LANGUES NATIONALES DANS LES ENSEIGNEMENTS-APPRENTISSAGES, L’OIF PREND ELAN
La communauté francophone salue les succès du Sénégal enregistrés dans les expériences bilingues et son ambition de généraliser l’utilisation des langues nationales à côté du français pour améliorer la qualité de l’éducation.
La communauté francophone salue les succès du Sénégal enregistrés dans les expériences bilingues et son ambition de généraliser l’utilisation des langues nationales à côté du français pour améliorer la qualité de l’éducation. C’était à l’occasion de la réunion du Comité de coordination internationale (Cci) de l’initiative «Ecole et langues nationales» en Afrique (Elan-Afrique).
Quelle stratégie pour la prise en compte des langues nationales dans les enseignements-apprentissages ? La réponse à cette problématique a fait l’objet d’une rencontre, qui consacre le Comité de coordination internationale (Cci) du programme Ecole et langues nationales (Elan). L’initiative regroupe les représentants des ministères en charge de l’Education de base des pays partenaires. L’objectif principal de la rencontre est de faire le bilan de la mise en œuvre de la phase 2 du programme Elan (2016-2023) et de définir les objectifs et perspectives pour la 3ème phase qui démarre, afin de permettre la véritable extension des politiques bilingues.
A l’occasion de l’ouverture de la rencontre du Comité de coordination internationale d’Elan, Mme Caroline St-Hilaire, administratrice de l’Oif, a exprimé toute sa gratitude. Selon elle, en ces temps de profonds bouleversements et de mutations rapides, il est primordial de reconnaître les enjeux actuels du secteur de l’éducation. «L’éducation est la pierre angulaire du développement social, économique et culturel de nos nations. Elle est l’outil par excellence pour bâtir un avenir meilleur, un avenir qui promeut la compréhension mutuelle, la tolérance et la coopération», a-t-elle indiqué. C’est ainsi, poursuit-elle, que l’éducation est une des priorités stratégiques de l’Oif, qui s’attache à contribuer à l’effort international d’amélioration de la qualité des enseignements-apprentissages, dans la visée des Objectifs de développement durable de l’horizon 2030.
De l’avis de l’administratrice de l’Oif, les évaluations des acquis scolaires des élèves faites au cours de la dernière décennie nous interpellent et nous commandent d’innover dans les pratiques de classe. Le rapport d’évaluation Pasec 2014 comme celui de 2019 font état de niveaux insuffisants en lecture-écriture et en calcul dans la plupart des pays concernés.
Pire, le Pasec 2019 conclut que plus de 55% des élèves en début de scolarité n’ont pas atteint le seuil suffisant de l’échelle de compétences en langue. En fin de scolarité, quasiment la même proportion d’élèves (52%) est en dessous du seuil suffisant de compétences et donc en difficulté d’apprentissage en lecture.
En se basant aussi sur le rapport de l’Unesco, Caroline St-Hilaire soutient que quatre enfants sur dix dans le monde reçoivent un enseignement dans une langue qu’ils ne comprennent pas. En Afrique, il s’agit de 8 enfants sur 10. Or, conclut-elle, l’amélioration de la qualité de l’éducation, et donc par conséquent le développement du capital humain, est intrinsèquement liée à la langue d’enseignement. Il existe aujourd’hui un consensus international qui se dégage en faveur de l’enseignement bi-plurilingue, comme facteur d’amélioration des enseignements-apprentissages.
C’est dans cette perspective que l’Oif promeut le multilinguisme depuis 1975 et réserve une place de choix à la promotion des langues partenaires africaines. «Les expérimentations sont menées depuis plusieurs années et les différentes évaluations et études démontrent sans conteste la plus-value de l’enseignement bilingue. Il existe aujourd’hui un consensus international en faveur de l’utilisation de plusieurs langues à l’école», a soutenu l’administratrice de l’Oif. «Les succès enregistrés dans les expériences bilingues confortent le Sénégal dans son option de systématiser et de généraliser l’utilisation des langues nationales à côté du français pour améliorer la qualité de l’éducation. La plus-value de l’enseignement bilingue n’est plus à démontrer. Nous devons aller de l’avant en adoptant les stratégies appropriées et en se donnant les moyens du passage à l’échelle. Cela suppose un dialogue ouvert entre toutes les parties prenantes : les institutionnels, les experts, les enseignants, les parents d’élèves, etc. Au Sénégal, nous nous inscrivons sur cette voie, et c’est de cette manière que le Modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal (Mohebs) a été élaboré à travers une démarche participative et inclusive (…)», a déclaré le ministre Dr Cheikh Oumar Anne.
Le Mohebs, poursuit le ministre de l’Education nationale, est l’option qui traduit la vision du président de la République, qui mise sur le développement humain qui constitue l’axe 2 du Plan Sénégal émergent (Pse) pour promouvoir une émergence économique et sociale de notre pays.