L’IGE AUX TROUSSES DE PLUS DE 70 MINISTERES, AGENCES ET FONDS PUBLICS
Sur ordre présidentiel, l'Inspection générale d'État passe au crible plus de 70 structures publiques. Objectif : traquer les auteurs de malversations économiques et rétablir la bonne gouvernance. Premières cibles : la Senter, Air Sénégal, l'Apix...
Sur instruction du président de la République, Bassirou Diomage Faye, l’Inspection générale d’État (Ige) est en train de se déployer progressivement dans plus de 70 ministères, agences et fonds publics. Les équipes de ce plus prestigieux et redoutable corps de contrôle de l’Etat vont mener des missions d’audits financiers approfondis. Au-delà de l’intitulé officiel de ces missions, il faut comprendre que les très redoutés vérificateurs de l’IGE vont traquer les auteurs et complices des nombreux assassinats économiques et crimes financiers perpétrés ces trois dernières années dans ces démembrements de l’Etat. « Le Témoin » a…audité.
A l’image des chiens renifleurs, les redoutables inspecteurs généraux d’Etat (Ige) ont été lâchés sur différents lieux de crimes financiers par le président de la République Bassirou Diomaye Faye. Ils ont pour mission d’auditer de façon approfondie plus de 70 ministères, agences et fonds publics. Autrement dit, de fouiller en détail ces structures dans le but de détecter d’éventuels erreurs, fraudes, vols, irrégularités, surfacturations, détournements et braquages de deniers publics. D’en identifier les auteurs et complices. Et, surtout, de localiser et de retrouver les armes, butins et mobiles de ces crimes. Parmi les structures ciblées figurent la Société d’exploitation du Train express régional (Senter), le Fonds de soutien de l’Energie (Fse), la Commission d’attribution des licences de pêche, les Fonds destinés à la pêche artisanale, Air Sénégal, Aide à la Presse nationale, e Fonds d’appui à l’édition (Fae), l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), Handling (2AS), le Fonds d’entretien routier autonome (Fera), La Poste, la Société africaine de raffinage (Sar), le Budget Coupe du Monde (Qatar 2022), la Coupe d’Afrique des Nations (Can 2024), la Loterie nationale sénégalaise (Lonase) , la Caisse des dépôts et consignations (Cdc) , l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes(Artp), l’Office des lacs et cours d’eau (Olac), le Conseil exécutif des transports urbains durables (Cetud), l’Agence autonome des travaux et gestion des routes(Ageroute), l’Autoroute Ila Touba, le Building administratif de Dakar… pour ne citer que ces structures et fonds. Il ne s’agit là, d’ailleurs, que de la première vague d’audits financiers de grande ampleur que vont mener les inspecteurs généraux d’Etat (Ige) qui, comme on le sait, sont dotés d’une solide expérience et d’une expertise avérée en matière de vérification administrative et financière des services publics.
On se souvient que, sur instruction du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Spnko avait fait publier une circulaire dans laquelle il invitait fermement les membres de son gouvernement à faire l’état des lieux de leurs départements et directions. Ce aussi bien sur le plan financier qu’administratif (ressources humaines). « Le Témoin » a appris que ces collectes de données et d’informations de base seraient destinées à l’Inspection générale d’Etat (Ige) qui fera le reste ! Le chef du gouvernement avait aussi demandé aux ministres de faire un inventaire de tous les contrats ou conventions signés avec des cabinets d’expertise (juridique, comptable...), l’inventaire de tous les recrutements de personnel sur les trois dernières années 2022, 2023 et 2024 (CDI, CDD...) ainsi que celui des contrats de prestation publicitaires. Et de lui faire parvenir, au plus tard le 1er juillet 2024 c’est-à-dire lundi dernier les documents et informations. Selon la formule administrative consacrée, Ousmane Sonko disait attacher du prix à l’exactitude des informations fournies, histoire de mettre en garde ceux qui s’aventuraient à balancer de faux documents comptables et autres chiffres financiers erronés. Voire à dissimuler des informations capitales !
L’heure de la reddition des comptes a-t-elle sonné ?
A ces audits tous azimuts qu’est en train de faire l’IGE, s’ajoutent les différents rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac déjà sur la table des plus hautes autorités du pays. Lesquelles, nous dit-on, ne va pas tarder à les transmettre à la justice. Encore faudra-t-il attendre la réunion du Conseil supérieur de la Magistrature pour mettre les bons magistrats aux bons postes avant de déclencher les poursuites contre les prédateurs financiers de l’ancien régime. La nomination, en de semaine, d’un nouveau secrétaire général de ce CSM est annonciatrice de la tenue imminente de ce Conseil qui était suspendu à la réception par le président de la République du rapport des Assises nationales de la Justice. Un rapport qu’il doit recevoir aujourd’hui jeudi. Sur la base de tous ces éléments, il n’est pas interdit d’avancer que l’heure de la reddition des comptes devrait bientôt sonner pour les satrapes du régime du président Macky Sall ! Une reddition d’autant plus inévitable que le président Bassirou Diomaye Faye a été élu sur la base de trois promesses électorales clés : la baisse des prix de denrées (ou préservation du pouvoir d’achat des Sénégalais si l’on préfère), justice pour les « martyrs » de l’opposition et reddition des comptes.
D’ailleurs, dès le lendemain de la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Faye, des voix s’étaient levées pour lui rappeler ses promesses électorales. Dans ce concert de voix éprises de bonne gouvernance, des hommes de culture ont exigé l’audit du fonds d’appui à l’édition qui s’élève à près d’un milliard CFA annuels. Et de nombreux écrivains et essayistes, livres en mains, avaient soutenu n’avoir jamais pu bénéficier de ces fonds annuellement budgétisés et logés au ministère de la Culture. Il en est de même pour le Fonds d’aide à la presse constitués de milliards distribués chaque année dans la plus grande opacité. Une très grosse part de ces fonds publics est attribuée à des sites d’information inconnus au bataillon, une manière pour certains gestionnaires de ce fonds d’appui de s’en mettre plein les poches. Et pendant que des entreprises de presse ayant pignon sur rue comme « Le Témoin » étaient privés des subsides de ce fonds pendant deux ans, des saltimbanques comme Mame Goor Diazaka étaient servis royalement ! C’est pourquoi, la volonté des nouvelles autorités de faire la lumière sur tous ces fonds (à l’Edition, au Cinéma, à la Presse, aux Cultures urbaines, Biennale etc.) est plus que salutaire. C’est même une œuvre de salubrité publique !
Au milieu de cette clameur populaire, des contribuables-supporters avaient réclamé l’audit de la Coupe du monde (Qatar 2022), un événement auquel nos « Lions » devaient participer. Et, pour cela, un budget de 14 milliards CFA avait été élaboré pour couvrir la participation du Sénégal jusqu’à une éventuelle finale ! A l’arrivée, les « Lions » s’étaient arrêtés en huitième de finale. Et le ministre d’alors s’était empressé de tirer un bilan de rue en indiquant sans convaincre que la Tanière des Lions avait englouti près de 11 milliards cfa de dépenses dans cette expédition foireuse. Une déclaration qui avait laissé perplexes certains fonctionnaires du ministère des Sports et membres de la Fédération sénégalaise de football (Fsf). De même, pour la Coupe d’Afrique des nations (Can 2024) de football tenue en début d’année Côte d’Ivoire, un budget de 9 milliards de francs avait été dégagé. On attend toujours le bilan !
La foire aux « avenants » et « ententes directes »
Toujours est-il que sous le régime de Macky Sall, les marchés publics et grands chantiers de l’Etat ont constitué des roues de la fortune tournées au grand bonheur de quelques privilégiés. Entre les appels d’offres « ouverts » ou fermés, les appels d’offres accélérés, les appels d’offres « restreints », les avenants, les marchés classifiés « secret défense » ou en procédure d’urgence, les ententes directes, les consultations restreintes etc., c’était la valse des centaines de milliards de dollars durant les 12 ans du magistère du Président Macky Sall. Justement, les citoyens dakarois rappellent au président de la République Bassirou Diomaye Faye de ne surtout pas oublier dans ses opérations de désengorgement financier les promoteurs et courtiers « ambulants » du marché Sandaga. Un projet de reconstruction dont le budget prévisionnel était estimé à près de 10 milliards cfa. A l’époque, il fallait démarrer très vite dans les travaux pour éviter que tout soit remis en question par un éventuel futur régime.
Ces audits tous azimuts à la « Diomaye » sonnent comme un cinglant échec du régime de Macky Sall croulant sous le poids des rapports scandaleux publiés par la Cour des comptes, l’Ofnac, le Contrôle financier et l’IGE. Nombre de hauts responsables politiques s’étaient ainsi révélés de très grands voleurs de biens publics sous le régime du président Macky Sall. Mais voilà, ils étaient couverts par l’immunité « Bby ». Si ce n’est le coude de l’ancien président de la République. On a même vu des directeurs généraux de sociétés nationales épinglés par les corps de contrôle promus à des responsabilités ministérielles à la suite de leurs carnages financiers !
Il est tout à fait souhaitable que les nouvelles autorités aillent jusqu’au bout des audits qu’ils ont ordonnés afin que les coupables soient conduits à l’abattoir judiciaire pour y expier leurs assassinats économiques ou crimes financiers. D’où les prémices d’une grande fête de la justice doublée d’un concert de la bonne gouvernance !