LES AFRICAINS OBSERVENT, ENTRE ESPOIRS ET DOUTES, LE DUEL BIDEN-TRUMP
Un retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche suscite des réactions mitigées sur le continent, où son premier mandat n'avait pas démontré un grand intérêt pour l'Afrique

Alors que les élections présidentielles américaines de novembre approchent, de nombreux observateurs africains scrutent avec attention les résultats à venir. Un retour potentiel de Donald Trump à la Maison Blanche suscite en effet des réactions mitigées sur le continent, où son premier mandat n'avait pas démontré un grand intérêt pour l'Afrique.
Selon Christian Moleka, coordinateur national du réseau Dypol de chercheurs en sciences politiques en République démocratique du Congo (RDC), interrogé par l'AFP, "un retour de Trump signifierait une réduction de l'implication américaine dans tout ce qui est multilatéralisme, comme la question du climat, et possiblement une réduction de l'aide au développement". Une administration centrée sur "l'Amérique d'abord" et en rivalité commerciale avec la Chine pourrait également être "moins exigeante avec les gouvernements africains en matière de démocratie et respect des droits humains", ajoute-t-il.
Cette approche conviendrait à certains dirigeants africains lassés des critiques occidentales sur les reculs démocratiques, selon M. Moleka. Kelma Manatouma, professeur de sciences politiques à l'université de N'Djamena au Tchad, estime également qu'un retour de Trump "encouragerait les pouvoirs forts en Afrique" et permettrait aux régimes autoritaires du continent de "renouer ouvertement les liens avec la Russie et la Chine".
Le manque de respect de Donald Trump pour les règles démocratiques dans son propre pays a par ailleurs terni l'image des États-Unis auprès de certains pays africains. C'est le cas en Afrique du Sud, dont le parti au pouvoir s'est moqué des appels à la supervision d'élections américaines, mettant en avant le bilan démocratique du pays. Prétoria entretient également des relations tendues avec Washington sur le conflit israélo-palestinien.
D'autres observateurs s'inquiètent qu'un retour de Donald Trump ne compromette l'aide militaire américaine contre les groupes terroristes en Somalie et dans la Corne de l'Afrique. Le retrait de troupes américaines ordonné par Trump en 2021 avant son départ avait été annulé par Joe Biden. "Cela serait très problématique si Trump revenait sur cette décision", alerte Samira Gaid, consultante sur la Corne de l'Afrique, car l'encadrement américain est essentiel aux forces somaliennes.
Pour Julius Kattah, économiste à l’université du Ghana cité par l'AFP, l'Afrique "pourrait au final regretter" Joe Biden qui a "ravivé les relations avec le continent", contrairement à son prédécesseur qui l'avait "pratiquement abandonné". Une victoire de Donald Trump signifierait un retour à cette politique de désintérêt pour l'Afrique.