APPRÉCIATION DU DOLLAR FACE À L'EURO, UN SOUFFRE-DOULEUR POUR LES PAYS PAUVRES
L’appréciation du dollar face à l’euro n’arrange nullement les pays pauvres qui commercent en billet vert, car celui-ci domine les échanges internationaux.
L’appréciation du dollar face à l’euro n’arrange nullement les pays pauvres qui commercent en billet vert, car celui-ci domine les échanges internationaux. A cela, les économies en développement n’ayant pas un impact réel sur les marchés mondiaux sont qualifiées de preneurs de prix et non des négociateurs. Et sous ce rapport, l’inflation prend l’ascenseur, et les importations deviennent de facto plus chères obligeant les opérateurs soit à réduire les investissements ou alors à dépenser plus pour les produits indispensables.
Depuis le début de l’année, l’inflation n’a cessé d’esseuler l’économie américaine. Et pour y faire face, les Etats-Unis se sont servis de leur réserve fédérale en relevant les taux d’intérêt de manière très agressive. Une appréciation du dollar qui n’est pas sans conséquences sur les devises des pays émergents particulièrement sur les pays pauvres comme le Sénégal. A l’allure actuelle des choses, le marché est frileux et n’écarte pas la possibilité d’enregistrer de nouvelles hausses des taux de la Réserve fédérale, connue sous l’appellation Federal Reserve System (Fed). Si cette dynamique d’appréciation du dollar se poursuit, il n’est pas à écarter que les investisseurs européens, ceux des pays émergents ou en voie de développement se ruent vers les actifs libellés en dollars américains pour plus de gains. Pour s’en convaincre, la Banque mondiale fait remarquer que depuis l’année dernière, à la même période, une hausse de 14% est enregistrée sur le billet vert par rapport à un panier de devises.
GROSSE ANGOISSE SUR LES DETTES SOUVERAINES
Face à cette tendance de dépréciation de devises des pays émergents, il faut s‘attendre à de fortes tensions sur les dettes souveraines de ces pays, à la situation déjà alarmante. Dans les pays pauvres, notamment les 14 pays africains qui ont en partage le franc CFA, il leur est très difficile d’emprunter à leur guise, à partir de leurs devises, et même sur le marché financier régional des montants sur une certaine échéance. Sur ce, les créanciers (prêteurs, financiers) ne vont pas s’aventurer à prendre le risque d’être remboursés en monnaie instable. Dans une situation de rareté de ressources, il reste clair que le dollar qui a le vent en poupe, va de facto contraindre sans le dire à tous ses débiteurs (emprunteurs) de créditer en dollars et de rembourser leurs dettes en devise américaine. Et ce, quel que soit le taux de change. Et c’est à ce niveau même que les choses vont se compliquer davantage pour les pays pauvres qui paient leurs dettes. Subséquemment, à mesure que le dollar se renforce par rapport à l’euro et aux autres monnaies, leurs remboursements deviennent beaucoup plus coûteux, communément appelé dans le jargon de la dette publique, le « péché originel ». Pour ce qui concerne l’Afrique, relativement à l’augmentation ascendante des taux d’intérêt de la Fed, les banques centrales ne vont-elles pas être contraintes indirectement à relever leurs taux pour rester compétitives tout en défendant leur monnaie ?
En clair, les investisseurs doivent trouver suffisamment de raisons d’investir en Afrique que de devoir placer leur argent dans les actifs en devises américaines plus sécurisées. Face à une telle configuration de la conversion monétaire se pose le dilemme d’une part des banques centrales africaines qui partagent le franc CFA, à savoir la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) de voir comment préserver les investissements étrangers dans leur économie nationale et d’autre part comment juguler les hausses de taux qui renchérissent le coût des emprunts nationaux et ont aussi un effet modérateur sur la croissance.
LE DOLLAR, MAITRE DES ÉCHANGES COMMERCIAUX
L’appréciation du dollar fait pâtir davantage les petites économies notamment africaines. Toutes les entreprises évoluant hors de la zone du dollar sont étrillées. Parce que largement tributaires du commerce mondial. Lequel commerce d’ailleurs reste largement dominé par un dollar fort qui impacte directement sur les petites économies par l’inflation galopante.