VIDEOC'ÉTAIT LE BON VIEUX TEMPS
EXCLUSIF SENEPLUS - Médoune et Orchestra Baobab sont importants parce qu'ils ont crée une musique à la fois sénégalaise, africaine et internationale - L'homme qui vient de mourir fut le marqueur d'une période essentielle de l'histoire musicale de ce pays
L’homme qui vient de mourir ne fut pas seulement un grand musicien, un grand chanteur. Il fut, avec le groupe dont il fut l’une des figures emblématiques, le marqueur d’une période essentielle de l’histoire musicale de ce pays et même de l’Afrique de l’Ouest.
Il faut se rappeler de la période, des lieux et des artistes. Et les faire connaitre au moins de 40 ans. Je vous parle d’un temps, de lieux et de personnages d’un autre temps. Le temps, c’est la décennie entre 1970 et 1980.
De la création de l’Orchestra Baobab, à partir de musiciens du Star Band, sous l’égide dit-on de feu Oumar Barro Ndiaye. Au passage à vide qui conduira à la dissolution effective dix ans plus tard.
Les lieux. Je veux parler des endroits qui ont servi de creuset et de lieux d’expression du groupe. Il y a la « boite » Le Miami de la Médina ou officiait le Star Band. Il y a aussi cette autre boite, Le Club Baobab, de la rue Jules Ferry, dont le groupe prendra le nom et qui deviendra son antre. On ne peut oublier ici le studio Golden Baobab qui gravera les premiers sons.
Les personnages de l’épopée. Il y a bien sur et d’abord les musiciens. Baro Ndiaye, sax et premier chef d’orchestre. Laye Mboup le premier lead vocal. Ndiouga Dieng. Le guitariste Barth Attisso. L’autre guitariste Bengelloum. Le timbaliste Balla Sidibé. Les saxs Issa Cissoko et Tierno Koité. Le bassiste Charles Ndiaye. Les chanteurs Thione Seck et Rudy Gomis . J’en oublie certainement parmi les musiciens fondamentaux. Comment oublier de citer ici, le producteur arrangeur indispensable que fut Ibrahima Sylla dont le label Syllard à gravé l’essentiel de l’œuvre. Aussi Nick Gold producteur de la « deuxième vie » du groupe à partir de 1987 et qui lui voudra ses plus grands succès internationaux et certainement la source des royalties dont ils bénéficient de nos jours.
Médoune Diallo et l'Orchestra Baobab sont importants parce qu’ils ont crée un « son », avant le mbalax, avant le rap, qui me parait « fondamental » pour la musique moderne du Sénégal. A mon sens ils ont crée une musique à la fois véritablement sénégalaise dans sa diversité, africaine et internationale. Le « mbalax » tuera l’Orchestra Baobab précisément pour ces raisons là. Cette nouvelle musique survenant à un moment ou le Sénégal (pour diverses raisons) reniera sa diversité africaine et se recroquevillera sur sa seule identité wolof. Alors que le son de l’Orchestra Baobab fusionnait de multiples influences, saloum-saloum, cayoriennes et séreres (Laye Mboup et Ndiouga Dieng), mandingues (Issa Cissoko et Tierno Koité), créole casamançaises (Rudy Gomis), béninois-togolaises (Barth Attisso), métis marocaines (Bengeloum), celui du mbalax se cristallisera autour du wolof exclusivement.
Mais encore aujourd’hui, du mbalax au rap, dans toutes les musiques modernes du Sénégal, il reste toujours quelque chose de l’Orchestra Baobab. Quelque chose de Médoune Diallo.
Repose en paix, Maestro !