CHEIKH AMAR AU COEUR D'UN SCANDALE D'ÉTAT
Le patron de TSE est cité dans une affaire de rétrocommission. La Cour de répression de l'enrichissement illicite suit de près le dossier
En enquêtant sur la richesse de Madické Niang, dans l’affaire des biens mal acquis, les enquêteurs sont tombés sur du lourd. Suite à une requête des gendarmes enquêteurs, la Bicis a répondu avoir trouvé dans ses livres le compte bancaire K001001528000504700068 appartenant à la société MDL (Minéral Déposit Limited Sénégal) qui exploite actuellement le zircon dans la région de Thiès.
Le dit compte désormais clôturé a intrigué la direction de la Bicis qui dans sa lettre réponse aux enquêteurs souligne qu’il y a eu « des mouvements d’opérations remarquables ». Opérations remarquables ? Le mot est lâché. La direction de la Bicis livre ainsi le nom de Cheikh Amar et de son entreprise TSE ainsi qu’une autre structure appartenant à un de ses frères.
Ce beau monde a bénéficié entre 2007 et 2008, de pas moins de 12 milliards de francs CFA débités des comptes de MDL en leur faveur. Ainsi, les enquêteurs ont découvert le chèque Bicis de MDL, Numéro 01528 000504 70006873 émis pour le compte de TSE pour un montant de 5 milliards de FCFA, le 20 septembre 2007. Le même jour , un autre chèque BICIS d'un montant de 2,5 milliards FCFA, est émis.
En une journée donc, TSE Afrique a encaissé 7,5 milliards FCFA. Le 27 novembre 2007 le manège recommence, TSE reçoit un autre chèque BICIS de 2,5 milliards , trois jours plus tard le 30 Novembre 2007 l'entreprise Sénégal Business Développement qui appartient à un proche du boss de TSE reçoit un chèque de 1 milliard 771.440 millions.
Le 19 février 2008, la même entreprise reçoit un chèque de 664.605.000. Soit au total 12 milliards 436 millions perçus de MDL par Cheikh Amar. et son frère Tous ces paiements ont été effectués en moins de six mois, une vitesse qui a intrigué la banque au point que celle-ci n'a pas manqué de le signaler aux enquêteurs de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei).
Dès lors il faut se demander, comment le nom de Cheikh Amar est sorti dans une enquête qui visait au départ Me Madické Niang ? C’est simple : dès le début de la traque, des informations parvenues aux enquêteurs, ont fait état de supposées rétro-commissions dans l’octroi d’un contrat d’exploitation du zircon et de l’or sénégalais à MDL. «Les contrats qui lient MDL à l’État du Sénégal sont toujours demeurés flous ».
Ainsi, les enquêteurs ont voulu savoir quel lien le ministre des mines de l’époque, Me Madické Niang signataire des contrats avait avec l’entreprise MDL. C’est pourquoi d’ailleurs le champs des investigations a été étendu aux épouses de l’ancien ministre ainsi qu’à ses enfants. Des recherches sur lesquelles la Bicis n’a pas trouvé d’informations particulières, mais c’est en menant ses investigations dans son système d’informations que la banque a découvert des paiements suspects de MDL à la société de Cheikh Amar qui n’a pas de spécialisation ni dans l’or, ni dans le zircon, les deux domaines d’intervention de MDL.
De si gros paiements ne peuvent être faits qu’à des sociétés du secteur, ce n’est pas le cas de TSE Afrique, ni de Sénégal Business Développement.
Selon nos informations, ce paiement s’est fait sans aucune prestation particulière. Aux dates des différents paiements, MDL n’avait démarré aucune activité particulière au Sénégal et était en train de négocier son installation dans le sud-est pour l’or et à Diogo dans le département de Tivaouane pour le zircon. Pour l’or, les activités ont démarré en 2009 et pour le zircon en 2013, soit bien des années après.
Les enquêteurs se sont demandés quels sont les liens entre Madické Niang et Cheikh Amar. «Au moment où ces milliards ont été versés à Cheikh Amar, les deux hommes étaient parmi le dernier cercle de Abdoulaye Wade et c’était de notoriété publique qu’ils étaient parmi les bailleurs de l’ancien système ». Suffisant pour parler de rétro-commissions ?