APRES LES PREMIERES ASSISES NATIONALES, TOUT DOIT CHANGER
Le Ministre de la Femme, Dr. Fatou Diané Guèye est formelle : « Après les premières Assises de l’entreprenariat et de l’autonomisation des femmes (tenues le 7 mars au Grand Théâtre de Dakar) tout doit changer. Elle l’a affirmé, lors de ce entretien.
Le Ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants Dr. Fatou Diané Guèye est formelle : « Après les premières Assises de l’entreprenariat et de l’autonomisation des femmes (tenues le 7 mars au Grand Théâtre de Dakar) tout doit changer ». Elle l’a affirmé, lors d’un entretien avec « Le Soleil ».
Vous venez d’organiser les premières Assises de l’entreprenariat et de l’autonomisation des femmes, la veille du 8 mars au Sénégal. Comment vous est venue l’idée ?
D’abord, il faut noter que c’est la première fois qu’on organise les Assises de l’entreprenariat féminin et de l’autonomisation des femmes au Sénégal. Comme vous le savez, de l’indépendance du Sénégal à nos jours, l’Etat a déployé beaucoup d’efforts et investi énormément de ressources pour améliorer la condition féminine et promouvoir l’autonomisation des femmes. Et dans ce registre, le Président de la République, Macky Sall, a apporté une contribution volontariste inégalable, sur tous les plans, à travers différents mécanismes novateurs, dont la Délégation générale à l’entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (Der/Fj), divers fonds pour la promotion de l’entreprenariat féminin, etc.
Cependant, malgré tous ces dispositifs, les résultats sont mitigés et l’impact sur les femmes reste à mesurer, les femmes rencontrent encore des difficultés. D’où l’urgence, l’importance de s’arrêter, de s’asseoir ensemble, entre toutes les parties prenantes, services de l’Etat, organisations de femmes, secteur privé et partenaires au développement, pour faire un diagnostic sans complaisance des interventions, pour évaluer, ensemble et réorienter s’il y a lieu, en fonction des instructions et mesures à prendre par la plus haute autorité.
C’est toute la pertinence des Assises nationale de l’entreprenariat féminin de l’autonomisation des femmes, qui ont été précédées par des concertations inclusives par pôle territoriaux regroupant les organisations de femmes suivant les filières et secteurs d’activités, sous l’égide des autorités administratives, dont je salue encore l’engagement et le professionnalisme dans tout le processus.
Je saisis votre tribune pour remercier, encore, au nom de toutes les femmes du Sénégal et en mon nom, le président de la République, Macky Sall, d’avoir accepté de présider ces Assises et pris d’importantes mesures pour renforcer l’entreprenariat féminin et l’autonomisation des femmes au Sénégal.
Quelle est la situation des femmes au Sénégal, près de 6 mois après que vous êtes à la tête du Ministère ?
La situation des femmes au Sénégal est aujourd’hui, plus que jamais, marquée par des avancées significatives adossées à notre marche irréversible vers l’émergence, conformément aux orientations de Son Excellence Macky Sall, président de la République du Sénégal, bien déclinées dans le Plan Sénégal Emergent. Dès notre arrivée à la tête du ministère, en septembre 2022, conformément aux instructions du président de la République, j’ai engagé d’importants chantiers pour accélérer l’élimination des violences faites aux femmes et aux enfants.
Dans ce registre, il me plait de rappeler, notamment : le dialogue direct et les consultations avec les différents acteurs du mouvement associatif féminin, l’organisation au Sénégal, le 10 novembre 2022, avec un succès retentissant, de la 2éme conférence de l’Union africaine sur la masculinité positive, pour l’engagement des hommes en faveur de l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, sous la présidence du chef de l’Etat Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (Ua), le lancement des 16 jours d’activisme des Nations Unies pour l’élimination des violences faites aux femmes et aux filles, le 16 décembre 2022, la campagne « Naa Dakk Ba Mu Dal », en cours, et, d’autre part, la plateforme nationale de signalement et de prise en charge de telles violences, dénommée « Wallu Allo 116 », un numéro vert gratuit, anonyme et fonctionnel H24 et 7 jours sur 7 sur toute l’étendue du territoire national. Une équipe pluridisciplinaire avec 15 téléopérateurs est mobilisée à cet effet.
Malgré les nombreux efforts de l’Etat et des Partenaires techniques et financiers, les conditions de beaucoup de femmes demeurent difficiles (Vbg, accès à la terre, eau potable, soins primaires, excision, mortalité maternelle…). Où est-ce qu’il faut placer le levier pour inverser la tendance ?
Pour inverser la tendance, nous devons prendre en compte les acquis et les défis que j’ai évoqués tout à l’heure. Et dans ce cadre, nous devons ensemble, avec tous les acteurs, renforcer la sensibilisation, la mobilisation et la communication, pour un changement de comportement favorable au respect et à la protection de la femme, avec surtout l’implication des hommes, des leaders d’opinion, des autorités religieuses et coutumières, des élus locaux et des partenaires.
C’est toute l’importance que le Président de la République, champion « He for She », accorde à la masculinité positive, comme un nouvel état d’esprit que nous promouvons pour assurer davantage la protection des femmes et des filles. Et je tiens à magnifier ici, l’exemplarité de relation de partenariat avec les différentes parties prenantes, et adresse mes remerciements à tous les partenaires techniques et financiers, ainsi qu’aux organisations de la société civile, pour leur appui constant à côté de l’Etat pour assurer davantage la protection et l’autonomisation des femmes et des filles. Je leur réitère mon appel à renforcer la coordination de nos interventions, la mutualisation et la rationalisation de nos ressources pour plus d’impact et de performance au profit des populations.
La femme, la famille, les enfants sont les principaux bénéficiaires des interventions de toutes les politiques de développement. C’est toute la pertinence de l’approche Famille, qui structure les interventions de mon département. Aussi est-il fondamental et primordial de mettre en place des cadres de concertation forts et dynamiques inclusifs et participatifs pour arriver à changer la donne.
Après le recensement exhaustif des organisations de femmes, quelle doit être la prochaine étape ?
Vous conviendrez avec moi, qu’il fallait commencer par cela, car on ne saurait arriver à des résultats concluants dans l’organisation et l’accompagnement de ce secteur sans avoir une connaissance exacte du nombre d’organisations féminines que nous comptons au Sénégal. Bref, une base de données fiable.
C’était un préalable surtout pour l’économiste, la statisticienne de formation que je suis. Et par la grâce de Dieu nous venons de réaliser, pour la première fois, le recensement national des organisations féminines du Sénégal, en un temps, avec l’appui technique de l’Ansd et surtout l’implication efficace et décisive du commandement territorial à qui je rends ici un vibrant hommage.
A ce jour, nous avons recensé au moins 24 706 organisations de femmes au niveau des 557 communes du Sénégal.
J’ai engagé mes services à actualiser régulièrement cette base de données, à travers une plateforme nationale dédiée aux organisations de femmes.
Ce recensement nous a permis aussi de connaître le profil des organisations de femmes, leurs domaines d’intervention, leurs secteurs d’activités, la structuration de leurs besoins en formation, financement et autres.
Sous ce rapport et à la lumière des recommandations des organisations de femmes et des instructions du chef de l’Etat, nous allons davantage ajuster, réajuster et réorienter nos interventions et les politiques publiques en faveur des femmes.
Les données du recensement national des organisations féminines permettront, de procéder prochainement à la redynamisation et au renouvellement en toute transparence des Conseils consultatifs des femmes au niveau national.
Qu’est ce qui doit changer après ces Assises ?
Tout ou beaucoup de choses. Du moins, c’est toute notre ambition et l’on est persuadé de pouvoir compter sur le soutien du chef de l’Etat, Macky Sall. Nous attendons déjà la mobilisation de ressources substantielles pour le financement de l’autonomisation des femmes avec la participation déterminante et conséquente des sociétés minières et gazières au titre de la Rse. Il nous faut dépasser les petits montants et arriver à créer de véritables championnes et de capitaines d’industrie et dans cette quête du Graal, l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) doit être mise à contribution. Donc, le mode de financement va s’améliorer sensiblement à travers des critères plus démocratiques, parce que justement en amont de ces Assises, des plateformes d’enrôlement des demandes de financement ont été installées un peu partout au niveau des Centres départementaux d’assistance et de formation pour la femme (Cedaf) pour recueillir toutes les demandes de financement en allégeant les procédures de dépôt et en écourtant au mieux, les délais pour la mise à disposition des ressources. Toute une série de mesures que ces Assises vont renforcer. Dorénavant, la journée du 7 mars est institutionnalisée journée de l’autonomisation des femmes au Sénégal, comme cadre de dialogue annuel entre le président de la République et les femmes du Sénégal pour faire le bilan des avancées et dégager de nouvelles perspectives.
Depuis 2017, la Quinzaine nationale de la femme ne se tient plus au Sénégal. Pourquoi sa suspension ? Peut-on s’attendre à une reprise sous votre magistère ?
La Quinzaine nationale de la femme a été une revendication des femmes sénégalaises pour trouver des plateformes de retrouvailles périodiques, de dialogue, d’échanges et de partage sur des thématiques majeures les concernant. Effectivement, elle a été suspendue depuis 2017 pour plusieurs raisons liées notamment à l’excès du folklorisme et souvent aux coûts d’organisation relativement élevés. Mais, tout porte à croire que le besoin de la reprendre se pose encore avec acuité, selon, certainement, des modalités à revoir avec les différentes parties prenantes. Au cours de mon dernier passage à l’Assemblée nationale pour le vote du Budget de mon département, la question a été agitée par certains députés, mais je demeure convaincue qu’une solution sera trouvée très prochainement et mes services techniques y travaillent.