LES DESSOUS D'UN DÎNER CONFIDENTIEL
Cash Investigation" révèle que certains consultants de McKinsey France ont été associés très tôt aux ambitions présidentielles d’Emmanuel Macron. Extrait d'une enquête à voir le 17 septembre à 21h10 sur France 2.
Cash Investigation" révèle que certains consultants de McKinsey France ont été associés très tôt aux ambitions présidentielles d’Emmanuel Macron. Extrait d'une enquête à voir le 17 septembre à 21h10 sur France 2.
En 2015, Emmanuel Macron est ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique dans le gouvernement de François Hollande. Nul ne connaît alors ses ambitions pour le futur : il n'annoncera sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 qu'un an plus tard, en novembre 2016.
Le 15 octobre 2015, un dîner appelé "Fondation" est organisé à Bercy. Les invitations sont envoyées par mail par le secrétariat du ministre, Emmanuel Macron. "Cash Investigation" s'est procuré ce mail et a rencontré un homme qui faisait partie des invités. Celui-ci s'exprime pour la première fois et témoigne à visage caché. Il se rend à ce dîner sans se douter qu'il sera décisif. Selon ce témoin, la tablée comprend une vingtaine de personnes, dont Emmanuel Macron, sa femme Brigitte, des membres de son cabinet, mais aussi des salariés de McKinsey, quelques patrons d'entreprises et des dirigeants de groupes de réflexion politiques. Il s'agit d'un dîner formel, avec serveurs en tenue.
En 2015, des équipes pour "travailler à l'avenir" d'Emmanuel Macron
"D'abord, Emmanuel Macron introduit la séance en expliquant qu'il réfléchit à son avenir, tout simplement, raconte notre témoin. Là, ça devient assez marqué qu'on est en train de parler de l'avenir d'Emmanuel Macron. Et Brigitte Macron explique notamment qu'elle croit que son mari a un rôle pour la France à jouer, qu'il faut lui faire des propositions ambitieuses." A partir de ce moment, "tout devient plus clair sur le fait qu'Emmanuel Macron a constitué de manière plus ou moins informelle des équipes autour de lui pour travailler à son avenir".
Karim Tadjeddine, à l'époque consultant à la tête du département service public de McKinsey, chargé des missions pour l'Etat, "présente auprès d'Emmanuel Macron son projet qui a pour nom de code 'Chicxulub'...", selon notre témoin.
La "fin des dinosaures", un projet politique...
Chicxulub, kézaco ? Il s'agit d'un immense cratère près de la péninsule du Yucatán, au Mexique, causé par la chute d'un astéroïde géant il y a environ 66 millions d'années. Une explosion mille fois plus puissante que la bombe d'Hiroshima qui aurait entraîné la mort des dinosaures. Mais que peut bien signifier Chicxulub dans ce contexte ? S'agirait-il de la fin des dinosaures en politique ? Chicxulub, c'est en réalité un nom de code pour parler du projet politique d'Emmanuel Macron.
Le futur candidat créera l’année suivante, en avril 2016, son parti politique, En Marche, et annoncera qu’il se présente à l’élection présidentielle quelques mois plus tard. La justice s’intéresse notamment à cette période de campagne. Deux informations judiciaires ont été ouvertes par le Parquet national financier pour "tenue non conforme de comptes de campagne" et "minoration d'éléments comptables dans un compte de campagne" ainsi que pour "des chefs de favoritisme et recel de favoritisme".
Karim Tadjeddine a refusé toutes les demandes d'interview de "Cash Investigation". Questionné par écrit, voici sa réponse : "Je me suis engagé dans la campagne de 2017 à titre personnel."
Le cabinet de conseil McKinsey a également refusé toute interview. Interrogé par écrit, voici sa réponse : "McKinsey reconnaît pleinement le droit de ses collaborateurs à prendre part, dans le respect de la légalité et à titre personnel, à des activités civiques et politiques."