MIMI TOURÉ PROPOSE LA MOBILISATION DE TOUTES LES FORCES SOCIALES POUR ERADIQUER LES MUTILATIONS FÉMININES
Selon la présidente du CESE, nous sommes en face de pratiques génératrices de souffrances individuelles, familiales et, « peut-être communautaires, qui impactent inéluctablement sur la qualité de vie et l’expression citoyenne des victimes
Présidant dans la matinée d’hier dimanche 16 juin 2019 le premier sommet africain sur les mutilations féminines et les mariages d’enfants, la présidente du Conseil économique, social et environnemental (Cese) a haussé le ton. Mme Aminata Touré a, en effet, proposé aux gouvernants africains la construction et la mise en œuvre d’un plan d’action « qui soit, à la fois, volontariste et lucide parce que réaliste et réalisable sur des échéances permettant d’atteindre les déterminants structurels des deux fléaux en vue de les éradiquer ». Le thème de cette année est : « Renforcer le pont entre l’Afrique et le reste du monde pour accélérer la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants.»
Venue représenter le président de la république Macky Sall au premier sommet sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants, la présidente du conseil économique, social et environnemental à d’emblée exprimé aux différents participants toute la fierté de l’état du Sénégal et de son peuple à accueillir cette rencontre. Celle-ci est une initiative conjointe avec la république de Gambie, en partenariat avec l’organisation non gouvernementale Safe hands for girls. ce premier sommet africain sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants s’inscrit, selon Mme Aminata Touré, dans la perspective de l’agenda de développement universel à l’horizon 2030 et de l’agenda afrique 2063. « Il se tient après l’adoption, en 2015, d’une position commune africaine assortie d’une campagne pour mettre fin aux mariages d’enfants et après la décision des chefs d’Etat prise en 2019 de renforcer l’engagement politique pour l’élimination des mutilations génitales féminines en Afrique. Ces importantes résolutions, prises au niveau de l’Union Africaine, ont régulièrement reçu l’appui des Premières Dames du continent, dans le cadre de leur dynamique de soutien aux communautés et aux groupes vulnérables. Il apparaît, dès lors, que la réunion de Dakar adresse deux problématiques au cœur de l’agenda de développement du continent et qui ont, en commun, de constituer des violations de droits consacrés par les différents instruments juridiques, sans compter les douleurs physiques et sociales qu’elles impliquent pour les victimes », a longuement expliqué la présidente du conseil économique social et environnemental.
Selon Mme Aminata Touré, nous sommes en face de pratiques génératrices de souffrances individuelles, familiales et, « peut-être communautaires, qui impactent inéluctablement sur la qualité de vie et l’expression citoyenne des victimes qui se trouvent ainsi, totalement ou partiellement, handicapées dans leur épanouissement individuel et dans leur contribution au développement de leur pays ». a partir du moment où le constat est établi et les résolutions prises, la présidente du cese pense que le challenge réside désormais dans la construction et la mise en œuvre d’un plan d’action qui soit, à la fois, volontariste et lucide « parce que réaliste et réalisable sur des échéances permettant d’atteindre les déterminants structurels des deux fléaux en vue de les éradiquer ».
Interpelant l’assistance composée de militants des causes de la femme et de la lutte contre les violences et mutilations faites à cette couche de la population, Mme Aminata Touré leur a indiqué que « dans cette perspective, vous comprendrez bien que sous le fondement constitutionnel de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’Unité africaine, le Sénégal sera fier d’être le point de départ de la nouvelle grande conquête. De ce point de vue, je rappelle que c’est ici, à Dakar, en 1994, lors de la cinquième Conférence régionale que les femmes africaines avaient adopté une position commune vers la Conférence mondiale des femmes de Beijing de 1995, mère de la plateforme d’actions en 12 domaines prioritaires qui constitue encore le référentiel historique de l’agenda mondial de la femme ». l’autre dimension symbolique qui s’attache à la présente réunion est, selon Mme la présidente du Cese, « calendaire, par la date du 16 juin, consacrée Journée de l’Enfant Africain, en commémoration du massacre des enfants de Soweto, reconnu comme moment fort d’accélération du processus de destruction du système inique de l’apartheid ».
« Parmi les priorités du 2ème Plan d’Actions Prioritaires du Pse couvrant la période 2019-2024, l’amélioration de la condition féminine et la protection des enfants sont des enjeux de premier ordre »
Pour mener à des changements durables et en profondeur, Mme Aminata Touré croit surtout à la force et à la puissance de l’éducation « qui éveille les consciences et élargit le champ des compétences accessibles aux individus et aux communautés ». en parlant d’éducation, la présidente du Cese confie que sa vision transcende bien la scolarisation, « au demeurant incontournable, pour embrasser aussi le rôle dévolu à la famille et aux organisations de femmes en plus d’un accès à la technologie reconnue comme vecteur d’accélération de tous les processus de rattrapage ». « D’ailleurs, c’est pour cette raison que le président de la République Macky Sall estime qu’une tentative d’isolement de la pratique des mutilations génitales féminines et des mariages d’enfants, comme une question à part et sans lien avec les autres préoccupations, peut aussi être vaine et sans lendemain. Nous savons bien, en effet, que les communautés qui les pratiquent ont des motivations profondes et cherchent à donner une solution à un ou des problèmes ; avec hélas de fausses réponses. De ce fait, toutes les approches par l’interdiction ou par la coercition simple conduisent souvent au développement de stratégies de contournement par des voies et procédés qui pourraient être en avance sur les censeurs », explique Mme Touré qui, « sous la très haute autorité de Monsieur le Président de la République ». la présidente du Cese a marqué l’engagement d’avance du Sénégal à s’inscrire dans les perspectives qui seront issues de ces trois journées de travaux qui ont débuté hier. Selon l’ancienne directrice au Fnuap, il est important de noter que, dans la phase 2 du Pse, l’amélioration de la condition féminine et la protection des enfants « sont des enjeux de premier ordre, l’autonomisation de la femme et de la fille, un objectif transversal, tandis que la sensibilité au genre est érigée en critère d’éligibilité des projets et programmes à inscrire parmi les priorités du 2ème Plan d’Actions Prioritaires couvrant la période 2019-2024 qui coïncide aussi avec un mandat du Président Macky Sall dédié à la femme et à la jeune fille ». Après quoi, Mme Touré a déclaré ouvert le 1er sommet africain sur les mutilations génitales féminines et les mariages d’enfants tout en lançant officiellement la 29ème édition de la Journée de l’enfant africain (Jea) et la 31ème édition de la semaine nationale de l’enfance.