UNE CORRECTION DU SYSTÈME DE RÉMUNÉRATION ET LA SIGNATURE D'UN DÉCRET PRÉSIDENTIEL COMME GARANTIE
Les enseignants accepteraient de se contenter d’une augmentation non imposable avec effet immédiat accompagnée d’un décret présidentiel comme garantie.

Les syndicalistes de l’enseignement avaient convoqué des assemblées générales hier. Objectif : rendre compte à leurs bases. Des bases qui ont dit refuser la logique de l’augmentation indemnitaire, exigeant une « correction » sans délai du système de rémunération des agents de la fonction publique. A défaut, ces enseignants accepteraient de se contenter d’une augmentation non imposable avec effet immédiat accompagnée d’un décret présidentiel comme garantie.
Au Cem (collège d’enseignement moyen) et lycée Valdiodio Ndiaye, la base a rejeté la logique d’augmentation indemnitaire tout en exigeant la correction « sans délai » du traitement salarial des enseignants. Elle demande la restauration de la dignité de la fonction enseignante et fustige ce qu’elle estime être la « mauvaise volonté » de l’Etat. Un Etat qui, selon ces enseignants de la base, aurait pu épargner l’école sénégalaise des perturbations en cours depuis plusieurs mois s’il avait procédé à la correction du système de rémunération des agents de la Fonction publique. Ce, depuis le début. En demandant l’arrêt des surimpositions et des «arnaques», ils plaident surtout pour l’apurement des rappels de soldes et d’indemnités, la fin des lenteurs administratives et la fin de la campagne de dénigrement ainsi que de la communication tendant à les diaboliser en avançant des montants «qui ne sont pas exacts». C’est pourquoi, et contrairement aux attentes de l’opinion, ces enseignants ont voté le maintien du mot d’ordre de grève.
Leurs collègues du lycée de Maka, dans l’Ief (Inspection de l’Education et de la Formation) de Tambacounda s’inscrivent également dans la même logique de continuer la lutte. Ils estiment en effet que, «en aucun cas, le mot d’ordre ne devrait être levé sans la «satisfaction totale» de la revendication principale qui concerne la correction du système de rémunération des agents de l’Etat. Ils considèrent que les leaders syndicaux doivent faire en sorte que le gouvernement accepte leurs propositions - c’est-à-dire une augmentation nette des salaires —, et ne surtout pas répéter les « erreurs » de 2018. Autrement dit, de ne jamais signer un pacte de stabilité avec le gouvernement. Au Cem Etab, l’assemblée générale, qui dit ne pas rejeter la proposition du gouvernement, propose la poursuite de la lutte jusqu’à une «satisfaction totale» du point relatif à la révision du traitement salarial des enseignants. Elle demande aux leaders syndicaux d’être très vigilants sur les montants proposés par le gouvernement. Elle veut d’abord non seulement savoir la somme nette à percevoir est imposable ou pas, mais aussi exige «un effet immédiat avec un décret présidentiel comme garantie».
A Kaolack, on veut que la lutte continue
A Kaolack commune, les enseignants demandent de continuer la lutte et de publier un nouveau plan d’action «le temps d’apprécier» les propositions qui émaneront de la rencontre de jeudi prochain. Dans la capitale du Bassin arachidier, les enseignants exigent surtout l’élaboration d’un document technique bien ficelé par les dirigeants syndicaux en collaboration avec des experts dans le domaine des impôts et des finances pour les éclairer sur le jeu «clairobscur» du Gouvernement par rapport aux chiffres avancés. Histoire de démontrer «le mensonge», selon eux, de ce dernier sur ces chiffres qu’ils jugent «erronés». Ils refusent aussi toute prolongation de l’année en cas de ponction sur leurs salaires pour les jours de grève.
Aux lycées et collèges de Touba Toul, les professeurs ont également largement épilogué sur la rencontre de samedi dernier et surtout échangé sur l’imposition ou pas des sommes proposées. Ils ont insisté en outre sur le rapprochement des échéances à payer avant fin juin. Revenant sur ce qu’ils appellent l’ambiguïté du tableau et l’iniquité notée de part et d’autre, les enseignants de ces deux établissements disent ne toujours pas être satisfaits des propositions du gouvernement qui, selon eux, fait dans le «clair-obscur». Ils sont formels. L’objectif de la grève, c’était pour la correction du système de rémunération et pas des «augmentations floues du genre» de celles proposées par le Gouvernement. Ainsi, ils demandent aux leaders «apparemment satisfaits» de la proposition du gouvernement, d’engager la bataille médiatique, sur les plateaux de télé, d’être prudents et surtout de ne pas lever le mot d’ordre de grève. Ils exigent aussi des «bulletins de simulation» pour chaque grade afin de mieux comprendre les chiffres indiciaires et de gains proposés par la partie gouvernementale.