UN RETOUR À LA NORMALE ENCORE FRAGILE À L’UCAD
Si les étudiants poussent un soupir de soulagement, la réouverture masque mal les stigmates d'une longue crise. Logements insalubres, services défaillants, nombreux départs : le quotidien estudiantin est encore loin d'être normalisé
(SenePlus) - Après 9 mois de fermeture suite aux émeutes de juin 2023 qui avaient secoué la capitale sénégalaise, le campus social de l'Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar a rouvert ses portes fin mars pour accueillir à nouveau les étudiants. Une réouverture bienvenue qui suscite un réel soulagement chez les apprenants, même si tous les services ne sont pas encore pleinement opérationnels.
C'est ce que rapporte un reportage réalisé sur place par RFI. "Actuellement, l’accès au campus social ne se fait pas n’importe comment", indique d'emblée l'agent de sécurité Dabo, cité par la radio française. Désormais, les étudiants doivent présenter une carte d'accès délivrée par l'université pour pouvoir pénétrer les lieux, surveillés en permanence.
Une fois ce contrôle passé, les étudiants peuvent à nouveau profiter des dortoirs et réfectoires situés sur le vaste campus. "On a une satisfaction de la réouverture du campus social parce que ce n’était pas évident la vie pendant ces neuf mois", reconnaît Mouhamadou Moustapha Ba, rencontré dans sa chambre du troisième étage du pavillon D.
Car si la réouverture est une bonne nouvelle, le retour à la normale est encore loin d'être achevé. "Il y a même le pavillon F où les serrures n’ont pas encore été montées. Certains logements ne sont pas encore fonctionnels", indique Idrissa Diallo. Son camarade Mouhamed Mbaye se plaint quant à lui de ne toujours pas avoir récupéré sa chambre : "Ils me disent qu’il y a un problème de serrure, de matelas, de draps, etc.".
Les étudiants déplorent par ailleurs le manque d'entretien des lieux pendant la longue fermeture. "Quand je suis venu, j’ai trouvé qu’on n’était pas prêts du tout. Durant tout ce temps, ils n’ont rien fait, ils ont juste fermé l’université", s'insurge Mouhamed Mbaye.
Autre conséquence néfaste de cette crise universitaire, de nombreux étudiants ont choisi de ne pas revenir sur le campus. "Beaucoup de nos camarades ont pris le chemin de l'émigration", indiquent les étudiants interrogés par RFI.
Le campus social de l'UCAD retrouve donc doucement son rythme, porteur d'espoirs renouvelés à l'aube du nouveau quinquennat du président Bassirou Diomaye Faye. Mais les stigmates de cette longue fermeture restent encore bien présents.