LE PREMIER SATELLITE MADE IN SÉNÉGAL BIENTÔT DANS L'ESPACE
L'aventure spatiale du Sénégal est sur le point de décoller: après plusieurs années de formation, le tout premier engin conçu localement, Gaindesat, est prêt à être lancé depuis les États-Unis grâce à la fusée Falcon 9 de SpaceX
Le lancement par une fusée SpaceX du premier petit engin spatial conçu et fabriqué par des ingénieurs sénégalais est prévu au cours du premier semestre 2024 depuis la Floride, selon une dépêche du quotidien français Le Monde publiée le 15 décembre 2023. Baptisé Gaindesat, ce nanosatellite de dix centimètres d'arête doit être officiellement réceptionné par l'État du Sénégal le même jour, avant son décollage à bord d'une fusée de l'entreprise américaine SpaceX fondée par Elon Musk.
Une fois en orbite, Gaindesat aura deux missions principales. La première consistera à collecter des données pour le compte d'agences sénégalaises telles que la Direction de la gestion et de la planification des ressources en eau, l'Agence nationale de l'aviation civile et de la météorologie ou l'Office des lacs et des cours d'eau. "Ces structures ont des stations un peu partout sur le territoire sénégalais pour faire des mesures. Mais c'est compliqué et coûteux de récupérer les données, il faut même parfois se déplacer sur place pour brancher un ordinateur. Avec le satellite, on va pouvoir mieux communiquer avec les stations et partager les informations collectées", explique Ismaïla Sall, responsable technique du projet et ingénieur spatial sénégalais de 28 ans, formé à Montpellier.
La seconde mission consistera à prendre des images satellites du Sénégal grâce à une caméra embarquée, afin de collecter des données pour de futurs développements. Le satellite passera au-dessus du pays environ quatre fois par jour pendant six à sept minutes. Avec ce premier nanosatellite, le Sénégal deviendra le deuxième État francophone d'Afrique subsaharienne après Djibouti à disposer de son propre engin spatial.
L'aventure spatiale sénégalaise a débuté en 2019 avec un premier accord signé avec ArianeGroup, finalement retiré du projet en raison de la pandémie de Covid-19. En parallèle, le pays s'est doté en 2023 d'une agence spatiale nationale dirigée par l'astronome Maram Kairé. Pour former les ingénieurs à la fabrication du satellite, conçu par le Centre spatial universitaire de Montpellier, une convention a été signée pour plus d'un million d'euros. Huit ingénieurs et cinq techniciens sénégalais ont ainsi été formés afin qu'ils puissent à leur tour transmettre leurs compétences.
Gaindesat sera placé en orbite basse, à environ 550 km d'altitude, pour une durée de vie estimée à cinq ans. Bien que le Sénégal ne prévoie pas pour le moment un deuxième satellite, le coordinateur du projet assure que "notre objectif est de créer un nouveau secteur d'activité embauchant beaucoup". Avec la formation de jeunes ingénieurs, le pays espère ainsi développer un écosystème propice à l'émergence d'entreprises spatiales nationales.