LES FEMMES RURALES INDEXENT L’AGRICULTURE CONVENTIONNELLE
Propagation du cancer, du diabète et des maladies dites nouvelles
«La faim zéro d’ici 2030». C’est est le thème de l’édition 2018 de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation. Et c’est la commune de Darou Khoudoss qui a abrité la cérémonie organisée par le mouvement paysan dénommé «Nous sommes la solution». A cette occasion, les femmes rurales ont fait un plaidoyer pour l’agriculture écologique et indexé l’agriculture conventionnelle dans la propagation du cancer, du diabète et d’autres maladies dites nouvelles.
A l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’alimentation initiée par le mouvement paysans «Nous sommes la solution» sur le thème «La faim zéro d’ici 2030», les femmes rurales ont confiné l’agriculture conventionnelle au banc des accusés. Selon Mariama Sonko Coordonnatrice de l’organisation panafricaine «Nous sommes la solution», par ailleurs membre de l’organisation paysanne dénommée Association des Jeunes Agriculteurs de la Casamance (AJAC), l’agriculture conventionnelle est responsable de l’apparition de plusieurs maladies dites nouvelles. «Avant, on entendait très rarement parler de tumeur, de cancer, de diabète, etc. Mais aujourd’hui ces maladies font l’actualité tous les jours, et une telle situation est tout simplement liée à notre alimentation», tel est l’avis de Mariama Sonko.
Selon elle, à l’âge de 50 ans l’africain commence à vieillir et à contracter des maladies, et cela est la conséquence de la consommation de produits venant de l’agriculture conventionnelle. Pour elle, c’est incompréhensible que, devant une telle situation, les pouvoirs publics soient toujours prompts à soutenir ce type d’agriculture. De l’avis de Mariama Sonko, cette tendance peut bel et bien être inversée et la faim définitivement éradiquée d’ici 2030 si l’Etat appuie les femmes et les producteurs agro écologiques, en les dotant de matériels adéquats. A l’en croire, le matériel agricole et les bonnes terres ne sont pas toujours accessibles aux femmes.
Pourtant, dit elle, les hommes ne pratiquent que des cultures de rente, qui leur permettent d’avoir de l’argent alors que les femmes se donnent à fond aux cultures vivrières pour nourrir la famille. A l’en croire encore, il est établi que la faim reculerait si les femmes accédaient à un certain pouvoir de décision. Elle ajoute : «les inégalités de genre, très présentes en Afrique, cantonnent les femmes dans des tâches réputées subalternes, qu’elles exécutent avec des moyens sommaires, sans grand pouvoir de décision. Les engrais, les meilleures terres, le matériel, l’eau sont captés par les hommes qui mobilisent plus ces ressources dans des cultures de rente. Les femmes se contentent de ce qui reste, les terres moins bonnes, des outils rudimentaires pour entretenir leur potager, leurs casiers rizicoles, leurs bétails, etc.» Ainsi, note Mariama Sonko, leur marge de manœuvre est plus que faible et pourtant, elles doivent également s’occuper de la famille, chercher l’eau et le bois, cuisiner, entretenir la maison, laver le linge, veiller sur l’éducation des enfants.
Ainsi, dit-elle, le temps consacré aux potagers et aux autres activités est souvent limité. Elle affirme que si les femmes avaient la possibilité de partager librement leur temps entre travaux agricole et domestique, d’accéder aux équipements agricoles adéquats à l’agro écologie et à l’eau, elles allaient non seulement produire assez d’aliment pour la famille mais aussi développer le pays avec une bonne assurance. Elle ajoute : «les inégalités de genre se traduisent bien souvent par des disettes. La FAO, l’organisation mondiale pour l’alimentation, estime que si les femmes accédaient aux mêmes ressources que les hommes, elles augmenteraient de 20 à 30% leur production et feraient reculer de 12 à 17% le nombre de personnes atteintes par la famine ».
La célébration de la journée mondiale de l’alimentation à Darou Khoudoss est une initiative du mouvement «Nous sommes la solution», qui s’étale sur 7 pays de l’Afrique de l’Ouest, en l’occurrence le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, la Guinée Bissau, le Mali et le Sénégal. Plus de 8000 associations ont adhéré au mouvement, soit plus de 17.500 membres. Il vise à promouvoir les bonnes pratiques et savoirs agricoles connus et transmis pendant des générations en Afrique et qui ont longtemps préservé la souveraineté alimentaire sur le continent, mais aussi à influencer les décideurs à promouvoir une meilleure gouvernance agricole et la production de l’agriculture familiale. Dans le cadre de cette journée, les femmes sont venues de la Gambie, de Ndondole, Mékhé, Fissel, Diogo Fasse Boye, de la zone des Niayes, du littoral, etc.