QUAND LES FEMMES INQUIETENT !
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cpiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience.
Huit ans après le démarrage de ses activités, le Centre de prise en charge des addictions de Fann (Cepiad) reste toujours méconnu des Sénégalais malgré l’évolution du taux d’audience. Pour pallier cette situation, les acteurs ont tenu durant trois jours des portes ouvertes qui ont pris fin hier, jeudi 28 décembre, dans ledit centre. Une manière de s’ouvrir au public qui pense toujours que la prise en charge n’est que pour les victimes de drogue. Toutefois, il faut souligner selon le directeur du Cpiad que les femmes demeurent une préoccupation pour cette maladie car constituant 10% de la population
L ’addiction qui est une dépendance à une substance ou à une activité, est une maladie multifactorielle qui associe troubles biologiques et psychiques entrainant des problèmes sociaux. Ses conséquences sont néfastes sur la santé de la personne affectée. Au Sénégal, un centre a été mis en place pour prendre en charge les cas d’addiction. Seulement, il faut noter que la grande majorité des personnes qui s’y rendent, sont des victimes de drogue. Pour corriger cette situation, des portes ouvertes se tiennent presque chaque année pour faire connaitre la mission du centre. Pour le Professeur Idrissa Ba, coordonnateur du Centre de prise en charge intégré des additions de Dakar (Cepiad), la stigmatisation et la discrimination liées aux représentations que cela soit à la loi ou de nos valeurs culturelles, traditionnelles constituent un des obstacles auxquels ils sont confrontés. « Le Cepiad au-delà de ses activités de prise en charge, fait beaucoup de plaidoyer. Cela d’abord pour faire connaitre que l’addition est une maladie qui a été prouvée scientifiquement. Et les concepts ont leur poids, leur impact dans la prise en charge », a fait savoir le professeur Ba.
Pour le dit centre, le taux de fréquentation reste faible par rapport au nombre de personnes qui souffrent d’addiction de tout genre dans le pays. Pour ces journées portes ouvertes, les acteurs pensent pouvoir améliorer l’audience. A en croire le Pr Idrissa Ba : « nous avons vu que le taux de fréquentation peut être amélioré, si nous communiquons avec les populations, si nous sortons de nos cours, si nous faisons le plaidoyer auprès des autorités pour un renforcement des moyens mis à sa disposition, ces efforts pourront contribuer à lever ces obstacles ». Et de poursuivre : « ces journées nous offrent l’opportunité de communiquer en prenant comme support la presse. L’objectif est de contribuer à mieux faire connaitre le travail que fait le Cepiad aux populations mais également aux services que le centre peut offrir par rapport aux additions ».
Si avant, on parlait de drogues injectables à l’ouverture du Cepiad, maintenant de nouvelles formes de drogues existent avec des tendances émergentes. Une remarque qui a fait réagir le Pr Ba : «il y a des drogues qui font de plus en plus leur apparition et qui posent beaucoup de problèmes. C’est l’exemple du volet, des ballons. Il y a d’autres formes d’addiction qui sont sans substance dont les jeux d’argent, l’addiction sexuelle, l’addition aux smartphones parmi tant d’autres qui nous paraissent important d’aborder et d’engager ». Revenant sur les statistiques du centre depuis le démarrage de ses activités en 2015, le Pr Ba a renseigné : « le centre reçoit annuellement 500 nouvelles demandes. Actuellement, nous avons une file active de près de 4000 patients qui sont suivis par le Cepiad. Et au niveau de cette prise en charge, nous avons un programme important et c’est par rapport aux drogues injectables, les OPIAC, l’héroïne. On a également le programme méthadone qui constitue à inclure dans ce programme les gens dépendant des OPIAC notamment l’héroïne. Et dans ce programme, nous avons enregistré 300 personnes qui ont été incluses ». Et d’attester : « ce programme est confronté à beaucoup de difficultés liées à cette stigmatisation et cette discrimination qui font que les gens ont beaucoup de problèmes à y avoir accès mais surtout à y rester »
UNE PRISE EN CHARGE DECENTRALISEE
Pour le professeur Ba, ils sont engagés dans un processus de décentralisation. A cet effet, il a renseigné qu’il n’y a pas que le Cepiad au Sénégal, quatre autres structures existent aussi et prennent en charge les consommateurs de drogue. « Il y en a une unité d’addictologie à Thiaroye, une autre à l’hôpital de Mbour, une à l’hôpital de Kaolack et enfin au centre de Mbacké. Il faut que l’Etat et les autorités s’impliquent davantage pour que nous puissions faire face à cette demande de plus en plus croissante ».a-t-il estimé. Et de faire comprendre : « qu’en matière d’addition, il n’y a pas de sexe ou d’âge. Mais les femmes constituent l’une de nos préoccupations. A peu près, c’est 10% de nos populations. Nous savons qu’il y en a plus, il faut que nous soyons beaucoup plus focus sur ces dernières. C’est pourquoi les activités de ces journées ont beaucoup ciblé les femmes. Il s’agit d’activités génératrices de revenus parce que dans l’addiction aussi, il y a un problème économique et social, ce sont des femmes avec qui il faut faire des activités d’estime de soi comme la coiffure, la teinture entre autres ».