«Je regrette que l’on viole la présomption d’innocence sous le prétexte d’une communication »
Me DEMBA CIRE BATHYLY AVOCAT DE KARIM WADE

Me Demba Ciré Bathily a dénoncé la sortie hier, mardi 16 avril, du Procureur spécial près de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) qui faisait le point sur le dossier concernant Karim Wade, placé lundi dernier en garde à vue. L’avocat de l’ancien ministre qui a réagi sur les ondes de la radio Radio Futur média (Rfm), estime que la communication du Procureur constitue une violation de la présomption d’innocence.
Me Demba Ciré Bathily s’est élevé contre la sortie des procureurs de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) hier, au lendemain de la mise en demeure suivi de la garde à vue de l’ancien ministre Karim Wade. « Je regrette que l’on viole la présomption d’innocence sous le prétexte d’une communication. Que l’on soit à une campagne auprès de l’opinion. Nous n’avons cessé de rappeler que nous sommes dans un dossier judiciaire et il y a des règles », se désole ce membre du pool d’avocat du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade. Selon lui, c’est tout bonnement le secret de l’enquête qui se trouve ainsi « violé» en donnant les éléments du dossier.
« Sans le dire, on a essayé de dévoiler des éléments qui relèvent de l’enquête en donnant des mécanismes de montage. Tout cela appartient au dossier d’enquête. Lorsque vous faites une communication sur l’intégralité de votre dossier, à partir de ce moment, on peut admettre à la limite que vous êtes dans une communication dans le but de convaincre l’opinion. Alors que l’opinion sénégalaise ce qui l’intéresse ce n’est pas ce que vous dites mais, c’est la vérité», indique-t-il.
Me Bathily reste persuadé que «la vérité éclatera au grand jour », car soutient –il, «on ne peut pas tromper les gens éternellement. Lorsque vous arrêtez des gens, vous êtes obligé de les juger dans un procès public où l’opinion sera là. A partir de ce moment là, vous serez en face de gens qui sont outillés pour analyser tous les éléments d’accusation et de preuves », défend-t-il.
L’avocat a ainsi estimé que l’arrestation de son client et de toutes les autres personnes placées avec lui en garde à vue « est arbitraire », soulignant qu’elle était « non seulement programmée mais les mis en cause avaient déjà été désignés comme coupables devant l’opinion », déclare l’avocat.
Avant de poursuivre : «Si on vous communique un document de 3000 pages et des annexes, si vous prenez les choses avec sérénité, ayez le temps de les étudier. La présentation n’était qu’une forme parce que l’arrestation de nos clients était programmée d’avance depuis samedi. Il y a un agenda qui était conçu et préparé d’avance. A partir de ce moment nous ne sommes plus dans une procédure judiciaire. Mais la vérité finira toujours par triompher», conclut Me Ciré Bathily.