OUMY NDOUR, UNE VIE DE LUTTE POUR LES FEMMES
Journaliste à la RTS, elle se distingue par son voile qui ne « l’enferme » pas mais surtout son combat pour la défense de ses paires et des enfants. À l'en croire, « la foi doit guider les actions »
Journaliste à la radiotélévision publique sénégalaise, Oumy Ndour, se distingue par son voile qui ne « l’enferme » pas mais surtout son combat pour la défense des femmes et des enfants.
Au Sénégal, les téléspectateurs sont habitués aux belles tenues colorées d’Oumy Ndour, journaliste dont le voile est toujours parfaitement assorti aux habits. Considérée comme une « icône du voile », elle balaie cette appellation d’un revers de main. « Je ne me considère pas comme telle, explique-t-elle. Le port du voile est une décision personnelle, une manière de vivre ma foi. Que je veux vivre le plus librement possible dans la paix et la tranquillité. »
Et de fait, ces derniers mois, cette jeune musulmane s’est surtout distinguée pour son combat pour la défense des droits des femmes et des enfants. Car pour elle, « la foi doit guider les actions ». Cofondatrice, depuis le mois de mai, du collectif « dafa doy » (ça suffit en wolof) – après le meurtre d’une jeune femme, Bineta Camara, suivi d’autres, les jours suivants – elle est l’un des porte-voix du combat contre les féminicides au Sénégal. « Notre collectif a pour objectif de marquer une avancée majeure par rapport à la lutte contre les violences faites aux femmes », précise-t-elle.
Forte de son influence sur les réseaux sociaux, elle est une des responsables de la plateforme « Ladies club Sénégal » qui « porte la voix de plus de 60 000 femmes » sur de grands sujets comme « la prise en charge de femmes, d’enfants victimes de violences, la formation, la recherche d’emploi »
Parcours
Titulaire d’une licence en journalisme, Oumy Ndour travaille aujourd’hui à la radiotélévision nationale du Sénégal (RTS). Après sa formation au Centre des sciences et techniques de l’Information (Cesti) de Dakar, cette jeune femme originaire de Fatick, dans le centre du Sénégal – mais née Dakar et ayant vécu de longues années à Thiès (ouest)- a obtenu, un diplôme de bibliothécaire, archiviste et documentaliste avant de s’envoler pour le Canada. Là-bas, elle a fait des études au conservatoire en technique vidéo, tout en travaillant pour le festival « Vues d’Afrique ». Mais sept ans après, elle retourne « définitivement » au Sénégal, pour « mieux servir son pays. »
« Être voilée ne veut pas dire s’enfermer »
Oumy Ndour aime rappeler qu’« être voilée ne veut pas dire s’enfermer », relève que son voile ne l’empêche pas de bien faire son travail de journaliste. « Je suis chef du desk culture de la télévision nationale. De ce point de vue, je couvre toute sorte de manifestations culturelles. Du reggae aux expositions photos de femmes nues. Ce sont des expressions artistiques que je dois couvrir dans le cadre de mon travail », explique-t-elle. Oumy estime qu’elle n’a pas à porter de jugement de valeur sur le choix de son prochain. Pour autant, elle tente de montrer partout où elle se retrouve à travers des actes et des paroles que « ce n’est pas parce qu’on porte le voile qu’on doit être marginalisé ». « Pourquoi devrait-on interdire à une fille qui décide de porter le voile de le faire alors qu’en face, il y a une autre qui a décidé de se mettre des extensions de cheveux et des jupes et on ne lui dit rien ? », s’interroge-t-elle, car pour elle, « les différences ne doivent pas être sources de conflit mais d’enrichissement ».
La diversité religieuse
Mère de famille, Oumy estime que le port du voile doit être libre. « Il m’est arrivé de rabrouer des parents qui sont venus me demander de dire à leurs filles de porter le voile. Je suis contre les gens qui forcent les filles à se voiler », relève-elle.
Par ailleurs, prenant exemple sur sa propre famille, la journaliste valorise le vivre-ensemble dans le respect des différences religieuses, notamment entre musulmans et chrétiens. « J’ai des cousins prêtres, des cousines religieuses et c’est très beau quand on a des réunions de famille de voir toute cette diversité religieuse », témoigne-t-elle.
Les projets plein la tête, la jeune femme compte bientôt quitter la télévision pour mieux matérialiser son engagement en faveur des femmes et des enfants.