MOMAR SEYNI NDIAYE, UN PÈLERINAGE TERRESTRE RÉUSSI
Ta densité intellectuelle, tes aptitudes professionnelles irréfutables et ta connaissance de l’histoire politique du Sénégal, voire de l’Afrique, n’ont pas fait de toi une personne présomptueuse, mégalo ou irrévérencieuse, mais toujours humble
Jeudi dernier, on a vu une mobilisation exceptionnelle du gotha médiatique pour rendre un dernier hommage au Grand Momar Seyni, un monument. Un professionnel au bout des ongles qui a laissé une empreinte indélébile dans la presse sénégalaise. Journaliste, analyste politique et formateur, Momar Seyni était bon partout où il était intervenu. Depuis le 10 avril dernier, il a terminé son pèlerinage sur terre et toute la corporation pleure un professionnel aguerri et intègre. En apprenant la nouvelle, j'avais un fort espoir que ce serait un canular de notre ère que l'on désigne généralement par l'anglicisme fake-news. Mais ce ne fut pas le cas.
Par cette matinée du mercredi 10 avril 2019, alors que j’étais à mon lieu de travail, mon téléphone sonne. À l’écran, j’identifie bien le numéro. Il s’agit de mon colocataire, un confrère. Je m’attendais à ce qu’il me demande un contact ou qu’il me parle éventuellement d’une de nos factures. Mais ce ne fut pas le cas. Après les civilités, sa question était : «Es-tu es courant que ton ami Momar n’y est plus » ? Ma réponse en toute spontanéité, fut : « Quoi ? Ce n’est pas vrai !». Cette réaction vient de ce que je n’avais eu connaissance de la moindre maladie dont Momar serait l’objet.
En vérité, mon correspondant cherchait à vérifier l’info auprès de moi sans savoir qu’il m’informait au même moment. Je lui demandai s’il avait eut vent de sa maladie éventuelle. Il me dit, pas du tout et qu’en revanche, il l'avait interviewé trois jours plus tôt pour réagir à la formation du nouveau gouvernement sur la radio pour laquelle il travaillait. Mon correspondant précise qu'il se portait comme un charme. Sur ce, nous prîmes congé l’un de l’autre au téléphone. Encore sceptique ou plutôt dans le déni, je décidai de vérifier la nouvelle. Je me fie d’abord à Google, introduisant tout simplement les nom et prénoms de Momar Seyni Ndiaye.
Je trouvai l’info sans précisions sur un de ces sites sans envergure et pas vraiment connu, qui n’entre pas dans la liste de ce que je considère comme site sérieux. Et donc, je me sentis quelque peu apaisé, espérant que ma présomption première que ce soit une fake news, se confirme. Encore que l’information ne fût relayée que par ce seul site.
Mais je continuai mes recherches. J’appellai un ancien collègue qui, lui aussi était en quête de la même information. Je patientai un moment.
Quelques minutes après, j’interrogeai de nouveau Google : «Momar Seyni Ndiaye». C’est alors que j'ai trouvé qu’un autre site avait non seulement publié l’information, mais précisait avoir obtenu confirmation de son frère. Quelques minutes plus tard, je consulte un troisième site, puis un quatrième, etc. et chaque fois, j’avais un peu plus de précisions. C’est en ce moment que j’accepté la réalité. Ainsi, Grand Momar, tu nous as quittés sur la pointe des pieds. Nous sommes sevrés brusquement de tes décryptages, tes analyses de fond sur la marche du pays. Ton pèlerinage est terminé. Mais sache que tu n’as pas vécu inutilement. On se souviendra toujours de toi. Repose en paix !
Momar Seyni Ndiaye et SenePlus.Com
Nos chemins se sont croisés en 2012, au début de l’aventure de SenePlus. Tu étais un collaborateur qui a beaucoup apporté à ce portail d’information de par la qualité de tes productions. Tes analyses avisées et profondes ont contribué fortement à l’aura de ce site et le temps passant, à lui rendre ses lettres de noblesse. Beaucoup de tes lecteurs, moi y compris, sommes admiratifs de ta fine plume, de ton courage à dire les choses avec intelligence, adresse et élégance. Sans excès.
Lorsqu’il fallait lancer le talk-show «Sans Détour » que fait SenePlus en partenariat avec l’école de formation Sup Imax, tu as été aussi là en tant que présentateur pour challenger des personnalités qui passaient dans l’émission. Ces dernières années, on t’a plus entendu sur des chaines de radio, de télé et surtout comme chroniqueur du magazine «L’Essentiel» sur la Sen tv. Tu comprends donc qu'à travers ta disparu, c'est un monument de la presse sénégalaise que nous avons perdu.
Un fin et perspicace analyste
Ta densité intellectuelle, tes aptitudes professionnelles irréfutables et ta connaissance de l’histoire politique du Sénégal, voire de l’Afrique, n’ont pas fait de toi une personne présomptueuse, mégalo ou irrévérencieux. Bien au contraire, tu es resté un journaliste humble, la tête sur les épaules et les pieds sur terre, au même niveau que tes semblables.
Toujours percutent et pertinent, tes analyses sont toujours frappées du sceau de la distance et de l’équilibre. Chaque fois qu’on t’écoutait ou qu’on te lisait, on apprenait toujours quelque chose de nouveau pour les plus jeunes, et on se remémorait des pans de l’histoire, pour les seniors. Pour moi, tu étais un journaliste modèle, une référence dont le Sénégal peut s'enorgueillir.
Tu as énormément aidé à poser certains débats, à rendre intelligibles certaines problématiques contemporaines. Ainsi le grand Momar, tu nous as laissés. Tu t’es endormi pour toujours. Dors en paix. C’est toute la corporation qui te pleure. Jeudi dernier, presque toute ta famille professionnelle était-là. Une mobilisation exceptionnelle pour t’accompagner dans ta dernière demeure : les jeunes, les anciens, voire les très anciens. Quasiment tous les patrons de presse y étaient ainsi que quelques ministres de la République.