ces orientations. Ses appels à créer une nouvelle monnaie nationale et renégocier les contrats miniers et énergétiques inquiètent. Alors que les sondages officiels font défaut, son candidat Bassirou Diomaye Faye est perçu comme un sérieux challenger au président sortant Macky Sall. "Les populations demandent pourquoi l'investissement ne change pas leur vie", analyse Mucahid Durmaz, expert Afrique de l'Ouest chez Verisk Maplecroft, également cité par Reuters.