LE PIT À L'AISE DANS BENNOO
Parrainage, présidentielle 2019, attaque de l'opposition, remous dans les partis de gauche - ENTRETIEN AVEC SAMBA SY
Membre de la mouvance présidentielle, le Parti de l’indépendance et du travail (Pit) se porte bien. C’est ce qu’a confié son leader, Samba Sy qui, dans cet entretien, aborde plusieurs sujets dont le parrainage, la présidentielle 2019, les attaques de l’opposition et les remous dans les partis de gauche.
« C’est toujours extrêmement difficile que de se mettre en face du miroir et d’avoir un regard objectif sur ce que le miroir vous renvoie. Face au miroir, beaucoup d’entre-nous ont un sourire très satisfait, parce qu’ils sont contents d’eux-mêmes. Amoureux de soi-même, il est très difficile de s’apprécier, mais enfin, puisque vous me poussez à l’exercice, je voudrais dire que le Parti de l’indépendance et du travail se porte bien », a déclaré Samba Sy, secrétaire général du Pit. Etayant ses propos, Samba Sy a invoqué les récentes réunions des instances de son parti. « Nous avons réuni, le week-end passé, d’abord le bureau politique et ensuite le comité central. Nous l’avons consacré à des questions d’organisation. Ce que nous nous sommes dit est qu’il fallait que nous nous dotions de tous les outils nécessaires pour être davantage performants parce que c’est l’heure qui le commande », a-t-il souligné.
Il dit avoir conscience qu’un parti ne se juge pas seulement par le nombre de militants. Il insiste sur les ressources humaines dont il dispose. « Sans vouloir être fanfaron, je crois que le Pit occupe sa place dans le paysage politique national », martèle-t-il.
Il fait remarquer que le Pit fait recours à une élaboration collective. « Le secrétaire général n’a qu’une voix. Comme les autres membres du comité central ont une voix. Nous trouvons le temps de nous asseoir. Nous mettons à plat les problèmes. Nous réfléchissons et nous les insérons dans le contexte pas seulement national, mais international », dit-il. A partir de cela, a poursuivi M. Sy, « nous élaborons des hypothèses de travail. De nos discussions, ressortent souvent des prises de position incomprises au départ, mais qui finissent par s’imposer, parce que nous nous donnons le temps de la réflexion ». Le leader du Pit a indiqué que les responsables de son parti ne sont pas « des hommes politiques improvisés ». « Ceux qui sont dans le parti, y sont par conviction et par idéal. Ils sont attachés à l’intérêt national », fait-il savoir.
Rempart contre les forces revanchardes
« Nous avons une lecture objective sur ce qui est en train de se passer dans notre pays. Il y a un débat autour du système de parrainage, alors que le parrainage a été instauré pour donner une rationalité à l’espace politique », a déclaré le leader du Pit. Samba Sy a rappelé les 47 listes enregistrées lors des dernières élections législatives. « Les dernières élections montrent que si des mesures ne sont pas prises, nous risquons d’arriver à une situation où nous organisons une élection et le jour du vote nous ne pourrons pas nous en sortir parce que le rythme des choses serait tel que le temps de la journée ne suffira pas », a-t-il fait remarquer. « Nous ne pouvons pas nous amuser à nous paralyser de cette manière surtout quand il s’agit de choisir quelqu’un d’aussi important dans ce pays à savoir le président de la République », a ajouté M. Sy.
Le leader du Pit a laissé entendre que des forces se sont agrégées autour de la question du parrainage. « Vous avez vu tout ce qui a été mobilisé pour freiner ce pays, y compris par le choix de susciter la violence. Cette fois-ci, la violence physique a voulu prendre le dessus sur la violence verbale », a-t-il déploré. « Quand nous disons construire un rempart imprenable, cela veut dire mettre ensemble tous les Sénégalais imbus de l’idéal de progrès partagé comme c’est le cas à Bennoo Bokk Yaakaar. La mise en conjugaison de ces forces fera reculer les forces revanchardes qui veulent ramener le pays à ce qu’il fut en 2011. Et ça aucun Sénégalais n’est disposé à l’accepter », a indiqué le leader du Pit.
Tout en s’abstenant de citer nommément l’opposition, Samba Sy a martelé : « nous faisons allusion à toutes ces forces composites qui s’agrègent, aujourd’hui, autour d’un dessein plutôt flou. Nous parlons de tous ces Sénégalais qui auraient d’autres desseins, parce que notre pays est devenu attractif. Ce pays dispose de ressources naturelles avérées. Nous avons l’obligation d’ouvrir les yeux, de faire attention ». « Nous devons renforcer la cohésion nationale, l’unité des Sénégalais, la convergence de vues. Tout ce qui peut nous distraire de ce chemin est un danger non négligeable », a-t-il alerté.
S’agissant des querelles de leadership souvent notés au sein de la coalition, Bby, Samba Sy a lancé : « il faut être juste avec Bennoo Bokk Yaakaar. Rarement pour un observateur politique, on aura vu une coalition qui aura résisté autant au temps. Au fond, quand on regarde les choses sans passions particulière, on se rend compte que les principales forces politiques de notre pays sont dans Bby. L’essentiel des forces politiques qui ont sculpté la vie nationale sont dans le Bennoo. Quand nous maintenons cela, nous resterons forts et solides ». Il a poursuivi : « si cela ne dépendait que de nous, Bennoo irait uni et solidaire aux élections à venir ».
Remous dans les partis de gauche
Interpellé sur les remous notés souvent dans les partis de gauche, Samba Sy a laissé entendre que ces crises peuvent se comprendre. « En réalité, le débat a toujours été vif dans les partis de gauche. Tant que le débat est interne, autour de l’orientation, il s’entend. Si maintenant le débat s’aplatit pour des intérêts crypto-personnels, il devient moins intéressant », a-t-il souligné. « Il ne faut pas avoir peur qu’il y ait débat, y compris dans les partis de gauche tant qu’il aide à prendre des décisions », a poursuivi le leader du pit. Maintenant, a précisé Samba Sy, « on ne peut pas être dans une organisation politique et avoir un point de vue et dire que mon point de vue n’étant pas passé, je considère que le parti n’a pas fait ce qu’il devrait faire. Si nous sommes des militants de la démocratie, nous devons admettre qu’un parti décide à partir de ses instances. Si votre point de vue n’a pas triomphé, il faut avoir la modestie de rester, parce que c’est une constitution collective qui permet d’aller de l’avant ».
Il a fait savoir que des remous ne peuvent affaiblir le Pit. « Nos racines sont profondément ancrées dans le sol. C’est pourquoi quelques épiphénomènes ne doivent pas faire asseoir que nous avons été divisés. Les instances que nous avons tenues confortent la ligne d’unité du parti. Par de-là les points de vue individuels, ce sont les progrès partagés, ce qui profite au grand nombre ».
Quid des critiques que le parti avait l’habitude de proférer contre les régimes, Samba Sy a insisté sur la prise en charge de la philosophie du parti. « Critiquer, c’est apprécier ce que l’on pense de quelque chose. Certains s’attendraient à ce que le Pit ait un point de vue dissonant. Que voulez-vous que nous disions à un président de la République dont la politique repose sur la justice sociale ? Que voulez-vous que nous disions à un président de la République qui nous dit : ce que je veux est que nous fassions attention aux démunies », s’est-il interrogé. Samba Sy a ajouté : « Que voulons-vous que nous répondions à un président de la République qui dit qu’il faut que nous restaurions l’équité territoriale et pensions à ces contrées où depuis longtemps, il n’y a ni eau, ni électricité, ni poste de santé. Que voulez-vous que nous répondions à un président de la République qui dit : prenons sur les ressources nationales et essayons d’en donner à ceux qui sont plus vulnérables. Quand un président agit comme cela, il est des nôtres. Le Pit est tout à fait à l’aise par rapport à sa position dans Bennoo Bokk Yaakaar ».
Présidentielle 2019
Samba Sy dit ne pas douter « un seul instant » de la réélection de Macky Sall. « Non seulement, je le pense, mais que je crois que l’avantage du président est de s’être entouré d’hommes de qualité. Je ne parle pas simplement des gens de ma formation politique, des grandes figures politiques nationales que vous connaissez, mais d’autres personnes qui sont convaincues qu’il faut asseoir ensemble les ressorts d’une action intelligente qui profiterait au grand nombre ». Pour lui, le bilan du président peut aider. « L’aspiration des humains est d’avoir plus et mieux. C’est dans la nature des hommes d’être un être des lointains. Tout ce qu’on a vécu cesse d’avoir de la magie pour nous. Nous sommes suffisamment lucides pour voir les pas que nous avons faits. Le pays est en train d’être métamorphosé ». Il a appelé les responsables de la mouvance présidentielle à l’unité. « Il faudrait que nos alliés de quelque parti politique qu’ils soient apprennent à distraire l’essentiel de l’accessoire. Ce qui est essentiel est le pays, ce qui est fait pour le peuple sénégalais. Si nous avons plus globalement cette philosophie en partage, ce serait beaucoup mieux pour Bennoo ».
Interrogé sur les alternances à la tête du Pit, Samba Sy a fait savoir que le parti fait jouer la démocratie. « Nous sommes l’un des rares partis à tenir un congrès à échéance régulière. En quelques décennies, de Seydou Cissokho, le parti est passé des mains d’Amath Dansokho. Ce dernier a passé le flambeau à Maguette Thiam. De Maguette Thiam, le flambeau a été passé à Samba Sy qui va faire son mandat de 5 ans », a-t-il rappelé. « Nous faisons jouer la démocratie. Nous avons besoin de toutes nos forces. Ce qui compte chez nous, c’est l’engagement militant. Certaines personnes d’un certain âge sont déterminées. Nous les mettons à contribution. D’autres sont plus jeunes. Nous les mettons également à contribution, parce que c’est la conjugaison des forces qui permet d’être optimal », a ajouté le leader du Pit.