NOS IMPORTATIONS SONT A 1 070 MILLIARDS ET NOUS NE DEVONS PAS ACCEPTER…
Porté sur les fonts baptismaux en 2019, la dynamique pour une transition agroécologique (Dytaes) a joué un rôle central dans la promotion et la mise en œuvre de pratiques agroécologiques au Sénégal.
Une réflexion sur les défis et les perspectives de l’agroécologie au Sénégal a été engagée hier, lors du 5e anniversaire de la dynamique pour une transition agroécologique (Dytaes). Présidant l’atelier, le ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, informe que le Sénégal importe pour 1 070 milliards francs CFA.
Porté sur les fonts baptismaux en 2019, la dynamique pour une transition agroécologique (Dytaes) a joué un rôle central dans la promotion et la mise en œuvre de pratiques agroécologiques au Sénégal. Le Sénégal importe beaucoup et cela n’est pas sans conséquence. «Les importations annuelles de notre pays sont estimées à 1 070 milliards de francs CFA. Nous ne pouvons pas et nous ne devons pas accepter de continuer cela. Nous croyons fermement que l'agroécologie est la méthode et la stratégie la plus pérenne pour accompagner non seulement notre pays, mais l'Afrique d'une manière générale vers une agriculture plus pérenne», annonce-t-il. A l’en croire, pour soutenir cet élan, la direction de l'agriculture a invité la Dytaes à participer à une réunion de préparation de la campagne agricole 2024-2025, une première qui a permis de faciliter l'accès aux engrais organiques par les acteurs locaux engagés dans cette démarche. «Ainsi l'agroécologie doit occuper une place centrale dans le plan stratégique de la souveraineté alimentaire 2024-2029 et dans le référentiel de 2050. Pour une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable, ainsi que la stratégie nationale de 2025- 2029, mais aussi de s'aligner aux nouvelles directives de la prochaine loi agro-sylvo-pastorale», a indiqué Mabouba Diagne.
A l’en croire, le changement climatique et ses impacts nous poussent à changer de comportement et de stratégie. «Cette cérémonie n'est pas seulement un moment de célébration, mais un jalon dans notre parcours collectif vers un modèle agricole plus respectueux de l'environnement et du bienêtre de nos communautés rurales», déclare le ministre de l’Agriculture. Cette agriculture agro-écologique, selon lui, est l'une des manières les plus capables de nourrir nos populations tout en préservant notre environnement. Par ailleurs, il annonce l’implantation d’usines d'engrais organiques, voire organo-minéraux dans les 40 départements. «Vous avez vu que l'industrie agricole est en train de prendre de l'ampleur, l'élevage incontournable, l'agriculture au cœur du référentiel de 2050, les trois composantes peuvent nous donner l'espoir que les engrais ont un bel avenir. A Dakar, les abattoirs de la Sogas et les abattoirs avicoles combinés à la production de balles de riz dans la vallée, les coques d'arachide dans le bassin arachidier et dans cinq régions du sud et du sud-est, on a assez de matériaux pour produire des engrais organiques qui répondent et qui soutiennent les bases de l'agroécologie, où l'agriculture, l'élevage, l'aviculture vont rimer dans des fermes agroécologiques qui vont accueillir au préalable du développement durable», soutient-il.
«LES BESOINS POUR ACCOMPAGNER LES PETITS ELEVEURS, LES PETITS AGRICULTEURS, DEPASSENT 2,5 MILLIARDS DE DOLLARS»
M. Diagne annonce un milliard de dollars pour soutenir le pastoralisme. « Pour accompagner les petits éleveurs, les petits agriculteurs dans les corridors de transhumance pour produire seulement la nourriture pour le bétail, ça dépasse 2,5 milliards de dollars», se désole-t-il. Il affirme que les quantités d'aliments de nourriture que l'Afrique importe dépassent 35 milliards de dollars actuellement ; d'ici 2030, ce sera 120 milliards de dollars. «D'ici 2030, la population africaine va avoisiner les 2 milliards de personnes. Créer des stratégies qui vont se baser sur l'agroécologie avec des principes d'économie circulaire est devenu un devoir», souligne M. Diagne. Pour sa part, le président du cadre de réflexion et d’actions sur le foncier au Sénégal(Crafs), Babacar Diop, estime qu’on ne peut pas parler d'agroécologie sans évoquer la question du foncier. «L'agroécologie est un levier qui peut jouer un rôle important dans le cadre de la gestion foncière, et surtout la gestion rationnelle du foncier. L'agroécologie n'a pas besoin de grandes surfaces. L'agroécologie a besoin de terres fertiles, des terres qu'on utilise par la fumée, mais des terres qui peuvent actionner et faire de la productivité agricole», dit-il. Il souligne que l'agroécologie existe depuis plusieurs années. «Nos grands-pères faisaient des cultures autour de l'agroécologie. On ne connaissait pas les engrais, on ne connaissait pas les pesticides. Durant les 5 ans, nous avons pu, en dehors de la dimension au niveau national, créer certains dispositifs au niveau départemental appelé Ditael», renseigne Babacar Diop.