LE PERMIS À POINTS POUR TOUS DÈS JUILLET PROCHAIN
Au cours de ces trois dernières années, une moyenne annuelle de 4554 accidents de la route par an, dont plus de 600 décès, ont été enregistrés
Au cours de ces trois dernières années, une moyenne annuelle de 4554 accidents de la route par an, dont plus de 600 décès, ont été enregistrés. Soit une moyenne de 2 morts par jour. De quoi alerter le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Abdoulaye Daouda Diallo, qui entrevoit «la prise en charge de mesures drastiques», dont l’effectivité du permis à points dès juillet prochain pour y remédier. Il a présidé, hier jeudi, le lancement de la 16ème édition de la semaine nationale de la prévention routière qui se tiendra du 12 au 18 avril, avec comme thème «Quelles solutions face aux nombreux accidents de la route ?».
600 morts par an, soit 2 décès par jours, c’est en moyenne le nombre de personnes qui perdent la vie dans des accidents de la route au Sénégal. Au cours de ces trois dernières années, une moyenne annuelle de 4554 accidents de la circulation ont été enregistrés chaque année dans notre pays. En effet, malgré les efforts consentis visant à réduire drastiquement ces incidents, les accidents de la route persistent, constate, pour le déplorer, Abdoulaye Daouda Diallo. «Nous avons constaté de façon alarmante que la rue tue beaucoup au Senegal. L’on s’est rendu compte que 2 personnes meurent par jour à cause des accidents de la circulation. C’est beaucoup; il y a lieu, à partir de cet instant, de travailler à réduire drastiquement ce phénomène des accidents de la circulation. C’est vrai qu’on a un objectif de réduction de 35% à l’horizon 2020, mais je crois qu’il y a lieu de travailler à avoir un résultat meilleur: c’est encore beaucoup. 35%, cela veut dire qu’on aura au moins 1mort par jour du fait de l’accident de la circulation», renseigne le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement. Il s’exprimait, hier jeudi, lors de la cérémonie de lancement de la 16ème édition de la semaine nationale de la prévention routière qui se déroulera du 12 au 18 avril.
LA PREVENTION, UN FACTEUR CLE DE SUCCES
Pour y parvenir, le ministre compte miser sur la prévention car, estime-t-il, «la prévention c’est dans l’éducation, la prévention c’est dans la construction d’infrastructures, la prévention c’est aussi dans le changement du parc des véhicules, des gros porteurs, des transports de personnes en général. Mais aussi par rapport aux sanctions, aux fautes constatées car le métier de chauffeur est le seul métier où il n’est pas permis de faire une faute ou une erreur. Parce que très souvent cela se traduit toujours par des morts d’hommes. Quelqu’un peut faire une erreur en écriture et on prend un blanco, mais s’il s’agit de la route alors elle peut être fatale».
RENOUVELLEMENT DU PARC AUTOMOBILE, MOBILITE NOCTURNE
Par rapport à l’effectivité de la lancinante question du permis à points qui ne fait pas l’unanimité entre les acteurs du transport, Abdoulaye Daouda Diallo laisse entendre: «nous allons mettre en place, à partir du mois de juillet de cette année, les permis à points pour tous. Je le rappelle, ce sont des permis qui sont destinés à tous les usagers de la route. Ils ne seront pas exclusivement destinés aux transporteurs, ils le seront pour les détenteurs du permis de conduire. Cela veut dire que s’il y a des sanctions avec des retraits de points, ce sera pour tout le monde». Le ministre de poursuivre, dans le listing de mesures prises, qu’ «en dehors des permis à points», les autorités vont s’atteler au «renouvellement du parc automobile de concert avec les acteurs concernés, la mise en place de routes qui répondent aux normes de circulation dans la sécurité routière, dans l’obtention des permis et la qualité des services rendus aux usagers. La mesure la plus importante concerne la mobilité nocturne, parce que nos routes sont très mal éclairées, le parc est vétuste, par moments les routes présentent aussi des faiblesses dans certains segments durant la circulation nocturne. Pour les conducteurs de 2 roues, ce que nous avons commencé à faire, c’est de travailler dans l’immatriculation de ces véhicules-là. Ensuite travailler dans leur sécurité avec le port des casques, et travailler à une meilleure sensibilisation pour le changement des écarts de comportement».
DES ASSISES SUR LA SECURITE ROUTIERE POUR LA VALIDATION DES MESURES PRISES
Pour sa part, le président de la Nouvelle Prévention Routière du Sénégal (NPRS), Ibrahima Gueye, lui, soutient qu’«avant tout chose, il faut que les transporteurs prennent conscience de leur rôle. Si les infrastructures routières ont été améliorées, il reste la sensibilisation des usagers sur les dangers de la route en vue d’obtenir l’adhé- sion complète de ces derniers pour tirer les premières mesures. C’est-à-dire qu’il nous faut des assises sur la sécurité routière pour valider tout ce que l’Etat a retenu comme mesures. La concertation est indispensable à ce niveau, compte tenu d’une certaine indiscipline qui est entrain de gangré- ner les acteurs de la route».
LA SECURITE ROUTIERE, L’AFFAIRE DE TOUS
Quant à Makhtar Faye, directeur exécutif de la NPRS, il estime que «la sécurité ne doit pas être vécue comme une contrainte, mais comme un projet collectif, un projet auquel les Sénégalais adhérent, un projet dans lequel ils se reconnaissent et qu’ils soutiennent. Des solutions existent, mais pour les mettre en œuvre, il nous faudra, au-delà de la pédagogie, du courage, de la vigilance et de la détermination».
PRISE DE MESURE POUR LA REDUCTION DRASTIQUES DES ACCIDENTS ROUTIERS Gora Khouma démonte Abdoulaye Daouda Diallo
Gora Khouma, le Secrétaire général de l’Union des Routiers du Sénégal, affilié à la CNTS/FC, nage à contre-courant des mesures déclarées par le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et du Désenclavement, Abdoulaye Daouda Diallo. Pour lui, la solution ne réside pas dans «les sanctions» à l’encontre des conducteurs, même si elles sont nécessaires. Mais la priorité devrait être «l’amélioration des infrastructures» notamment les routes. «Comment est-ce qu’on peut demander un résultat surtout positif à un travailleur qui n’est pas mis dans de bonnes conditions. Les chauffeurs du Sénégal ne sont pas mis dans de bonnes conditions. Il n’y a pas de retraite, pas de déclaration au niveau de la Caisse de sécurité sociale ni de l’IPRES; les conditions sont mauvaises et on demande de ne pas faire d’accident», s’étonne-il ? Gora Khouma de proposer par ailleurs l’agrandissement des routes en 2 fois 2 voies. «L’Etat du Sénégal doit élargir les routes. De 1960 à nos jours, c’est le même dimensionnement des deux voies de 7 mètres. Alors qu’il y a des millions de véhicules qui se sont rajoutés. Le parc est vétuste, les conditions de vie des travailleurs ne sont pas bonnes. Et mettre des routes de 2 fois 2 voies sécurisées. Mais la solution, ce n’est de taper sur les chauffeurs ou la création de nouvelles sanctions», estime-t-il.